Actualités of Thursday, 31 October 2024

Source: www.camerounweb.com

Torture de Longue Longue : l’Etat de discrédite selon Célestin Bedzigui

Ce problème-là ne pourra se résoudre au niveau d’une enquête de service Ce problème-là ne pourra se résoudre au niveau d’une enquête de service

L’émotion populaire suscitée par ce spectacle intolérable a provoqué un flot de déclarations des figures publiques qui semblent avoir déterminé le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense à publier un communiqué annonçant l’ouverture d’une enquête pour identifier les auteurs de ces actes barbares.
Notre Parti est convaincu de ce que cette mesure ne peut être une solution au problème qui est mis à jour par cet épisode. En effet, l’initiative du ministre bien que louable pourrait n’avoir pour seul effet que d’occulter un problème d’une toute autre dimension. Ce problème-là ne pourra se résoudre au niveau d’une enquête de service car il s’agit d’un mal systémique profond dont le régime se sert depuis des années comme béquille ou comme instrument de confiscation du pouvoir en distillant une atmosphère de terreur sournoise. N’entend-t-on pas répéter par les uns et les autres : « je veux voir grandir mes enfants »? Quelle est donc la raison de cet effroi secret porté par les citoyens?

C’est la conscience de la culture de brutalités et des sévices corporels envers les citoyens qui caractérise le comportement de nos Forces de défense et de sécurité (FDS) depuis les années tourmentées de l’indépendance, culture se traduisant par la banalisation de la torture parfois jusqu’à ce que mort s’ensuive, quelquefois même d’exécutions sommaires, pratiques courantes dans les commissariats, les postes de gendarmerie, les lieux de détention de certains services qu’on sait plutôt être spécialisés dans le renseignement, toute chose que le régime qui a les rênes du pouvoir depuis ces temps lointains, par l’impunité manifeste, non seulement tolère mais, à certains égards, semble encourager.

Ce mal a traversé des décennies et devient chaque année plus virulent, plus arrogant, plus entreprenant dans le mal, dans ses manifestations dont certaines peuvent être citées. Qui ne se souvient pas des « disparus de Bepanda », une dizaine d’adolescents interpellés dans un quartier de Douala par la gendarmerie à la suite d’une plainte relative au vol présumé d’une bouteille de gaz, qui ont été torturés et portés disparus jusqu’à ce jour, 30 ans plus tard. En 1990, huit ans après l’accession au pouvoir du Président Biya, Me Yondo Black, Ekane Anicet et autres, accusés d’avoir eu l’intention de créer un parti politique avaient été arrêtés et transférés à Yaoundé dans un centre de torture hérité de l’ère de son mentor et qui n’avait pas été fermé en dépit des proclamations d’instauration de la démocratie. Au Tribunal, Ekane Anicet enlèvera sa chemise pour montrer à l’assistance les traces des tortures qui lui avaient infligée pendant sa détention.