Le parti des Verts et le parti libéral (FDP) étaient à l'origine, (jeudi 11 octobre) d'une séance d'échanges au parlement à Berlin. A cette occasion, le gouvernement allemand a été accusé de laisser pourrir la situation dans les provinces anglophones du Cameroun. Mais les députés ont aussi souligné la responsabilité du pouvoir camerounais.
Des décennies de corruption
Les députés allemands, toutes tendances confondues, ont une lecture unanime de la situation au Cameroun : les décennies de mauvaise gouvernance ont, d'après eux, permis au président camerounais Paul Biya et son entourage de s'enrichir et semer les germes de la contestation actuelle dans les provinces anglophones du pays.
Pour le député du parti des Verts, Uwe Kekeritz, le gouvernement allemand a mal agi en poursuivant sa coopération au lieu de vite prendre la mesure de la situation. Très engagé en faveur de l'Afrique, Uwe Kekeritz affirme dans une interview à la DW s'informer régulièrement des développements de la crise au Cameroun et indique avoir interpellé le gouvernement "à plusieurs reprises" mais que celui-ci a "chaque fois nié qu'il existe une crise au Cameroun." C'est pourquoi, dit-il, "je me demande dans quelle mesure le gouvernement prend au sérieux ces événements !"
Des critiques sévères contre l'exécutif de Berlin
Le parti populiste AfD accuse l'exécutif allemand d'avoir approuvé malgré tout une aide financière de 100 millions d'euros sur la période 2017-2019 pour le Cameroun, sans égard à l'échec de la coopération avec ce pays.
Pire, le député vert Uwe Kekeritz évoque un appui qui aurait été planifié en faveur de l'appareil sécuritaire camerounais. Sans donner plus de détails, le député assure qu'il est surtout "question de formation de soldats. Et c'était planifié pour 2020-2021. Et du fait de notre réaction, ce plan est pour l'instant retiré. C'est-à-dire que pour l'instant, l'Allemagne et l'Europe ne vont pas exécuter ce plan de formation."
Mais cette accusation est balayée par le camp conservateur au pouvoir, tout comme les critiques faisant état d'inaction de l'Allemagne en matière de prévention des conflits en Afrique. Pour Thorsten Frei, député du parti CDU (Union chrétienne démocrate de la chancelière Angela Merkel), "les moyens en faveur de la prévention de crise ont connu depuis 2005 (année où la CDU d'Angela Merkel est arrivée au pouvoir, ndlr) une augmentation de 25%. Il est donc absurde de soutenir que les gouvernements successifs n'ont rien fait dans ce domaine."
Pour une médiation au Cameroun
Comment faire donc face à l'escalade qui se dessine au Cameroun ? Le parti des Verts et les libéraux ont soumis chacun une proposition qui se résume à demander une médiation entre les protagonistes. Christoph Hoffmann, du parti libéral FDP explique que son parti demande "que l'Allemagne s'associe à d'autres Etats pour mettre sur pied une médiation. Cela permettrait de créer un espace de dialogue et aboutir à une solution de sortie du cycle de violences."
S'abstenant de prendre position sur le processus électoral, les députés allemands disent vouloir exiger des comptes après que des millions d'euros d'argent public ont été versés dans les caisses du Cameroun.