L’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats du Cameroun déplore l’orgueil et l’arrogance des responsables du Gouvernement camerounais qui depuis un an n’ont pas cru devoir aller sur le terrain discuter physiquement avec les acteurs de la crise.
Le Gouvernement camerounais a déployé depuis ce lundi 16 octobre 2017 au matin plusieurs délégations dans les régions anglophones du Cameroun. Il s’agit pour l’essentiel des élites du Nord-Ouest et du Sud-Ouest chargées d’aller discuter avec les populations sur les voies et moyens pouvant favoriser le retour à une vie normale dans ces deux régions du pays. Le casting mené par le Premier ministre, chef du Gouvernement, Philemon Yang sur instruction du Chef de l’Etat est rejeté par les populations, notamment les leaders de la contestation anglophone. « On n’a pas dit qu’on rejette le dialogue. Mais nous rejetons les élites qui ont été envoyées. Ce ne sont pas des gens légitimes… Il y a des gens comme le cardinal Tumi et même des francophones comme les Abouem A Tchoyi qu’on peut envoyer », a par exemple relevé ce matin Maitre Felix Agbor Balla dans une interview accordée à Radio Equinoxe.
Un des membres du consortium des leaders anglophones, il estime en outre que le moment choisi pour entamer ledit dialogue n’est pas le bon. Il fallait d’abord de son point de vue statuer sur le sort des « presque mille personnes » arrêtées et en détention et discipliner les militaires qui cassent et pillent les maisons ou simplement les retirer des villes où ils sont déployés.
Sur les chances de réussite de cette initiative, plusieurs observateurs avertis se montrent septiques. A l’instar de Maitre Charles Tchoungang, ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats du Cameroun interrogé par Radio Equinoxe. « J’ai comme la conviction qu’il s’agit d’une opération de dernière heure pour essayer de bien se présenter au retour du Chef de l’Etat. Je ne crois absolument pas à grand-chose puisque les mêmes causes produiront les mêmes effets. On va avoir les mêmes résultats », a-t-il indiqué.
En revanche, « s’il s’agit d’une mission exploratoire avant l’instauration du dialogue inclusif, on peut comprendre que le Gouvernement veut avoir des informations sur la situation réelle sur le terrain », ajoute l’avocat camerounais. Il déplore l’orgueil et l’arrogance de gouvernants camerounais qui depuis un an ont été appelés en vain à aller physiquement discuter sur le terrain avec les acteurs de la crise. « Nous l’avons dit en ce qui concerne notre secteur d’activité, on nous a répondu que le siège des institutions étant à Yaoundé, c’est eux qui devraient se déplacer à Yaoundé. Est-ce une bonne façon de gérer les populations. Vous savez, lorsque les gens n’ont pas compris que la délégation de pouvoir que le peuple donne aux dirigeants est essentiellement précaire et révocable à souhait, tant qu’ils n’ont pas compris ça, il n’y aura pas de solution », a-t-il conclu. Les descentes de ces autorités dans les régions anglophones du Cameroun se poursuivront jusqu'au 25 octobre 2017.