Face à la presse jeudi 6 juillet dernier à Douala, le président de la commission économique et du développement de l’entreprise du Gicam a mis en lumière ce qu’il considère comme des contrevérités et des non-dits et l’opacité qui entoure cette opération qui consacre la mort de la principale organisation patronale.
Depuis près de cinq mois, le cœur des affaires au Cameroun et l’actualité économique nationale bat au rythme du projet de fusion entre le Groupement inter-patronal du Cameroun, (Gicam) et Entreprises du Cameroun, (Ecam). Un projet pour lequel est viscéralement opposé Emmanuel Wafo, le président de la commission économique et du développement de l’entreprise du Gicam. Ces derniers mois, tout porte à croire que ces entreprises sont plus préoccupées par cette actualité qui a embarqué tout le monde que la rentabilité de leurs affaires. En effet, tout le monde, même ceux qui ne font pas partie de ces deux regroupements patronaux dont la fusion fait problème, attendent impatiemment la tenue de l’Assemblée générale ordinaire qui se tient ce 11 juillet et au cours de laquelle devrait se décider le sort final de cette fusion paraphée le 5 avril dernier. A en croire Emmanuel Wafo, tout a été fait pour qu’elle passe comme une lettre à la poste et que la fusion soit entérinée. Ceci en violation des règles et statuts de cette organisation patronale soutient le président directeur général de Mit Chimie. Face à la presse jeudi 6 juillet dernier à Douala, celui que l’on présente comme le chef de file de cette croisade anti-fusion réaffirmait toute sa détermination à faire échec à ce projet de fusion qui selon lui vise purement et simplement à faire disparaitre la principale organisation patronale au Cameroun. Selon Emmanuel Wafo, cet exercice médiatique qui fait suite à ses tribunes libres abondamment relayées dans les journaux locaux et internationaux et qui ont mis le feu aux poudres, s’inscrit dans sa volonté « de mettre à la disposition de l’opinion publique des faits et révéler au grand jour toutes les contrevérités et les non-dits de ce projet de fusion Gicam-Ecam ». Expliquant sa désapprobation à ce projet de fusion, Emmanuel Wafo se pose en défenseur du respect des règles éthiques et de gouvernance de cette organisation. « Notre opposition à ce projet ne vise ni plus ni moins que le respect de l’éthique, le respect des règles de gouvernance du Gicam. Le projet de fusion qui est soumis aux membres lors de cette assemblée générale ambitionne d’acter définitivement la dissolution du Gicam afin de créer un autre mouvement dont personne ne maitrise les contours à date », craint-il. Membre du Gicam depuis 2005, Emmanuel Wafo dit non à la dissolution du Gicam. « Le Gicam a 65 ans d’existence, le chemin jusqu’ici parcouru a été jonché des difficultés que les pères fondateurs et les générations actuelles ont su et pu relever grâce au travail acharné de tous. Des efforts qui ont permis à faire du Gicam plus qu’une organisation, une véritable institution dans l’environnement camerounais. Aujourd’hui, le Gicam est une marque, un patrimoine national. Le traité de fusion signé le 5 avril dernier qui s’est fait sans mandat de l’assemblée générale extraordinaire consacre explicitement la mort du Gicam sans toutefois présenter clairement une alternative. Il est fait référence dans ce traité qu’une nouvelle centrale patronale, une assemblée générale constitutive, de nouveaux statuts, une fusion création sans plus », révèle notre interlocuteur. D’après Emmanuel Wafo, les documents de la fusion reçus il y a seulement une semaine, le confortent dans sa position eu égard aux nombreuses incongruités qui y sont recensées et renforcent son opinion sur les raisons inavouées de cette fusion. « De mon point de vue, cette opération repose sur un tissu de mensonges dont le seul et unique but est de brader le patrimoine matériel et immatériel de notre maison commune », déplore-t-il. Le président de la commission économique et du développement de l’entreprise soutient l’idée selon laquelle cette opération est entreprise en violation des principes d’éthique et de droit. Car ; d’après les initiateurs de ce projet, la fusion devrait entraîner la modification des statuts du Gicam. Or d’après l’article 12 des statuts du Gicam fait-il observer, seule l’assemblée générale extraordinaire a compétence pour connaître de la modification des statuts. Alors que le traité de fusion avait signé le 5 avril dernier, aucune assemblée générale ne s’est tenue pour débattre du projet qui semble acté. Toute l’opération aurait été pilotée par le conseil d’administration dont les attributions sont clairement définies dans l’article 14 alinéa 4 des statuts du Gicam. « Il n’a aucune compétence en ce qui concerne la modification des statuts », dénonce-t-il.
Des procédures intentées
Alors que nous allions sous presse, Le Messager a appris que la justice a renvoyé les 5 procédures des quatre dissidents. L’assemblée générale extraordinaire du Gicam, apprend-on, pourrait bel et bien avoir lieu ce matin 11 juillet 2023 dès 9h. Il faut souligner que les cinq procédures intentées par Emmanuel Waffo et trois autres Pme, ont été évoquées hier 10 juillet 2023 devant diverses juridictions de Douala. La première, pendante devant le Tribunal de Grande Instance du Wouri, avait trait à l’annulation du Traité de fusion a été renvoyée au 14 aout 2023. Tout comme la seconde, pendante devant le même Tribunal a été renvoyée à la même date. Elle qui avait pour objet d’obtenir qu’il soit fait injonction au Président du Gicam et au Président d’ECam de s’abstenir de poser quelque acte que ce soit, tendant à la réalisation de la fusion. La troisième procédure, pendante devant le juge des référés du Tribunal de Première Instance de Bonanjo, et tendant au remplacement du commissaire à la fusion, a donné lieu à la décision dont la teneur suit : « Constatons que les rapports querellés font l’objet de procédures en nullité au Tpi… Nous déclarons incompétent à statuer au risque de préjudicier au fond ». La quatrième procédure, pendante devant le juge des référés du Tribunal de Première Instance de Bonanjo, et qui vise la suspension de la convocation de l’Ag du Gicam est aussi renvoyée à demain 11/07/2023 pour les conclusions du Conseil du Président du Gicam…….Ces quatre procédures ont toutes été initiées à la requête conjointe de First Transact International Services Company (Fisco Sarl) Société Camerounaise De Savonnerie (Scs Sarl), Société Fobs Ltd et Société Mit Chimie Sarl. « Nous prenons acte des décisions de ce jour qui ne sont qu’une étape. Le juge s'est déclaré incompétent parce que les rapports du commissaire à la fusion font l'objet de contestation devant le Tgi du Wouri. Le juge l'a fait pour ne pas porter préjudice à l'action au fond pendante devant le Tgi. Les autres procédures quant à elles ont été reportées. Nous respectons ces décisions. Nous pensons avoir fait ce qui était notre devoir pour le bien du Gicam et du patronat. Nous nous en remettons au bon sens et à la clairvoyance des adhérents et espérons toujours pouvoir sauver le Gicam de ceux qui veulent brader le patrimoine matériel et immatériel de notre maison commune. Nous réitérons notre objectif de défendre le respect de l’éthique et des règles de gouvernance au Gicam », affirme Emmanuel Wafo, Pdg Mit Chimie, Président de la commission Économique et du développement des entreprises du Gicam.