On n’a pas fini de parler de l’épidémie porcine de 2010 dans le septentrion du pays. Une épidémie qui avait poussé l’Etat, via le Ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales (Minepia), a procédé à l’abattage en masse de bétails, contre indemnisations aux éleveurs touchés. Mais à ce jour, tout le monde n’aurait pas encore perçu son argent.
Ce qui fait des mécontents comme Sylvain Momo, éleveur de Ngong dans l’arrondissement de Poli, département du Faro au Nord. L’Œil du Sahel (LDS) est allé à sa rencontre. Dans son édition du 2 novembre 2015, le journal publie le témoignage de celui qui a vu 215 de ces porcs abattus. «Au moment des faits, j’attendais de l’Etat plus de 200 millions à titre d’indemnisation. Curieusement, jusqu’à la date d’aujourd’hui, je n’ai reçu aucun franc. C’est comme ça que l’Etat m’a mis au chômage car depuis lors, je n’ai pas pu avoir les moyens de reprendre mon activité», souligne Sylvain Momo.
Cinq ans plus tard, constate LDS, la somme a triplé. «Sylvain Momo saisit à nouveau l’Etat à travers son avocat qui a introduit un recours gracieux le 15 juin dernier auprès du Minepia. Le requérant réclame cette fois, la somme de 636 750 000 Fcfa», mentionne le journal. Sylvain Momo a expliqué les raisons de sa réclamation: «Une truie produit en moyenne 14 porcelets par an. Les 89 truies abattues en 2010 auraient donc produit en 5 ans près de 6225 porcs. Mes porcs pesaient en moyenne 100 Kg, si on part sur la base selon laquelle un kilogramme de viande de porc coûte 1000 Fcfa. Cinq ans après, j’aurais perçu au moins 622 500 000 Fcfa pour ces 89 truies à la production. Vous comprenez donc que j’ai perdu des millions dans cette opération», ajoute-t-il.
Aura-t-il ce montant, difficile de le savoir surtout que d’après LDS, les responsables de la délégation du Minepia pour le Nord ne veulent pas parler du sujet. Par ailleurs, l’éleveur lui-même reconnait qu’une partie débloqué par l’Etat aurait été détourné.
«Le problème dans cette affaire, c’est que l’ancien délégué régional du Minepia qui gérait le dossier avec la complicité de certains éleveurs regroupés au sein d’une fédération de Gics ici à Garoua, a détourné les indemnisations destinées aux éleveurs. Dans la région du Nord, on comptait à cette période, 165 éleveurs victimes de cette peste. Moins du tiers a été indemnisé. L’argent destiné à cet effet a été tout simplement détourné, mettant ainsi en mal l’avenir de nombreuses familles des éleveurs qui se sont retrouvés au chômage», raconte-t-il.