Des agents d’appui choisis à la place des enseignants pour des séminaires en Chine.
C’est à nouveau la crise de nerfs à l’Institut des relations internationales du Cameroun (Iric). Près de cinq mois après le scandale des étudiants déclarés admis, recalés puis réadmis, sur « très hautes » instructions du président de la République, ça mijote sur les fourneaux de la polémique !
Tout commence par une correspondance -n°67/2015/Bcec/Ac- de Gao Yongqin, conseiller économique et commercial de l’ambassade de la République populaire de Chine à Yaoundé, en date du 13 avril 2015, adressée à Pierre Emmanuel Tabi, ministre plénipotentiaire, directeur de l’Iric. M. Gao indique à M. Tabi que la Chine organisera des séminaires en 2015 à l’intention des ressortissants des pays africains francophones et anglophones, notamment à Beijing, de juin à octobre, selon un chronogramme et des thèmes bien définis.
Les centres d’intérêt portent sur le développement économique et social, la mise sur pied d’un think-thank (laboratoire d’idées) pour les pays africains francophones et anglophones, le développement durable, la coopération Sud-Sud, les théories de stratégie sécuritaire des pays développés ou encore la smart government (gouvernement par l’intelligence).
Le conseiller économique précise dans le courrier enregistré à l’Iric le 14 avril 2015, qu’ « afin de permettre à nos deux parties de bien profiter de ces séminaires pour l’échange des expériences dans le domaine des relations internationales, l’ambassade de Chine a l’honneur de demander à Votre excellence [le directeur de l’Iric, ndlr] de lui recommander des candidats qualifiés pour participer aux séminaires susmentionnés ».
Suite à cette correspondance, la tradition commandait que le directeur de l’Iric réunisse les principaux responsables administratifs et, surtout, les chefs des cinq départements (ou leurs représentants) de cette école. En l’occurrence, Jean-Emmanuel Pondi (Politique internationale), Peter Agbor Tabi (Economie internationale), Laurent Zang (Diplomatie et enseignements professionnels), Alain Didier Olinga (Droit international) et Pascal Messanga Nyamding (Integration et coopération au développement), question de recueillir leurs propositions.
Ce qui n’a pas été fait, à en croire des enseignants contactés. Même le directeur adjoint chargé des études, Stéphane Ngwanza a été, d’après diverses sources, ignoré dans la sélection des candidats au départ de la Chine, laquelle est jugée « arbitraire ».
De fait, « comment comprendre que pour un séminaire où sont attendus des candidats camerounais qualifiés, le directeur de l’école porte son choix sur des agents d’appui tels que son secrétaire particulier, le chef des jardiniers, l’intendant, la secrétaire du directeur adjoint ou la responsable de la communication, et des assistants, à l’instar de Melvis Ndiloseh et Mme Mendo Ze ? S’agit-il d’un voyage d’agrément ou d’un séminaire pour des professionnels ? Cela ne va-t-il porter un coup à l’image du Cameroun ?», s’interroge un enseignant.
La « bavure » est telle que le président du comité directeur de l’Iric (le Minrex) et le vice-président (le Minesup) ont pris des distances vis-à-vis du directeur de cette école. Joint au téléphone hier par Mutations, Pierre Emmanuel Tabi s’est montré évasif, renvoyant le reporter vers l’ambassade de Chine. « C’est elle qui définit les profils », déclare-t-il. Pour ce ministre plénipotentiaire, toute démarche journalistique contraire n’est pas « professionnelle ».
Côté chinois, l’attaché commercial, Li Ziliang (qui a servi d’interface entre l’Iric et l’ambassade) indique « c’est le directeur de l’Iric qui a donné la liste des candidats retenus. La partie chinoise ne recommande pas des candidats. Nous avons naturellement fait confiance au directeur. Si les enseignants de cette école sont fâchés, ils doivent s’en prendre à leur directeur et non à la l’ambassade de Chine ».