Actualités of Sunday, 10 April 2016

Source: camer.be

Un magistrat dénonce le trafic des personnes

Photo utilisée juste à titre d'illustrationPhoto utilisée juste à titre d'illustration

Dans «Le triomphe de Mukom», une pièce de théâtre, James Eni Mukobé alerte sur la réalité de l’esclavage au Cameroun.

Il est rare au Cameroun de voir un acteur majeur du corps judiciaire prendre la plume pour dénoncer dans un livre, un problème de la société qui porte préjudice directement à la dignité de l’Homme. James Eni Mukobé, procureur de la République près les tribunaux de Maroua, a dorénavant inscrit son nom dans le cercle très fermé des magistrats écrivains.

Le natif de la région du Sud­Ouest a brisé le silence qui caractérise généralement les magistrats, pour s’intéresser au lancinant problème de lutte contre le trafic des personnes et l’esclavage.

«Le Triomphe de Mukom», titre de son essai, est une pièce de théâtre subdivisée en quatre saisons, qui met en scène les souffrances d’un jeune villageois (Mukom), dont le père est victime de la malice de son frère. Par les soins d’un intermédiaire, le jeune garçon est arraché de son village pour la ville, sous le prétexte que son oncle qui y vit voudrait l’envoyer à l’école en vue de lui garantir un bel avenir.

Une fois en ville, il est plutôt remis à une famille qui lui est totalement étrangère, où il fait l’expérience des horreurs de servitude domestique, la forme la plus répandue du trafic des personnes. «Maman, je suis arrivé à l’entrée du royaume des morts et je suis rentré. Pendant cinq ans, je n’ai pas vu la face de mon oncle. Le messager qui était venu au compte de mon oncle m’avait remis aux étrangers étranges», raconte Mukom, page 16.

Il poursuit que «pendant cinq années entières, je n’ai mis pied dans aucune école. Pour rien. je dis pour rien, j’étais garde des enfants, balayeur de maison, collecteur d’ordures, portier, jardinier, laveur de voitures, homme de cour, blanchisseur, repasseur, aide­cuisinier, laboureur… j’ai des trous de mémoire, maman».

En proie aux affres de la ville, Mukom trouve l’occasion d’échapper à ses bourreaux. Il est ramassé dans la rue par un bienfaiteur qui lui donne un abri et lui remet sa dignité. Libéré de la maltraitance dont il était victime en ville, ce principal personnage de la pièce de théâtre se lance, de retour au village, dans le combat contre le trafic des humains et l’esclavage.

L’histoire racontée par l’auteur, dont les personnages sont imaginaires, est selon lui, une réalité vécue dans plusieurs localités de la région de l’Extrême­Nord, voire du Cameroun.

«Ce qui m’a motivé à écrire ce livre, c’est l’angoisse, la frustration et la situation pathétique du trafic des personnes et l’esclavage. Dans la région de l’Extrême Nord, le problème de trafic des personnes et l’esclavage est réel.

Il n’a pas certes atteint le degré le plus alarmant, mais ce fléau un véritable mal social», témoigne James Eni Mukobé, procureur de la République près les tribunaux de Maroua