Actualités of Tuesday, 24 November 2015

Source: carmer.be

Transport en commun : Yaoundé pris en otage par les transporteurs et les étudiants

CAMEROUN :: Transport en commun : Yaoundé pris en otage par les transporteurs et les étudiants :: CAMEROONLes conducteurs d’autobus exerçant sur l’axe routier qui mène dans la ville universitaire de Soa ont organisé une grève au lieu dit « Camair » hier.

Les faits

Il était sept heures et quart lorsque débute exactement le mouvement d’humeur qui a rassemblé plus de mille étudiants à la gare voyageurs de Soa hier. Cet espace de départ pour les cars se trouve à quelques encablures du siège de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), à Yaoundé. C’est à quelques mètres du rond point de la Poste centrale que les étudiants de l’Université de Yaoundé II-Soa ont commencé à manifester leur mécontentement dû à l’absence des véhicules de transport en commun qu’ils ont coutume d’emprunter pour aller dans leur université d’accueil. Une situation qui frisait l’émeute. Il n’aura pas fallu plus d’une vingtaine de minutes pour voir arriver une pluie de policiers qui ne demandaient qu’à neutraliser les potentiels fauteurs de trouble. Les étudiants brandissent des bouts de papier sur lesquels on peut lire : «Je suis étudiant à Soa, permettez moi d’aller à l’école» ; «Nous voulons des cars et non des bus», ou encore :«Les étudiants de Soa sont négligés, nous avons des droits».

A l’origine de la manifestation d’hier en plein centre-ville de la capitale, l’absence de cars de transport pour Soa, une banlieue de Yaoundé. Un arrêté conjoint du ministère des Transports et ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation organisant un comité national de lutte contre le transport clandestin a été rendu public, avec effet immédiat sur l’ensemble du territoire national, apprend-on dans les colonnes du quotidien gouvernemental Cameroon tribune n°10971 du lundi 16 novembre 2015.

En début de semaine dernière, dans un contrôle routier, un transporteur a été dépossédé de son véhicule, alors que ce dernier était en possession d’un permis de conduire, une carte d’identité nationale, une carte grise, une assurance, une vignette, un impôt libératoire, un stationnement, une carte bleue, ainsi que d’une visite technique ; des documents exigés par l’ancien ministre des Transports, Robert Nkili. «Pourquoi les taximen veulent organiser notre secteur d’activités ? Après la mise en scène du représentant du gouverneur chargé des affaires juridiques et administratives, nous avons mis notre projet de grève à exécution. Toutes nos revendications sont restées lettres mortes. Pourtant, nous avons aussi des familles à nourrir. Pourquoi devons-nous toujours en arriver là pour nous faire entendre ?», s’indigne Joseph Fotsing, président du pôle des transporteurs de Mokolo-Mbogdjoum (Institut catholique de Nkol-Bisson).

Récupération

Les autorités ont commencé à arriver sur les lieux du mouvement de grève des transporteurs autour de 09 heures. Le ministre de l’Enseignement supérieur (Minesup), Jacques Fame Ndongo était le premier. Une fois sur les lieux, il s’est rapproché des responsables de ce Syndicat national des chauffeurs de transport périurbain et rural du Cameroun (Synctrapurcam) pour comprendre la raison de cette agitation. Entouré voire pressé par des étudiants très bruyants, Prosper Essomba fait savoir au Minesup que, «nous avons déposé un avis de grève auprès de toutes les autorités compétentes et ces dernières ont fait la sourde oreille. Le représentant du gouverneur chargé des affaires juridiques et administratives nous a tournés en bourrique vendredi et samedi derniers. L’arrangement qu’il nous proposait était pratiquement une moquerie, d’où notre réaction». Entre le siège de la compagnie aérienne nationale et le carrefour Elig-Essono à Yaoundé, la circulation est quasi-impossible. Les voitures circulent à pas de tortue. Les policiers essayent en vain de rendre la circulation fluide. Au fil des minutes qui passent, étudiants, hommes de médias et observateurs augmentent sans cesse. Un camion plein de gendarmes fait son entrée dans les méandres de ce désordre. Ce dernier est précédé par le préfet du Mfoundi, Jean Claude Tsila. Les cop’s de Soa scandent constamment : «On veut aller faire cours et nous sommes en retard».

Pour les étudiants, c’est une opportunité de dire au Minesup, qu’ils jugent peu accesible, plus d’une chose. Tenant en mains une photocopie de la quittance de paiement de la carte d’étudiant dont le montant est de 2.000 Fcfa, un étudiant déclare : « Excellence, pourquoi devons-nous payer la carte d’étudiant ? Venez vous-mêmes vérifier à Soa. Nous n’avons pas de toilettes. Il y a des problèmes avec la prime d’excellence, parce qu’il y a des noms qui reviennent constamment alors que certains ne l’ont jamais reçue ». Jacques Fame Ndongo, qui exhorte les étudiants à garder leur calme, leur annonce que pour le moment, «il n’y a plus de soucis de transport, les cars arrivent. Votre déplacement est gratuit et est assuré aujourd’hui (hier, ndlr) par le recteur de l’Université de Yaoundé II qui est en chemin. Les examens sont aussi reportés à une date ultérieure».

Le recteur de l’Université de Yaoundé II Soa, Ibrahima Adamou, est arrivé quelques minutes après le préfet du Mfoundi. Une petite concertation s’en est suivie, ainsi que l’arrivée des cars de transport. Sauf qu’au lieu de la gratuité dont parlait le Minesup, chaque étudiant devait s’acquitter de la somme de 100 Fcfa pour se rendre à Soa. Le transport des étudiants s’est fait progressivement sous la houlette de ce parterre de hauts commis de l’Etat, jusqu’à midi.