Un homme d’une quarantaine d’années déambule dans le centre de Kouyapé, localité située à 20 kilomètres de Mora sur le tronçon Mora-Koza.
Il est vêtu d’un teeshirt, d’un pantalon jean et chausse des tennis. Un accoutrement inhabituel pour les habitants de cette localité. Le bonhomme cherche son chemin, en se renseignant auprès des riverains. Voici que les soupçons comment à peser sur lui car, en effet, l’unique route qui traverse cette contrée est celle qui mène à Koza.
Difficile de l’ignorer en effet, à moins que l’on ne soit originaire du coin. Soupçonneuse, la population fait appel au président du comité de vigilance de la localité, Paul Ladé. Aussitôt interpellé, le suspect est sommé de fournir des informations sur sa localité de provenance. Ses réponses ne satisfont pas le président du comité de vigilance qui sollicite alors l’appui de son collègue de Tolkomari, Matthé Tchamaya, pour tirer l’affaire au clair.
Celui-ci arrive sur place et le suspect est une fois de plus soumis à un nouvel interrogatoire. «C’est vers 14 heures que j’ai été appelé par le président du comité de vigilance de Kouyapé qui m’a demandé de le rencontrer le plus vite possible. Je n’ai pas hésité car j’ai vite compris qu’il y avait urgence. Sur place, Paul Ladé et moi avons posé quelques questions au suspect. Il voulait d’abord nous mener en bateau, mais il a compris que nous avons investigué sur lui et est passé aux aveux», relate Matthé Tchamaya.
En fait, chaque fois que le suspect affirmait être originaire de tel ou tel autre village, les présidents des comités de vigilance prenaient le soin de vérifier l’information auprès des lawans des dits villages. A aucun moment, le suspect n’a été reconnu par un seul chef traditionnel. C’est donc en désespoir de cause qu’il a fini par passer aux aveux, à en croire Matthé Tchamaya. «Il a avoué qu’il avait fui leur base située dans la brousse de Djibrilli et qu’il voulait se réfugier à Mora pour être hors de portée de ses anciens camarades», explique le président du comité de vigilance de Tolkomari.
Aussi, des images d’armes de guerre et de personnes en train d’égorger des hommes ont été retrouvées dans la mémoire du téléphone du suspect. «A partir de là, il n’y a plus eu de doute qu’il faisait bel et bien partie de la secte terroriste. Nous l’avons conduit au poste de l’armée et là-bas, il a été une fois de plus interrogé. La même version qu’il nous a dite a été réitérée aux militaires. Le même jour, le chef de poste l’a conduit à la base du 42ème bataillon de Mora», ajoute Matthé Tchamaya. Détenu par l’armée, le suspect qui déclare s’appeler Seini, devra sans doute répondre des charges qui pèsent sur lui devant les tribunaux militaires.