Actualités of Thursday, 5 May 2022

Source: www.camerounweb.com

Tribalisme et clientélisme politique : quand Maurice Kamto tire de nouveau sur la sonnette d’alarme

Le leader du MRC averti sur la montée du tribalisme dans notre pays Le leader du MRC averti sur la montée du tribalisme dans notre pays

Dans son ouvrage « L’urgence de la pensée » décrypté ici par Actu Cameroun, le président national du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) averti sur la montée du tribalisme dans notre pays.

« L’ethnisme, ou le tribalisme, naît, soit d’une volonté d’affirmation conquérante par la négation des autres, soit d’une volonté de se sauver de l’anéantissement par une réaction de défense qui elle-même peut se muer en une volonté de conquête. Il est conscience aiguë d’une identité exaltée ou d’une existence contestée. A l’échelle des pays africains, il se manifeste généralement comme la réaction d’une communauté socio-culturelle contre l’hostilité affichée d’une autre communauté ethnique, contre une volonté exprimée ou une tentative manifeste d’anéantissement par un pouvoir d’obédience ethnique », explique le leader politique dans « L’urgence de la pensée ».

Toujours selon le media, pour le président national du Mrc, le sentiment d’exclusion assure en l’occurrence une fonction « idéologique » de rassemblement et de mobilisation par laquelle le tribalisme ou l’ethnisme s’introduit dans la sphère politique. « Il apparaît alors comme une prise de conscience de la capacité d’influence d’une communauté socio-culturelle sur le jeu politique ainsi que de son poids dans l’équilibre politique global de la société ».

« Il prend alors la forme d’une stratégie collective de participation intégrale à la vie politique de la nation à la faveur de politiques d’équilibre ethnique en Afrique de ce phénomène fort ancien qui tient lieu dans bien des cas de doctrine de gouvernement, suscite des solidarités d’occasion et favorise le clientélisme politique. C’est l’agression extérieure qui renforce donc le sentiment et la cohésion ethniques ».

« La haine de l’Autre ou des Autres exprimée quotidiennement sur la place du marché ou à travers la tribalisation administrative et politique crée la conscience du danger et le développement collectif de survie du groupe. Le repliement sur soi est ici volonté d’exister, l’ethnie se cabre pour ne pas mourir. Elle se constitue en groupe de défense identitaire, en groupe d’auto-défense lorsqu’elle est ou parce qu’elle est menacée dans son existence physique et/ou culturelle », peut-on lire à la page 152 et 153.

Tribalisme au Cameroun : Maurice Kamto avait tout prédit

Ces derniers jours, le débat sur le tribalisme refait surface au Cameroun à la suite de la curieuse sortie du Secrétaire générale de la Présidence de la République Ferdinand Ngoh Ngoh. Le débat déchaine les passions. Chaque jour, les activistes et lanceurs d’alerte crève l’abcès. Mais les hommes politiques ne sont pas du reste. Mais il y a plusieurs années, Maurice Kamto en intellectuel avait donné son avis sur le sujet du tribalisme. C’est dans son ouvrage L'urgence de la pensée, une réflexion à une précondition du développement en Afrique.

« Le plus dur reste à faire: prendre toutes ces bastilles qui peuplent nos têtes, car nous n’avons cessé d’être les fossoyeurs de nos propres espérances.
Voici ce qu’il en pense :


« Contre le tribalisme ou l'ethnisme, le seul adversaire authentique c'est le démocrate, c'est-à-dire celui qui accepte le pluralisme sous tous ses aspects, qui sait que des formations socio-culturelles différentes peuvent coexister sans vouloir la mort les unes des autres, sans vouloir l'éclatement de la nation ; en s'enrichissant mutuellement en travaillant ensemble à la réalisation d'un destin que le hasard de l'histoire a voulu qu'il fût commun.

Car nous devons reconnaître qu'il n'y a pas d'ethnie génétiquement tarée ou mauvaise, ni d'ethnie congénitalement parfaite ou bonne. Il n'y a pas que des individus crapules ou honnêtes, paresseux ou travailleurs. Chaque groupe socio-culturel contient ce qu'il a de meilleurs et de pire parmi les humains. Le reste est question de repère culturel. Une fois qu'on l'a compris, la coexistence devient facile car il n'est plus question alors que de l'aménagement des différences. Il est cependant possible que certaines cultures soient plus aptes que d'autres à produire la modernité, à générer le progrès et le développement. Mais il s'agit là d'un autre débat. » In L'urgence de la pensée, page 156
Lu pour vous par Jean Bonheur Résistant 1er SÉIDE de KAMTO