Sauf contretemps, Gilbert TsimiEvouna devrait faire face à la justice de son pays dans les prochains jours. L’inamovible édile de la capitale camerounaise est attendu au Tribunal criminel spécial (Tcs) pour y répondre des faits d’affairisme, des détournements de deniers publics et autres pratiques inavouables.
Mis à mal dans un dossier lié à la gestion financière et foncière du programme Agropoles, selon des indiscrétions recueillies à l’hôtel de ville de Yaoundé, le patron de la Cuy aurait désormais le sommeil léger.
C’est le cas effectivement de le penser, si l’on s’en tient à la tournure des choses au Tcs. De ce côté, contrairement à Émile Zéphirin Nsoga (présenté comme son protecteur), il se chuchote que le nouveau procureur général, Justine Aimée Ngounou Tchakountio aurait mis un accent particulier sur ce dossier consistant. De ce qui filtre de cette juridiction, malgré les apparences, en sa qualité d’administrateur de la société nationale des investissements (Sni), celui que certains surnomment «Jack Bauer» devra finalement, au même titre que Yaou Aïssatou et Dieudonné Evou Mekou, faire l’objet d’auditions devant la même Cour.
Le non moins trésorier du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, parti au pouvoir) aura donc fort à faire avec les fins limiers du Tribunal criminel spécial (Tcs), déterminé à tirer au clair les soupçons de tripatouillages contenus dans une lettre de dénonciation d’un partenaire dans le cadre du Programme de reconversion économique de la filière banane plantain (Prebap), officiellement lancé le 31 décembre 2004. Passons.
Tourmentes. La justice pourrait bien ennuyer le super-maire sur un autre dossier douteux. Celui de National.Com, une entreprise dirigée par son fils, Jacques Philippe Manga Tsimi, et qui a pour principal client la Cuy. À l’époque, les magistrats du Tcs n’avaient pas réussi à établir la vérité sur cette société créée en fin décembre 2011, qui a réalisé un chiffre d’affaires consolidé de 1.202.254.843 francs, dont 377.123.341 francs, rien qu’en 2012.
Selon les connaisseurs du dossier, cette structure spécialisée dans les activités de publicité et de régie publicitaire, de communication, de travaux publics, de génie civil, de commerce général, de sérigraphie, d’infirmerie et autres prestations de services n’est autre qu’une pompe à finances n’hésitant pas à user du matériel, voire du personnel de la Cuy.
Pour sa branche régie publicitaire, National.Com a le quasi-monopole de l’affichage des grands annonceurs dans l’espace public artificiel de la capitale avec un portefeuille de 64 annonceurs. Il a établi son siège et son magasin à Nkolbisson, dans des bâtiments appartenant au successeur de Nicolas Amougou Noma et qui abritent également le Projet d'assainissement de Yaoundé (Pady), une agence de la Cameroon Telecommunications (Camtel) ainsi que la mairie du VIIe arrondissement.
Le loyer annuel, soit 4,8 millions de francs, apprend-on, tombe naturellement dans le bas de laine du super-maire. Sur le plan des dividendes distribués lors de l’assemblée générale du 28 septembre 2012, le même, dans une rubrique intitulée «part du gestionnaire», a touché 60 millions de francs entre 2007 et 2011. En somme, la société semble être finalement la face visible des grosses affaires de M. Tsimi Evouna et des siens à la Communauté urbaine de Yaoundé.
Du coup, dans les salons cossus, il n’est pas rare d’entendre que la descente aux enfers de «homme sec» est imminente, quand bien même il ne cesse de clamer à qui veut l’entendre que nul ne peut s’engager à embrigader une personnalité de sa trempe et de son âge.
Selon nos informations, l’état de grâce de celui qui a la réputation de maître-casseur spécialisé dans les déguerpissements musclés de pauvres hères finira par céder face aux preuves accablantes rassemblées contre lui. Pour dire que les jours qui suivent seront riches en rebondissements du côté du Tcs avec toutes les ramifications de l'affaire Agropoles.