• Plusieurs militants du MRC sont condamnés à de lourdes peines d'emprisonnement
• La présidente nationale des femmes du MRC condamnée à 7 ans de prison
• Les prisonniers du MRC pourraient servir de monnaie d’échange dans les prochains jours
C'est un moment apocalyptique que vivent certains militants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC). Après Olivier Bibou Nissack et Le Prof Alain Fogué condamnés chacun à 7 ans de prison, c'est au tour de la présidente nationale des femmes du parti, Awasum Mispa d'écoper de la même peine d'emprisonnement.
En effet, ce mardi 28 décembre 2021, le Tribunal militaire de Yaoundé a décidé de condamner à 7 ans d’emprisonnement ferme, Mispa Awasum. Elle avait été placée en détention en fin de soirée du lundi 23 novembre 2020 par le juge d’instruction du Tribunal Militaire de Yaoundé, Antoine Fackwi, pour « complicité de révolution et rébellion ». Le même motif lui a valu mandat de détention provisoire pour une durée renouvelable de six mois.
Il faut souligner que, tout juste après le verdict, la secrétaire nationale en charge de la femme, de l’enfant et des affaires sociales du Mouvement pour le Renaissance du Cameroun, Marie Flore Mboussi a appelé à la libération des prisonniers politiques.
'LES PRISONNIERS DU MRC POURRAIENT SERVIR DE MONNAIE D’ECHANGE DANS LES PROCHAINS JOURS'
Dans une tribune publiée il y a quelques heures, suite à la condamnation de Bibou Nissack, Alain Fogue et autres militants du MRC, le journaliste politique Boris Bertolt voit dans le maintien en prison de ces opposants politiques, une monnaie d'échange que le régime de Yaoundé conservera bien dans des négociations à venir avec la communauté internationale. Une analyse que la rédaction de CamerounWeb vous propose.
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"Le tribunal militaire de Yaoundé a condamné ce jour les militants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) emprisonnés dans le cadre des marches pacifiques du 22 septembre 2020.
Les détails des condamnations ne sont pas encore connus. Mais l’on sait déjà que le trésorier national du MRC, Alain Fogue et le porte-parole de Maurice Kamto, Olivier Bibou Nissack ont écopé chacun de sept ans d’emprisonnement ferme. Ainsi qu’un certain Djoufo Ngabo. Quatre personnes ont écopé d’un an de prison et la trentaine de personne restante s’en sort avec des peines oscillant entre 5 et 6 ans.
Le tribunal ayant prononcé ces condamnations était composé des personnes suivantes : Président : Colonel Misse Njone Jacques Baudouin : Membres : Ngouongue Solange et Fentchou Tabopda Gabriel : Représentants du ministère public : Belinga Cerlin et le lieutenant Nchintouo ; Greffiers audienciers : Evi Mebenga Joachim et Abah Eric Pierre.
Ces condamnations interviennent après une série de condamnations à Douala d’autres militants d’une MRC qui avaient également été arrêtés le 20 septembre 2020 pendant les marches pacifiques. Cependant, pour ce qui est par exemple d’Alain Fogue, ce dernier a été arrêté la veille au domicile de Maurice Kamto. Il n’a donc pas pris part aux marches pacifiques. S’agissant de Bibou Nissack, il a été arrêté à son domicile.
A travers cette sentence, le pouvoir de Yaoundé tient à envoyer un message fort face aux velléités de manifestations pendant la CAN 2022 pour la libération des prisonniers politiques dans le cadre de la campagne lancée par Maurice Kamto. Elle s’inscrit dès lors dans un premier temps dans une logique de dissuasion à l’attention des potentiels manifestants. Mais, il s’agit également de couper encore pour longtemps Maurice Kamto de deux hommes clés de sa stratégie de conquête du pouvoir à savoir Alain Fogue considéré comme «le faucon» et le porte-parole, Bibou Nissack dont le projet de neutralisation a pendant longtemps été dans les tiroirs de Yaoundé.
S’ils devaient purgé entièrement leurs peines, ils seraient inéluctablement absents des prochaines compétitions électorales à savoir les législatives et municipales de 2025, ainsi que la présidentielle qui devrait se tenir la même année à moins qu’elle soit anticipée.
Mais, il y a également un calcul encore plus cynique. Le maintien en détention de ces militants du MRC pourrait constituer à l’avenir une monnaie d’échange dans les négociations avec les partenaires du Cameroun.
Paul Biya adore avoir plusieurs cartes entre les mains afin de se livrer à l’une de ses plus grandes passions : la manipulation. Y compris des occidentaux pour faire aboutir ses propres projets et ambitions. Les prisonniers du MRC pourraient servir de monnaie d’échange dans les prochains jours, mois ou années avec en contrepartie une commutation des peines. Mais la question qui trotte ce soir dans la tête de toute observatoire de la scène politique camerounaise est plutôt : que fera Maurice Kamto ? "