Anicet Ekane et trois autres membres ont été suspendus au terme d’une réunion du CNC de ce parti politique d’opposition, tenue le 29 juillet dernier à Mbankomo. Une assise jugée illégale par les membres proches d’Anicet Ekane.
Selon le compte rendu du Comité national de Coordination (Cnc) du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem), la réunion qui s’est tenue le 29 juillet dernier à Mbankomo, dans la région du Centre, a été convoquée par le Secrétaire général du parti, Jean Benoît Mevoa. Cette session présidée par Dikoume Mbonjo, secrétaire à l’organisation, a adopté 7 résolutions, donc la principale (4ème) porte révocation d’Anicet Ekane de ses fonctions de secrétaire à la formation, de son exclusion du secrétariat, du bureau politique et du Cnc du Manidem. Il est accusé d’avoir commis des actes de nature à ternir l’image du parti, de détournement du virement bancaire en sa faveur, de la tenue d’une réunion clandestine et de son refus à apporter des explications.
Comme lui, Jean Baptiste Ketchanteng, Charles Cacharel Nforgang Ngah et Bedimo Kouo subissent le même sort et sont interdit de toutes activités du parti jusqu’au 31 janvier 2018 pour comportement irresponsable. Ces informations ont été restituées par le président national de ce parti politique élu en 2015, Dieudonné Yebga, mardi 1er août 2017 à Douala. En effet, la conférence de presse annoncée par ce dernier dans un hôtel à Douala pour restituer ces résolutions, a été annulée par le sous-préfet Douala 1er, pour des raisons sécuritaires. A l’heure indiquée, l’hôtel a été assiégé par les forces de maintien de l’ordre.
« Monsieur Ekane Anicet a fait opposition à la conférence de presse. Il est dérangé par le contenu des résolutions prises à Mbankomo. Nous allons continuer avec les procédures administratives et même judiciaires. Je suis le président du Manidem jusqu’au prochain congrès prévu en 2018. Le Manidem a des statuts et des règlements intérieurs. On a des instances pour désigner le président, ça ne se décide pas comme dans un royaume. C’est un problème qui dure début deux ans, et on a jamais trouvé de solution », souligne Dieudonné Yebga.
Qui dirige le Manidem ?
A la permanence de ce parti politique représenté lors de la dernière élection présidentielle par Anicet Ekane, les activités ont suivi leur cours normal durant cette journée. La conférence de presse annoncée par Dieudonné Yebga n’est pas l’ordre du jour, tout comme la rencontre de Mbankomo, jugée clandestine, pour la simple raison qu’il a été exclu du Manidem. Le Manidem, apprend -on, est désormais conduit par un Comité de réorganisation chargé de gérer le parti en attendant l’organisation d’une réunion avant fin août, pour statuer sur les nouvelles directives du parti. « Je dirai sans ambages que Dieudonné Yebga n’est plus président du bureau politique du Manidem. Un groupe de cadre du parti, et c’est la majorité, a décidé de continuer le travail dans le parti sans ce dernier, ayant fait le constat selon lequel, depuis son élection au dernier congrès en 2015, il n’a rien fait pour faire avancer le parti. Il donnait l’impression au quotidien qu’il ne comprenait pas bien la mission qu’on lui avait confiée. Il avait plutôt besoin qu’on renforce ses prérogatives de président pour être comme ces présidents des autres partis que nous décrions », explique Bedimo Kouo, membre du Comité de réorganisation.
Aucune note officielle ne soutient la création de ce Comité de réorganisation de près de 15 cadres, qui gère désormais le parti. « Nous n’avons pas eu besoin de réunion spécifique pour prendre ces décisions. Le constat a été fait au quotidien et nous avons décidé que nous n’avons plus besoin de lui comme président. Il y aura réorganisation de la direction du parti, mais le parti n’a pas encore fait une déclaration officielle. On retient que la majorité des cadres du parti continuent à travailler, ayant constaté que le président voulait entraîner le parti dans la léthargie, en s’appuyant sur un petit groupe de camarade qui attaquent individuellement les autres membres », dit-il.
Une guerre de leadership fréquente
Si cette guerre intestine dure depuis plusieurs mois, elle a éclaté il y a une semaine à l’annonce d’une conférence de presse par la cellule de communication de ce parti politique, pour condamner le retour du Cameroun au Fmi. Une initiative désavouée par le président national vomi par ses électeurs d’hier. Mais, c’est la énième fois que le Manidem connait des querelles de leadership. On se souvient qu’en 2010, Banda Kani ainsi que 5 autres membres avaient démissionné à l’issue d’un différend au sein du parti. L’instance dirigeante l’avait invité déjà à quitter ses fonctions de président cinq mois plus tôt, l’accusant de la gravité extrême de ses déclarations mensongères et outrageantes dans les médias.
A l’époque des faits, Banda Kani, était le deuxième président que ce parti a perdu par coup de force politique intérieur parce qu’il a voulu apporter des réformes. Un an avant lui, Anicet Ekani, un autre ancien président, avait décidé de jeter l’éponge. On lui reprochait sa complicité avec le pouvoir en place. En 2017, le même scénario semble se reproduire, et curieusement à la veille des échéances électorales, notamment l’élection présidentielle 2018, pendant laquelle Anicet Ekane, accusé de faire ombrage au président élu et de parfois tirer les ficèles dans l’ombre, a toujours été le porte étendard du parti. Le Comité de réorganisation du Manidem doit trouver un autre président, si Dieudonné Yebga, successeur de Pierre Abanda Kpama, décédé le 30 janvier 2014, venait à abandonner la partie.