Vivre ensemble ou mourir bête. Le Cameroun survole une nouvelle zone de turbulence. Une de plus. Celle des « discours de haine ». Alors même que les autres n’ont pas encore été franchies. Et ne le serons pas de sitôt. Du coup, c’est chacun qui s’exclame à travers la fameuse expression locale : « On va arriver ? ». Restons positifs et optimistes. Disons le haut et fort, à l’unisson : « Oui on va arriver ! ».
Il faudrait pour cela que chacun, individuellement, fournisse des efforts quasi surnaturels, car la vie nous réserve toujours des surprises, qui ne devraient plus nous surprendre. Ne nous voilons pas le faciès. Sachons affronter la réalité. L’Afrique en général et le Cameroun en particulier sont sous l’emprise d’une nouvelle forme de colonisation occidentale, via les outils de communication qu’elle nous impose.
Notamment la télévision et surtout les réseaux sociaux. Tous aussi violents que les armes de dernière génération. La facilité dévastatrice et l’aisance malsaine avec lesquelles ces discours dits « de haine » se propagent, montre à suffisance, que la notion de « vivre-ensemble » s’apparente plus à un slogan purement et simplement fantasmagorique. Histoire de brouiller les pistes de l’intelligentsia.
Tenez : nonobstant les « efforts » des gouvernements occidentaux contre le racisme, le phénomène n’a jamais été éradiqué du quotidien dans ces pays dits « développés ». Et dans tous les secteurs de la vie publique. Venant parfois des personnalités les plus insoupçonnées. En public elles sont les plus saines, les plus hospitalières, mais en privée, ce sont d’autres personnes. On découvre leur vraie nature grâce à une caméra cachée, proférant des propos racistes, le buzz sur les réseaux sociaux assuré.
Le racisme, de par le monde, surtout en direction des Noirs, qu’il soit réprimandé ou non par la loi, ne disparaitra jamais. Il peut être latent, mais jamais absent. On ne s’en sépare pas. Tel son ADN. Le pire c’est que la transmission de cette maladie incurable est génétique. De génération en génération. Même avec des enfants métis qui, pour bon nombre, donnent le sentiment profond de se sentir plus « blanc » que « noir ». Au point parfois de renier cette « couleur sombre ».
Si le racisme a une peau aussi dure, serait-ce la même chose pour le tribalisme ? Il faut bien croire que non. Et pourtant nous n’en sommes pas si éloignés. Il est par conséquent de bon ton de se demander : d’où viennent ces « discours de haine » ? Quelles en sont les causes ? Pourquoi maintenant ? Jusqu’où ira la gangrène ?
Autant de questions et bien d’autres qui rendent la vie au Cameroun de plus en plus amère, insipide, incohérente, dégingandée, et dépourvue de toute humanité digne de ce nom. Qui de nous n’a pas dans sa famille une belle-sœur, un beau-frère, un neveu, une nièce, un beau-fils, une belle-fille, un beau-père ou une belle- mère... qui ne soient pas de son village, de sa région ? Bien malin celui qui lèvera la phalange.
Preuve s’il en était encore besoin que l’épais nuage du tribalisme et de la haine qui semble couvrir le Cameroun vient d’ailleurs. Chaque citoyen lambda a sa lecture sur cette problématique. Les spécialistes des questions sociales ont la leur. Les chefs traditionnels, garants de nos identités culturelles ne sont pas en reste. Personne. Pas même le gouvernement, malgré ses rappels à l’ordre, n’a un avis susceptible de faire l’unanimité, sur les racines de ce mal grandissant.
Chaque avis compte. A condition de ne stigmatiser aucune communauté, sans oublier la protection des minorités. Le Cameroun appartient à tous les Camerounais. Chacun doit se sentir chez lui partout où il se trouve. Entièrement d’accord. Mais pas dans l’anarchie, la désinvolture, l’incivisme, la cacophonie et tous ces fléaux qui minent la société camerounaise dans sa globalité. Favorisant par la même occasion des sempiternelles frustrations, qu’on peut pourtant éviter.
Il est donc urgent de continuer à renforcer ce « vivre-ensemble » au risque de précipiter notre déchéance, n’ayant pas compris que c’est en étant soudés et unis que la victoire est plus proche. Comment comprendre que nous soyons déjà victimes de racisme, et qu’en même temps nous trouvons le moyen de s’entretuer pour la simple et foutue raison, que nous ne sommes pas de la même communauté ? Croyons-le ou pas, mais ce sont les occidentaux qui s’en lèchent les babines.
Se disant : « Ce n’est pas étonnant. Ces noirs sont toujours aussi primitifs ».
Et du coup, à défaut de vivre ensemble dans l’harmonie, la joie, la sympathie, la fraternité tant célébrée en Afrique et au Cameroun, on est appelé à mourir bête, comme cela arrive encore dans plusieurs pays africains. A se demander si l’Afrique est vraiment le berceau de l’humanité ou de la bestialité.
Malgré le climat sociétal délétère qui fragilise le Cameroun du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest. Il est plus qu’impératif de bannir toute forme de rivalités tribales. Partant du paradigme selon lequel les premiers acteurs du développement de toute communauté dans notre contexte, sont les « autochtones », et non les « halogènes », serait-ce possible d’envisager une « grande Assemblée générale » de tous les chefs traditionnels du Cameroun avec à leurs côtés des experts sur divers aspects des questions identitaires pour un début de solution? Wait en see.