C’est un truisme que de dire que très peu d’élèves disposent de la totalité ou même de la moitié de leurs manuels scolaires. Le rapport de l’EPT (Education pour tous) publié en 2014 indique qu’en général, douze (12) élèves utilisent le même ouvrage. Ce qui contraint certains enseignants à consacrer une partie considérable des heures de cours à recopier des textes au tableau. Cette situation est plus vécue, depuis plusieurs décennies, dans les écoles d’enseignement primaire.
Des statistiques de la Banque mondiale montrent en effet que seulement 16% et 28% d'élèves du primaire possédaient respectivement des manuels et des fournitures scolaires entre 1996- 1997. Et dans l’achat des ouvrages, rien n’est fait au hasard côté parents. Ces derniers les achètent en fonction, disent-ils, de l’importance. Sur cette page-là, la lecture peut se bomber le torse devant les autres manuels au programme. L’EPT, révèle en effet que le nombre d’apprenants par livre de lecture est passé de 15 à 11 entre 2006 et 2010.
Toutefois, une étude du ministère de l’Éducation de base (Minebub), réalisée en 2010 relevait qu’en troisième année du cycle primaire, 49% des jeunes Camerounais éprouvaient d’énormes difficultés à lire, et 27% ne savaient pas lire du tout. Quant au livre de mathématique qui s’avère le plus utilisé après celui de lecture, à en croire l’EPT, les chiffres révèlent qu’en quatre années (2006-2010), le nombre d’apprenants par livre a plutôt chuté de 12 à 14. Pour Hélène Kamdem Kamgno de L'Institut de formation et de recherche démographiques (IFORD), auteur de: «Evolution des rapports de genre au fil du cycle primaire dans les manuels scolaires de mathématiques au Cameroun », «tous les parents ne peuvent procurer à leurs enfants des manuels scolaires». Et dans ce contexte, regrette- t-elle: «les garçons sont toujours privilégiés par rapport aux filles».
PÉNURIES
En dehors du faible pouvoir d’achat des parents qu’évoquent certains, le phénomène de la pénurie des ouvrages constitue tout aussi souvent un handicap lors des rentrées scolaires. Selon l’Association nationale des éditeurs de livres au Cameroun (Anelcam), ce phénomène survient du fait de la sortie tardive des listes officielles des manuels, de l’attitude de certains éditeurs qui veulent distribuer eux-mêmes leurs livres sans en avoir les moyens, et la multiplicité des titres qui rend difficile la gestion des stocks.
Pour tordre le coup à cette épineuse question, l’Anelcam suggère de réduire le nombre d’éditeurs. Parallèlement, elle recommande de réduire le nombre de livres inscrits au programme pour résorber le problème de cherté des ouvrages. Car de la Sil au CM2, 564 livres sont inscrits sur la liste du ministère de l’Education de base (Minedub). En cas de réduction du nombre de ce nombre, estiment les responsables de l’association, le prix des livres scolaires pourrait être simplifié de 50%. Le Rapport mondial de suivi sur l'éducation (GEM) publié le 19 janvier 2016, conseille pour sa part d’accroître leur disponibilité pour de nombreux écoliers et de créer un fonds centralisé chargé de l'achat des manuels.
Au Cameroun déjà, au cours des années 2013, 2014, 180 millions de F CFA du budget du Minedub ont été annuellement consacrés à l’achat de ces supports didactiques. Pour la rentrée scolaire prochaine (2016-2017), le Premier ministre a annoncé le 10 juin dernier à l’assemblée nationale, une opération inédite de distribution gratuite des livres de Mathématiques aux élèves du secteur de l’éducation de base. L’Etat devra à cette occasion débourser 2,260 milliards FCFA en guise de subvention.