La France récompense la contribution des journalistes dans la lutte pour l’abolition de la peine de mort. Ce pays, par le biais de son ministère des Affaires étrangères et du Développement international, vient de décerner au Camerounais Christian Thouani le «Diplôme de lauréat du reportage écrit sur la situation internationale de la peine de mort».
Cette distinction a été attribuée à l’issue d’un concours organisé au Quai d’Orsay le 10 octobre 2016, à l’occasion de la 14e Journée mondiale contre la peine de mort. Laquelle coïncidait, lundi, avec l’anniversaire de l’abolition de cette mesure punitive en France.
Christian Thouani est l’auteur du reportage écrit intitulé : Condamné à mort à la prison centrale de Yaoundé, Bienvenu Onguené: «je vis mes arrêts de match». Lequel décrit, sous fond de narration, l’état psychologique d’un homme condamné en 1984, il était alors âgé de 30 ans, pour meurtre ; et qui se retrouve à 62 ans, être le locataire le plus âgé du quartier 6 de la prison de Kondengui.
Du récit de ce journaliste, nous apprenons que Bienvenu Onguené a tué en tirant à balle réelle sur un homme qui était en train d’abattre son père à coup de machette. «Tout est vanité. Nous sommes tous de passage sur cette terre.
Je demande pardon. J’ai tué. Un jour, moi aussi je mourrais comme tout le monde, condamné ou non. Richesse ou pauvreté, on laissera tout pour se retrouver soit dans la joie avec le Seigneur, soit dans l’enfer avec le diable», s’est-il confié au journaliste du fond de sa cellule.
Le reportage de Christian Thouani fait voyager le lecteur au sein du quartier «des condamnés à mort» où « un tas d’immondices alourdit l’’oxygène». Ce secteur où le jeune «Yaya Sali, détenu d’à peine 17 ans» peut vous proposer de faire briller vos chaussures en échange de quelques pièces de monnaie.
Dans ce quartier, dépeint le journaliste, Bienvenu Onguené vit «sans espoir», fatigué de voir tous les jours «les mêmes gens et le même décor», abandonné de tous les siens et même de son ancienne compagne dont la dernière visite date de 1985.
«Ne me parlez pas d’espoir. C’est un mot que je n’aime plus entendre. L’espoir pour un homme comme moi c’est un rêve. Un rêve… je sais que je sortirais d’ ici mort. Si c’est ça l’espoir, hé bien oui j’en ai.
Car l’espoir dont vous parlez, je l’ai perdu depuis longtemps... Maintenant, je vis mes arrêts de match. Le match est fini», déclare Bienvenu Onguené.
L’ambassade de France au Cameroun organise une réception en l’honneur du lauréat camerounais Christian Thouani le 19 octobre 2016 à la Résidence de France.