Actualités of Tuesday, 4 February 2025

Source: www.camerounweb.com

Tragédie dans le NOSO : Stanley, 17 ans, victime d'un système corrompu

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Un nouveau drame vient de mettre en lumière la brutalité du conflit dans les régions anglophones du Cameroun. Stanley, un adolescent de 17 ans, a été abattu par les forces de sécurité camerounaises, simplement parce qu'il ne pouvait pas verser un pot-de-vin de 10 000 francs CFA aux points de contrôle militaires.

Ce énième événement tragique illustre la violence systémique qui gangrène le conflit dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun. Depuis 2017, ces régions vivent un conflit armé opposant les séparatistes anglophones aux forces gouvernementales, avec des conséquences dévastatrices pour les populations civiles.

Les origines de ce conflit remontent aux tensions historiques entre les communautés francophones et anglophones du Cameroun. Après la colonisation, l'intégration des territoires anglophones dans un État majoritairement francophone a créé des frustrations profondes. Les populations anglophones, représentant environ 20% de la population camerounaise, se sentent marginalisées politiquement, économiquement et culturellement.

En 2017, des avocats et des enseignants ont initié des manifestations pacifiques pour dénoncer la discrimination linguistique et juridique. La répression violente de ces mouvements a progressivement conduit à la radicalisation de certains groupes séparatistes, réclamant l'indépendance des régions anglophones sous le nom d'Ambazonie.

Le bilan humain est catastrophique. Plus de 6 000 personnes ont perdu la vie, avec des milliers de déplacés internes et de réfugiés. Les violations des droits humains sont documentées par plusieurs organisations internationales : exécutions sommaires, enlèvements, destructions de villages, recrutement d'enfants soldats.

Le cas de Stanley révèle un autre visage de ce conflit : la corruption généralisée. Les jeunes sont confrontés à un système où leur vie ne vaut que quelques milliers de francs, où le passage aux points de contrôle devient un parcours du combattant mortel.

Le gouvernement camerounais, sous la présidence de Paul Biya, maintient une stratégie militaire répressive, rejetant toute négociation substantielle avec les leaders séparatistes. Les appels à la médiation internationale restent lettre morte.

La communauté internationale, bien que consciente de la situation, demeure largement spectatrice. L'ONU et les organisations de droits humains publient des rapports, mais sans réelle pression pour une résolution pacifique.

Stanley n'est pas un cas isolé. Il incarne la génération sacrifiée de ce conflit oublié, où la vie humaine semble n'avoir aucune valeur face aux logiques de guerre et de profit.