Le poste de secrétaire général de la présidence au Cameroun est un poste clé, façonné par et pour Paul Biya. Depuis sa création, de nombreux occupants ont connu des fortunes diverses, certains ayant même fini en prison.

Marafa Hamidou Yaya, un des illustres occupants du poste, a cru pouvoir suggérer à Paul Biya de prendre sa retraite, mais cela lui a coûté cher. Joseph Owona, quant à lui, a signé un jour le décret de révocation du patron de la CRTV, la télévision nationale, sans demander l'avis du président, ce qui lui a également valu des ennuis.

Beaucoup ont également succombé à l'appât du gain facile, sûrs de leur impunité. Cependant, Paul Biya a su utiliser le secrétaire général de la présidence comme un fusible, le livrant à la vindicte populaire avant de le jeter en prison. Titus Edzoa, Marafa Hamidou Yaya, Jean-Marie Atangana Mebara et même Ephraïm Inoni ont ainsi fini derrière les barreaux.

La pratique des délégations de signatures a été instaurée par Ahmadou Ahidjo, et Paul Biya lui-même en a bénéficié de 1967 à 1975 en tant que secrétaire général. Cependant, il a su garder la tête froide et dissimuler son ambition à Ahidjo, qui l'a nommé Premier ministre en 1975. Son successeur, Samuel Eboua, lui a fait vivre l'amère expérience de devoir avaler des couleuvres face à la toute-puissance du secrétaire général.

Depuis, l'animosité entre le secrétariat général et le Premier ministre ne fait que des perdants. Les chefs du gouvernement passent pour des carriéristes falots prêts à accepter toutes les humiliations pour conserver leurs maroquins, tandis que leurs concurrents de la présidence confortent leur réputation d'usurpateurs arrogants de la fonction de chef d'État. Tous récoltent une impopularité inguérissable, trop handicapante pour espérer un jour gagner une élection présidentielle et prétendre à la succession de Paul Biya.

En somme, le poste de secrétaire général de la présidence au Cameroun est un poste à haut risque, qui peut mener à la toute-puissance ou à la chute. Paul Biya a su en tirer parti pour asseoir son pouvoir et écarter ses rivaux, mais cette stratégie a également créé des tensions et des rivalités au sein de l'appareil d'État.