Un vent de pressions politiques souffle dans les hautes sphères du pouvoir camerounais. Selon des informations récentes, cinq membres influents du gouvernement ont adressé des correspondances individuelles au président Paul Biya, plaidant pour la libération de l’homme d’affaires controversé Jean-Pierre Amougou Belinga, incarcéré dans le cadre de l’affaire Martinez Zogo. Les personnalités impliquées dans cette démarche sont Laurent Esso, ministre d'État, Dion Ngute, Premier ministre, Samuel Mvondo Ayolo, directeur du cabinet civil, Louis Paul Motaze, ministre des Finances, et Ismaël Bidoung Mpkat.
Amougou Belinga, patron du groupe de médias Vision 4, est accusé d’être impliqué dans l'assassinat du journaliste Martinez Zogo, retrouvé mort en janvier 2023 après avoir été enlevé et torturé. Ce crime, qui a ébranlé la nation, a mis en lumière des réseaux complexes mêlant pouvoir, affaires et criminalité.
Les ministres à l'origine des lettres de soutien évoquent plusieurs arguments pour obtenir la libération de Belinga. Ils soulignent notamment son rôle stratégique dans les campagnes électorales à venir, notamment pour l'élection présidentielle de 2025. Vision 4, la chaîne de télévision de Belinga, est présentée comme un instrument clé de communication pour le régime. Les partisans de Belinga assurent que sa libération ne provoquerait pas de remous populaires, arguant d'une indifférence générale du peuple camerounais.
Ce mouvement de soutien suscite de vives réactions dans l’opinion publique. Les critiques dénoncent une tentative désespérée de protéger un homme puissant, lié à des membres influents du régime, et accusé de crimes graves. La situation devient d'autant plus explosive que, selon certaines sources, Amougou Belinga aurait exprimé son impatience et menacé de « tout révéler » s’il n’obtenait pas rapidement sa libération.
Les relations troubles entre certains ministres et Amougou Belinga sont désormais sur le devant de la scène. Il est de notoriété publique que plusieurs hauts responsables, dont Mvondo Ayolo et Louis Paul Motaze, auraient des liens d’affaires avec l’homme d’affaires, et beaucoup craignent qu'il ne fasse des révélations compromettantes. Le terrain sur lequel est construit l'immeuble Ekang, un symbole de la richesse de Belinga, appartiendrait à la famille Dengue, un dossier qui n'est pas sans rappeler les tensions et les suspicions entourant cet homme.
La tentative récente de libération d'Amougou Belinga, orchestrée par certains membres influents du régime, a déjà fait des vagues. En août dernier, le juge Sikati, chargé du dossier, a mystérieusement perdu la vie après avoir tenté d'obtenir la libération de Belinga sur de prétendues instructions du président. Cet épisode a accentué les soupçons de manipulation et d’interférence politique au plus haut niveau.
La situation est d’autant plus critique que les forces de l’ordre semblent accorder des privilèges à l'homme d'affaires, malgré sa détention. Il aurait ainsi passé une journée entière dans sa résidence privée de Mvan, une liberté inhabituelle pour un détenu. De telles faveurs, dans un contexte aussi sensible, alimentent la colère d’une partie de l’opinion publique qui dénonce une justice à deux vitesses.
Amougou Belinga, qualifié par ses détracteurs de « l’homme d’affaires le plus riche des Bétis », demeure au centre de cette saga politico-judiciaire. Ses liens étroits avec des membres influents du gouvernement compliquent davantage l’affaire, tandis que le président Paul Biya, à 92 ans, semble pris dans un étau politique. Si ces ministres espèrent encore influencer une décision en faveur de Belinga, il n’en demeure pas moins que le peuple camerounais et la communauté internationale gardent un œil attentif sur ce dossier brûlant.
Comme l'énonce un proverbe biblique dans le livre de l'Exode, souvent cité par les critiques du régime : « Malheur à ceux qui pillent, ravagent et tuent, car lorsqu'ils auront terminé leur sale besogne, ils seront également pillés, ravagés, tués. » Il reste à voir si ces paroles trouveront un écho dans les suites de l’affaire Martinez Zogo, un crime qui continue de hanter le Cameroun.