L’affaire fait grand bruit depuis quelques jours dans le chef-lieu du Logone-et-Chari dans la région de l’Extrême-nord. En effet, un militaire a abattu un homme de 46 ans de sang froid dans la nuit du 11 au 12 novembre 2015 au quartier Hilé-Haoussa à Kousséri. La scène macabre est rapportée par L’Œil du Sahel du 16 novembre.
Le journal a pu constituer son récit à partir des premiers éléments de l’enquête ouverte par les forces de l’ordre et des témoignages concordants surtout celui d’un certain Abdellai, frère du défunt Abdoulaye Mahamat. Selon ce récit, la victime se trouvait au domicile de son père, Djibrine Mahamat quand ce dernier envoie son fils de 14 ans lui acheter du lait.
A en croire Abdellai, «Vers 20h10, l’enfant est parti à vélo. A 10 m de la maison, il a croisé deux individus en civil, un peu éméchés, qui lui ont demandé la facture du vélo. L’enfant a répondu qu’il n’en avait pas. C’est alors qu’ils lui ont demandé de leur remettre le vélo. L’enfant a refusé et a fait demi-tour parce qu’ils voulaient l’arracher. Ils l’ont poursuivi jusque devant la porte de sa maison où l’enfant avait jeté le vélo à l’intérieur.
Les deux individus l’ont attrapé et se sont mis à le battre. Des cousins qui se trouvaient à côté de la porte ont suivi les bruits et sont sortis, puis ont engagé une bagarre. Le défunt et son frère, Djibrine Mahamat, à l’intérieur de la maison, ont également suivi le bruit et sont sortis. Djibrine Mahamat est sorti en premier. Il s’est saisi d’un des deux civils pour savoir pourquoi ils agressaient les gens jusqu’à devant le chez eux et l’a tiré jusqu'à 10 m», raconte-t-il.
La suite est sanglante : «Le militaire qui avait à ce moment une barre de fer en main, l’a frappé avec l’objet. Pendant ce temps, l’autre (le caporal Jonathan Apollinaire Manga, en service au 41ème BIM Ndlr) a couru chez lui, il n’habite pas loin de là, a pris son arme. En revenant avec son arme en main, des enfants l’ont vu et se sont mis à crier. Les gens sont rentrés chez eux, mais Abdoulaye et Djibrine ne sont pas rentrés. Ils sont restés devant la porte. Le militaire a d’abord tiré deux coups sur la porte, puis s’est retourné contre Abdoulaye et a tiré trois coups de feu sur lui. Entre temps, son camarade qui avait maîtrisé Djibrine demandait sans cesse à l’autre de lui tirer dessus. Quand il a voulu le faire, Djibrine a réussi à se protéger derrière le militaire et c’est finalement lui qui a reçu la balle au niveau de la hanche. J’ai été appelé vers 20h40, je suis immédiatement arrivé sur les lieux où j’ai trouvé Abdoulaye mort et le militaire couché. J’ai transporté le corps de mon frère à l’hôpital», précise le frère du défunt.
Si Abdoulaye Mahamat a été inhumé dès le lendemain du drame, l’affaire, elle est loin d’être terminée. En attendant les conclusions de l’enquête, les populations se disent exaspérées par ces bavures à répétition.