Actualités of Thursday, 6 July 2023

Source: www.camerounweb.com

Un succès en trompe œil pour Louis Paul Motaze : Jeune Afrique déballe tout

Louis Paul Motaze et Paul Biya Louis Paul Motaze et Paul Biya

Selon Jeune Afrique,lL'emprunt obligataire émis par le Cameroun a été couronné de succès, malgré le désintérêt général des souscripteurs, notamment des banques, pour les tranches à plus longue échéance. Une analyse s'impose.

Un triomphe pour Louis Paul Motaze, le ministre des Finances, malgré les appréhensions initiales liées à la complexité de l'opération. L'emprunt obligataire à tranches multiples lancé par l'État camerounais, qui s'est achevé le 30 juin, a mobilisé 176,7 milliards de francs CFA (269,3 millions d'euros), dépassant ainsi les 150 milliards de F CFA annoncés, soit une sursouscription de 117,8 %.

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Ce succès est en grande partie attribuable au consortium arrangeur, qui a mobilisé 118,8 milliards de F CFA (181,1 millions d'euros), représentant plus de 67 % du montant total collecté. La Société générale Capital Securities Central Africa arrive en tête avec 32 milliards de F CFA, suivie de près par Afriland Bourse avec 30,7 milliards. Financia Capital (21 milliards), Upline Securities Central Africa (USCA, groupe BCP – 20 milliards) et Attijari Securities Central Africa (ASCA, groupe Attijariwafa Bank – 15 milliards) complètent ce financement.

Préférence pour la prudence

Les résultats révèlent une sursouscription des tranches A (3 ans de maturité, taux d'intérêt de 5,80 %) et B (4 ans de maturité, taux d'intérêt de 6 %), avec respectivement 79,3 milliards (198 %) et 61,6 milliards (154 %) mobilisés. En revanche, les tranches C (6 ans ; 6,75 %) et D (8 ans ; 7,25 %) n'ont attiré que légèrement plus de la moitié des objectifs de souscription, avec 25 milliards de F CFA et 10,6 milliards de F CFA collectés.

Dans un contexte de hausse des taux d'intérêt et de resserrement de la liquidité par la banque centrale, les investisseurs institutionnels ont choisi d'adopter une approche prudente en privilégiant les échéances à court terme. Un dirigeant d'une société de courtage estime que les titres perdront de la valeur si la tendance à la hausse se poursuit.

Préférence pour l'épargne à court terme et le financement à long terme

Cette préférence pour les échéances courtes est principalement le fait des banques, qui sont les principaux souscripteurs. Les premiers résultats montrent que les établissements financiers et bancaires ont contribué à hauteur de 64,08 %, avec une nette domination des banques. Celles-ci sont tenues de respecter les ratios de prudence surveillés par la Commission bancaire d'Afrique centrale (Cobac).

Cette répartition met en évidence le problème perpétuel de la structure de l'épargne en zone Cemac. « Nous rencontrons des difficultés à transformer nos ressources en épargne à long terme. Les banques, et surtout les compagnies d'assurance, vendent très peu de produits d'épargne à long terme. Par conséquent, il y a un déséquilibre entre l'abondance de l'épargne à court terme détenue par les premières et le besoin de financement à long terme », explique un analyste financier.

Une opération peu rentable

Outre les conditions du marché, cet attrait pour les premières tranches a également influencé les autres souscripteurs, dont le nombre a dépassé cette année les 560, contre près de 420 l'année précédente. « Ces nouveaux investisseurs ont d'abord testé les échéances à court terme qui leur étaient proposées », indique notre analyste. De plus, les gestionnaires d'actifs, les compagnies d'assurance et les fonds de pension n'ont pas été particulièrement actifs.

Tous les acteurs s'accordent à dire que la mobilisation aurait été moindre si l'opération avait été structurée sur une seule échéance de 7 ou 8 ans. En effet, « il s'agit d'une opération qui n'est pas particulièrement rentable en termes de taux, comparée à l'opération menée par le Gabon par exemple [6,25 % sur cinq ans, ndlr], ou aux émissions monétaires », conclut le dirigeant d'une des sociétés membres du consortium.