Kribi dans la région du Sud il y a quelques jours, Pierre François Xavier Menye, sénateur du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), a procédé à la remise solennelle des dons à des étudiants. Ils étaient une centaine à recevoir une cagnotte de 50.000 F.cfa chacun. Durant le mois de janvier dernier, nombreux sont ceux-là qui n’ont pas dérogé à ce qui s’apparente désormais à une mode ou un rituel.
On peut citer le cas du sénateur Mba Mba, il y a quelques semaines toujours à Kribi ou celui du directeur de l’Office du baccalauréat du Cameroun, Zacharie Mbatsogo, à Mfou dans la région du Centre. Dans la mise en pratique de leurs largesses, le discours présenté pour les legs est une action de promotion de l’éducation des jeunes, du moins pour ce qu’il en est de ce secteur.
Pour Pierre François Xavier Menye, sénateur Rdpc-Sud, « à notre époque, nous avions des bourses pour les méritants ce qui n’est plus le cas aujourd’hui malgré la volonté exprimée. Plusieurs jeunes sont limités par les moyens financiers dans le Sud comme à Nyété. Il est hors de question d’hypothéquer l’avenir de la jeunesse qui est une couche délicate ».
Pendant que ces derniers pensent que ces actes de générosité sont porteurs d’une signification profonde au-delà de l’instant, d’autres hommes politiques à contrario y voient des actions certes louables mais en contradiction avec la Constitution. C’est du moins ce qu’estime le député du Social Democratic Front (Sdf), Joshua Osih :
« l’acquisition du savoir et des valeurs est la chose la plus importante dans un pays. Peut-être les objectifs des donateurs restent inavoués mais l’action en elle-même reste louable. L’école devrait être totalement gratuite mais si les gens vont faire des dons pour que des enfants puissent aller à l’école, cela n’a pas de sens d’après la Constitution du Cameroun ».
Pour certains élus locaux, à l’instar de Luc Assamba, maire de la commune de Yaoundé II, la remise des dons par certains élus locaux vient en accompagnement de l’action publique. Il regrette cependant la trop grande médiatisation de ces actes : « Les dons faits par les hommes politiques ou non ont deux significations. Un sénateur ou un maire qui fait des dons, cela relève de ses tâches régaliennes surtout avec l’arrivée de la décentralisation au travers des paquets minimums et autres. Par contre, les politiques ou élites, rassemblent une dizaine de jeunes accompagnés des medias pour faire leur show afin de se positionner sur l’échiquier politique », explique le magistrat municipal.