Actualités of Wednesday, 22 June 2016

Source: Sans Détour

Un scandale agite le Minfopra et le Minfi

Photo d'archives utilisée à titre d'illustration Photo d'archives utilisée à titre d'illustration

Officiellement close depuis 2010, la contractualisation des ex-temporaires de l’Etat resurgit au ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative sous la forme d’un scandale qui  ébranle jusqu’au ministère des Finances. Et depuis quelques semaines, une enquête policière  tente de dénicher les fraudeurs au sein des deux départements ministériels.

Décidément, la fraude dans le recrutement des personnels de l’Etat a la peau dure. Autant au Premier ministère qu’au ministère de la Fonction publique, on savait l’opération de contractualisation des ex-temporaires de l’Etat des ex-temporaires de l’Etat bouclée depuis 2010. Mais c’était sans compter avec la fertile imagination de quelques faussaires établis au sein du ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative, qui avaient scanné la signature de l’ancien ministre Emmanuel Bonde, et qui se donnaient à coeur joie à la surenchère de cette opération, recrutant à leur guise, moyennant des paiements indus de la part des nouveaux candidats.

Une manoeuvre qui avait la malheur de gonfler de façon pernicieuse le service de la solde publique chaque fin du mois. Interpellé par sa hiérarchie à déposer le rapport final de l’opération de contractualisation des exemployés de l’Etat, le nouveau ministre de la Fonction publique, qui n’était pas en poste à l’époque de celle-ci, a dû recourir à ses collaborateurs pour comprendre pourquoi ce rapport final n’avait pas été déposé. Il lui sera répondu que celui-ci n’avait pas été dressé par l’Inspecteur Général des Services en fonction à cette période, qui entre temps avait pris sa retraite. Michel Ange Angouing dut interpeller l’ex-inspecteur Nana Ismaël pour venir finir cette mission qu’il avait commencée. C’est manifestement ce rapport final qui permit de découvrir que le nombre des personnels contractualisés qui émargeaient chaque mois dans les caisses de l’Etat était largement au-dessus du quota fixé par le gouvernement.

Sanctions

Un constat aux relents de scandale, qui trahit l’existence des réseaux mafieux qui continuaient de recruter au-delà de la date butoir de l’opération. Sur la foi de cette découverte, c’est Michel Ange Angouing en personne qui prit la décision de saisir les services compétents de la police judiciaire à Yaoundé. Les premières enquêtes ont commencé à mettre à nu le réseau des faussaires, composé essentiellement de quelques responsables et agents précédemment impliqués dans la chaîne de l’opération de contractualisation, et qui avaient scanné la signature de l’ancien ministre pour continuer de délivrer des décisions frauduleuses de contractualisation au profit des nouveaux demandeurs, dont de nombreux candidats précédemment recalés.

Les enquêtes ont déjà vu défiler dans les services de la police judiciaire de nombreux agents et responsables du ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative, afin de s’expliquer sur leur participation présumée à cette entreprise criminelle. Nos sources évoquent des agents du ministère des Finances qui auraient été interrogés également par les fins limiers de la police judiciaire dans le cadre de la même enquête.

Mais en attendant les conclusions définitives des investigations en cours, des sanctions sont déjà prises à titre conservatoire à l’encontre des agents et responsables du Minfopra directement mis en cause dans le scandale. A la clé, de nombreuses suspensions de fonctions, dont celle d’un certain Souaïbou - informaticien, dont le nom a été cité dans des scandales précédents au Minfopra sans suite, et qui faisait office Secrétaire technique de l’opération de contractualisation. On note aussi l’affectation de nombreux agents des services sensibles du ministère, manifestement afin de ne pas laisser leur esprit délictueux contaminer les autres personnels.

Des sources introduites font état de la désactivation des matricules des personnels frauduleusement recrutés par ces réseaux, suivant une collaboration entre le ministère de la Fonction publique et celui des Finances. Si l’on en croit les indiscrétions autour de l’enquête, c’est une véritable bourrasque qui pourrait s’abattre sur le Minfopra dans les jours à venir, avec la mise aux arrêts redoutée de nombreux agents et responsables, sans oublier les bénéficiaires de cette contractualisation frauduleuse. Des mesures qui participent de l’assainissement qui constitue l’un des leitmotivs du ministre Michel Ange Angouing, qui devra s’armer de plus de détermination pour venir à bout des réseaux de faussaires qui ont fait leur nid au sein de la Fonction publique camerounaise.