Actualités of Wednesday, 30 September 2015

Source: Aurore Plus

Un bateau de clandestins chavire au large du Cameroun

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Des sources officielles affirment que treize passagers ont embarqué dans ce navire de cabotage. Quatre survivants dont un Camerounais, un Gabonais et deux Ghanéens sauvés par des pêcheurs sont à la disposition de la brigade maritime de Douala.

I- Lutricia chavire et met à nu les failles du secteur maritime. Un bateau de marchandises partant du port de pêche de Douala pour le Gabon a chaviré alors que le navire était encore sur les eaux territoriales camerounaises. Le bilan est celui d’un corps retrouvé en état de décomposition avancé, inhumé dans la matinée du 25 septembre 2015 du côté du Village Yoyo 2 dans la Sanaga-maritime.

Huit (08) membres de l’équipage toujours portés disparus. Certains rescapés sont auditionnés depuis hier, lundi 28 septembre. De nombreux clandestins seraient restés coincés dans la cale dudit navire. Un accident qui pose à nouveau avec acuité les épineuses questions que connaît le trafic des immigrants qui sévit dans le transport maritime des marchandises. Mais aussi de l’état des navires.

Non sans oublier la surcharge. Selon certaines confidences des acteurs de ce secteur, la surcharge du navire serait à l’origine du drame. Ferdinand Mbarga, le consignataire est en fuite. La marine nationale continue les battues en vue de retrouver d’éventuels survivants. Le drame est survenu le 18 septembre 2015 au lieu dit Cap Debounsha, 2ème localité la plus arrosée au monde non loin de Limbe.

C’est à ce lieu que l’épave du navire Lutricia a été aperçue pour la dernière fois avant de couler vers 17h30. Selon des témoignages concordants, tout est allé très vite. Le navire défectueux, ne possédait pas l’équipement nécessaire pouvant permettre de lui délivrer une autorisation de voyager. Comment réussissait- il à effectuer les voyages ?

Certainement par le fait de la corruption qui gangrène le secteur. Sinon rien n’explique que dépourvu de radars, de matériel de signalisation et encore moins d’un radeau de sauvetage, il effectuait les voyages pour le Gabon et la Guinée Equatoriale, sans être inquiété.

C’est ce qui explique que ce navire n’ait pu être repéré pour porter assistance à l’équipage à temps. Après plusieurs reports, l’expérimenté commandant Mbella Marcel, 62 ans, capitaine de pêche, ancien employé de Crevettes du Cameroun, à Chalucam, Socomar et au chantier naval et industriel du Cameroun (Cnic) va malgré la vétusté du navire décider de convoyer la marchandise du quai Gabon à Douala au port de Libreville au Gabon.

L’équipage quitte le quai Gabon du port autonome de Douala aux alentours de 9h. «Ils ont chaviré vers 18 heures le 18 septembre et personne n’a alerté les proches des familles. Nous ne sommes au courant que depuis le 24 septembre 2015», confie Mbella Marcel, fils du Commandant du navire.

Avant d’ajouter : «Inquiet du silence inhabituel de mon père, je me suis rendu à son lieu de ce service afin de m’enquérir de ses nouvelles. Sur place, je me rends compte que tout le monde est au courant sauf nous sa famille». Le voyage dure habituellement 24 heures. Et une fois arrivé, le commandant informe toujours ses proches. Chose curieuse, il n’a pas fait signe de vie durant quatre jours.

Ayant appris que quatre survivants avaient été repêchés par des pêcheurs du côté du village Yoyo 2 dans la Sanagamaritime, le jeune Mbella Marcel et son frère aîné vont s’y rendre. Sur les lieux : «Nous avons pu rencontrer ces survivants affaiblis, mais vivants. Ils ont passé quatre jours en mer avant d’être repêchés le 22 septembre 2015. Un seul rescapé de nationalité Gabonaise s’exprimait. Il dit avoir été le dernier à deviser avec mon père », poursuit le fils du commandant.

Selon ce témoin, le commandant Mbella serait le dernier à quitter le navire. Il a remis les gilets de sauvetage aux membres de l’équipage, et est descendu récupérer son sac dans sa cabine avant de plonger dans la mer.

II- Trafics des clandestins

pour les pays de la sous région C’est ce même rescapé auditionné par le Commandant de la Brigade de gendarmerie de Mouanko qui a selon le chef du village Yoyo 2 a déclaré que : «Le navire ne comportait que les treize membres de l’équipage et des marchandises ».

Approché Théophile Ewandje, chef du village Yoyo 2 explique que les deux premiers rescapés ont été repêchés tôt le matin du mardi 22 septembre 2015. Et le second duo, en milieu d’après-midi du même 22 septembre 2015. Entretemps, Mbella Marcel et son frère partis pour Yoyo 2 le jeudi 24 septembre ne rejoindront le domicile familial sis à l’ancien aéroport au quartier chic Bonapriso que le vendredi 25 septembre.

Le lendemain samedi 26 septembre 2015, les premières familles des disparus se rendent au port autonome de Douala (Pad) pour s’enquérir de ce qui s’est passé. C’est alors qu’elles font une découverte fort embarrassante. La cale supposée ne contenir que des marchandises aurait aussi abrité des passagers clandestins. La rumeur se répand et de nombreuses familles accourent au Pad.

Sur place, elles apprennent que Ferdinand Mbarga, le soi-disant consignataire est absent de son poste depuis le jour du drame (le 18 septembre dernier ndlr). Il est le seul à même de confirmer ou d’infirmer cette assertion.

Toutefois, s’agissant de la surcharge dudit navire, des marins approchés par votre journal sont formels. «La cale est un espace aménagé pour les marchandises, la chaleur et le gaz carbonique dégagés par les marchandises ne peuvent permettre à un être humain d’y survivre», soutiennent-ils. D’autres par contre font entendre que la pratique est connue.

Et donc si l’information est avérée après enquête des autorités judiciaires en charge de l’affaire, il va falloir envoyer des plongeurs de la marine nationale sur le site où ce navire de cabotage a été repéré par satellite afin de fouiller l’épave. Par ailleurs, la société qui employait le Commandant serait une entreprise fictive. L’affréteur du navire, un Equato-guinéen pour certains, un Libanais pour d’autres et le propriétaire du navire de nationalité Camerounaise se trouvent à Libreville au Gabon.

Face à cet imbroglio, les familles de plus en plus anxieuses rendent visite au préfet du Wouri Naséri Paul Bea le samedi 26 septembre 2015. Elles sont reçues par ce dernier à sa résidence à Bonanjo.

«Il nous a d’abord rassurés avant de nous annoncer que selon les informations mises à sa disposition quatre autres rescapés ont été repêchés dans une île voisine », relate le responsable d’une des familles. Au domicile du Commandant Mbella Marcel, cette nouvelle redonne de l’espoir aux proches des familles.

Au quartier Ngodi, domicile familial du Commandant Mbella, les proches caressent le rêve comme tous les autres d’ailleurs de le revoir en vie. Un conseil de famille se tient en urgence le même samedi 26 septembre 2015 au domicile familial sis au quartier Ngodi à Akwa. Il est un peu plus de 13h. L’avocat de cette famille contacte les autres familles et des sources policières proches de l’enquête pour confronter les informations. L’espoir renait.

Mais en fin de soirée du même samedi de nouvelles versions fusent de toutes parts. Les familles replongent dans l’incertitude et l’angoisse. Elles apprennent que de nouveaux corps auraient été repêchés du côté de la localité de Yassoukou, un village proche de Mouanko et Kribi.

Quelques responsables des familles se rendent sur place. Les chances de retrouver d’éventuels survivants de ce naufrage s’amenuisent. Le lendemain dimanche 27 septembre 2015, elles se dissipent. Il est un peu plus de 15h. Nous sommes au domicile du Commandant Mbella au quartier Ngodi. La nouvelle de la découverte de son corps sur la plage à Malabo en Guinée équatoriale plonge la famille dans le désarroi.

«Sur instruction du Commandant Mpacko, la marine nationale et ses amis ont engagé des battues. Elles viennent de produire des fruits. Un corps sans vie et qui correspondrait au profil du commandant Mbella aurait échoué sur une place du côté de Malabo. La famille s’active désormais pour que la dépouille soit rapatriée au Cameroun», confie René, frère du Commandant disparu.

Hier matin (lundi 28 septembre 2015 ndlr), le chef du Village Yoyo 2 a déclaré en direct des antennes de radio équinoxe que les rescapés ont été conduits dans un centre de santé afin de bénéficier des soins. «Un responsable d’un syndicat en service au port autonome de Douala accompagné du Commandant de Brigade de Mouanko est venu les chercher pour les ramener à Douala» révèle le chef du village Yoyo 2. Il ajoute que ces rescapés se trouvent à Douala depuis le 27 septembre 2015.

A Douala, des sources proches de l’enquête approchées par votre journal indiquent que ces rescapés sont à la disposition de la brigade maritime où une enquête est diligentée afin de faire la lumière sur ce drame. Les familles sont sur le qui-vive. Elles sont prêtes à aller procéder à l’identification des corps. Ceci à tout moment.

Liste des quatre survivants

Peter Kingsley, 23 ans, (Camerounais) John Bokutu, 52 ans, (Ghanéen) Daniel Mennah, 50 ans, (Ghanéen) Joseph Sylver, 57 ans, (Gabonais)