Dans un entretien exclusif accordé à Jeune Afrique, Thomas Babissakana est apparu comme une voix singulière, prête à briser les non-dits de la politique camerounaise. Interviewé par Georges Dougueli, ce consultant de 59 ans a osé appeler publiquement Paul Biya à préparer sa retraite.
« Sincèrement, je ne me préoccupe pas d'être le premier ou le dernier », a-t-il déclaré dans Jeune Afrique. « Ce sont les discussions dans les organes et canaux officiels du RDPC qui semblent tabous et bloqués par les concepts de "candidat statutaire" ou de "candidat naturel" réservés au président national du RDPC. »
Il analyse le leadership de Biya comme étant en phase d'essoufflement. « La courbe d'évolution de l'expertise, de la compétence et de l'expérience d'un dirigeant a généralement la forme d'un "U" inversé », explique-t-il. « Ainsi, en bout de cycle, il y a obligatoirement une phase d'essoufflement et de déclin. »
Pour étayer son propos, il pointe plusieurs dysfonctionnements : « Le dernier congrès du RDPC date de septembre 2011, il y a presque 13 ans. Le bureau politique compte au moins cinq décédés et un condamné à une peine de prison de longue durée. »
Malgré cette critique, Babissakana reste optimiste. « Je suis convaincu que des chances existent qu'il choisisse un autre cadre du RDPC pour le porter à la présidence du parti », a-t-il conclu dans Jeune Afrique. « Les Camerounais souhaitent une transition douce. »