Actualités of Saturday, 20 August 2016

Source: camer.be

Un dogari confisque la moto du censeur du lycée

Photo d'archives utilisée à titre d'illustration Photo d'archives utilisée à titre d'illustration

Il a refusé de restituer l’engin devant le sous-préfet de Rey-Bouba.

Le censeur du lycée de Dobinga, Mathias Mana, subit depuis deux semaines le courroux du dogari du lamido de la localité située dans l’arrondissement du Rey-Bouba, département du Mayo-Rey. Ce dernier a séquestré sa moto depuis le 24 juillet 2016, sans aucune explication.

«Ces hommes ont arraché ma moto des mains d’un ami et l’ont conduite à son domicile. Il ne donne aucune explication et menace de la vendre. Cette attitude me parait inexplicable. Quand je suis allé le rencontrer avec les pièces justificatives, il m’a refoulé en proférant des menaces non seulement à mon endroit, mais aussi à l’endroit de toute l’administration du lycée. Il a promis vendre la moto et m’a demandé d’aller me plaindre où je veux. Je n’ai jamais eu à me frotter à lui. Quel différend y a-t-il donc entre lui et moi ?», explique le censeur au lycée de Dobinga.

Les faits remontent au petit matin du 24 juillet 2016. Un proche de Mathias Mana, le nommé Yanbang, emprunte la moto de celui-ci pour faire des courses. Il devait faire le déplacement de Homa, une localité située à une dizaine de kilomètres de Dobinga.

«J’étais sur le chemin de retour de Homa. Je cherchais à ramener la moto du censeur quand j’ai été stoppé par un homme que je connais. Il m’a demandé de descendre de la moto et de partir, car cette moto est à confisquer. Il a trainé la moto à la chefferie. J’en ai informé le censeur et nous nous sommes déportés illico à la chefferie. Sur place, le dogari ne lui a pas laissé le temps de s’exprimer. Il s’est mis à lui crier dessus et même à vociférer des propos peu recommandables à l’égard de l’administration. J’ai plaidé en vain pour la restitution de la moto au censeur, car il détenait par devers lui toutes les pièces justificatives», déclare Yanbang.

ACHARNEMENT

L’affaire est portée à l’attention du sous-préfet de Rey-Bouba, Jean Djallo. Ce dernier se rend à la Faada le 1er août 2016 pour s’enquérir de la situation. Il a cependant exigé la présence du proviseur du lycée de Dobinga, Edouard Houlcaou. «Je ne sais véritablement à quel jeu ces deux autorités se livrent. La moto n’appartient pas au proviseur. En quoi cela le concerne ?

Si réellement le chef de terre tenait à mettre un terme à ce problème et surtout, à connaître la vérité, il aurait convoqué Yandang, celui entre les mains de qui la moto a été arrachée et moi, le propriétaire de la moto. Le proviseur ne peut qu’assister à la palabre», déclare Mathias Mana.

Malgré la descente du chef de terre, le dogari refuse de restituer la moto. Il n’a pas hésité à réitérer son intention de vendre la moto devant le sous-préfet.

«Nous ne pouvons vivre ces agissements de nos jours que dans cette partie du pays. Le dogari est à la fois procureur, commissaire de police et huissier. Il revêt la casquette qui lui sied en fonction des circonstances sans qu’on puisse lever le petit doigt. Depuis quand la chefferie est-elle une fourrière ? Le hic dans tout ça, c’est qu’il y est encouragé par ceux-là même qui sont  censés faire appliquer la loi. Raison pour laquelle toutes les autorités en service dans ce département sont assimilées aux dogari du lamido. Elles sont toutes à la solde du monarque.

Elles ne font que la volonté du lamido. La loi n’a pas sa place dans cette société. Il nous est difficile de travailler dans ces conditions pour nous qui n’avons pas cette culture. Je ne me cache pas pour le dire», déclare Mbarga T. agent de l’Etat dans le Mayo-Rey. Approché, le dogari est ferme : «Je n’ai rien à dire aux journalistes. Allez chercher vos informations ailleurs», lance-t-il sèchement.