C'est le témoignage glaçant d'une camerounaise. Il s'agit de Ernis Clemence, la lauréate du prix Voix d'Afriques 2022. La jeune femme de 28 ans, ayant elle-même échappé à un viol en 2010, demande aux victimes de dénoncer les violeurs.
Les viols sont répétitifs au Cameroun. Que ce soit sur les mineures ou les adolescents, les victimes sont légions.
Elle raconte qu'alors qu'elle passait les vacances chez sa tante à Bafoussam, près du camp militaire, un homme en tenue, un voisin, est rentré dans la chambre, a posé ses lèvres puantes sur les siennes.
« J'ai senti son gros doigt calleux me traverser. L'horreur! Ma penderie mal ajustée m'a sauvée la vie, je suis sortie en courant, quand l'énorme bête s'occupait à sortir sa tête enfourchée entre les lambris de bois de ma garde-robe. Tout le voisinage était alerté, j'étais sortie toute nue », raconte Ernis Clémence.
Elle regrette qu'aucune sanction n'a été dite contre son violeur.
« Aucune sanction pour le monsieur, à part l'indignation de ma tante et des autres femmes. J'ai décidé de rentrer à Mbouda chez ma mère le lendemain. Je garde cela en moi depuis toujours, je protège ma mère. Ma tante aussi n'a rien dit à la famille, il ne faut surtout pas qu'on sache que c'est sous son toit que j'ai failli être détruite », a-t-elle regretté.
Vi0ls: inquiétudes après plusieurs cas signalés dans un camp de réfugiés au Cameroun
Les camps de refugiés au Cameroun, ne sont pas forcément des lieux où riment pauvreté et précarité. Souvent dans ces centre, sont perpétrés des actes ignobles très peu connues des populations.
Au centre des réfugiés centrafricains de Gado-Badzéré, dans la région de l’Est du Cameroun, plusieurs femmes ont été violée, d'autres enceintées et mariées de force.
"Les cas de viol, les mariages précoces et la pauvreté forment le quotidien des réfugiées centrafricaines du camp d’accueil de Gado-Badzéré, dans la région de l’Est du Cameroun. Les populations appellent à des actions plus fortes du gouvernement et ses partenaires", apprend-on d'une source proche du centre.
Cette situation crée des inquiétudes. Car, lorsque les bourreaux profitent généralement de leurs déplacements dans la brousse ou de l’obscurité pour accomplir leur sale besogne, les victimes sont exposées aux infections sexuellement transmissibles et au VIH/SIDA, véritables freins à leur épanouissement. D'autre part, les filles âgées de 16 ans et moins sont rapidement envoyées en mariage contre du bétail ou quelques pièces de monnaie.
Le camp de réfugiés de Gado-Badzéré est le plus grand abritant les réfugiés centrafricains dans les régions de l’Adamaoua et de l’Est-Cameroun. Il compte une population d’environ 30.000 âmes. En dehors de Gado, les camps de Ngam, Timangolo, Djohon et bien d’autres accueillent aussi les réfugiés centrafricains qui ont fui les violences dans leur pays.
Près de 60% de la population du camp de Gado-Badzéré a moins de 18 ans, et les femmes et les filles, qui représentent 53% de ce groupe