A l’origine, le non respect de normes et l’utilisation d’un matériau inapproprié dans une zone marécageuse au lieu-dit Nouvelle route Omnisports.
Des amas de blocs de ciment, des poteaux cassés sur lesquels on peut voir des fers à béton ressortis, des tôles froissés, un échafaudage réduit en morceaux de bois avec à la clé trois voitures endommagées dans la garderie voisine. C’est ce qui reste de l’immeuble R+3 en construction au lieu-dit Nouvelle route omnisports à Yaoundé ce vendredi 10 juin 2016.
« Maître » comme l’appellent ses voisins, s’attelle aux retraits de quelques-uns de ces débris ayant endommagé la toiture de ses appartements de fortune. Sur les lieux, chacun y va de son explication. « C’était prévisible. Cet immeuble ressemblait à une maison sur pilotis et les poteaux qui la soutenaient étaient trop minuscules, faits des parpaings de 25 et le fer à béton de 14 utilisé ne répondaient pas aux normes », explique Marcel Nono, maçon.
« Il n’est pas allé en profondeur au niveau de la fondation, puisque c’est une zone marécageuse. Il fallait confier de tels travaux aux experts. Et comme si cela ne suffisait pas, les pouvoirs publics, notamment la mairie n’a pas fait son travail. Comment comprendre qu’on puisse attribuer un permis de bâtir à un individu sans se rassurer de ce qui se passe sur le terrain ? », s’insurge Fabien Nkoulou, un autre. Pour Fabrice N., gardien de véhicules dans la garderie se trouvant à proximité, la fondation était mal travaillée avec pour conséquences la fissuration des murs. « C’était un motel en construction et le propriétaire vit à Douala », précise-t-il.
D’après plusieurs témoins rencontrés sur les lieux de l’incident qui n’a causé aucune perte en vie humaine, le désastre survenu vers 2 heures du matin. « Nous avons suivi un grand bruit et nous avions cru que c’était un accident de la circulation. C’est lorsque nous avons été envahis par une poussière de ciment qu’on s’est rendu compte que c’était l’immeuble du voisin. Nous étions obligés de sortir par un petit trou au niveau de la toiture », explique une dame encore sous le choc. « Vers 1h45, je suis passé devant cet édifice plusieurs fois avant son effondrement. Lorsque je regagne mon atelier de couture vers 2h06, il y a eu un léger vent qui a soufflé et puis s’en est suivi l’effondrement », relate Ismaël, propriétaire d’un atelier de couture.
Dans le quartier, les riverains n’en reviennent pas. « C’est un miracle et nous ne pouvons que remercier Dieu. Pour une fois, un immeuble s’écroule sans qu’on ne déplore ne serait-ce qu’un mort », se réjouissent les uns et les autres. Un bilan que confirme l’adjudant-chef Owodene Noa de la Brigade de gendarmerie de Nkolmesseng : « Nous n’avons enregistré aucun décès et nous avons ouvert une enquête préliminaire qui nous permettra d’élucider les causes. Ceci sera après un entretien avec les véritables propriétaires. »