Un homme de 37 ans a été arrêté à Messamena pour détention illégale et tentative de commercialisation de près de 100 kg d'écailles de pangolins. L'arrestation qui a eu lieu le vendredi 14 avril 2017 en mi-journée, a été réalisée par les agents du Poste de Contrôle Forestier et de Chasse assistés des éléments de la Brigade de Messamena, lors d'une opération coup de poing qui a permis de mettre la main sur le célèbre trafiquant d'écailles de pangolins qui faisait déjà l'objet d'enquêtes depuis quelque temps.
Le trafiquant qui tient une échoppe à Messamena est soupçonné d'avoir régulièrement fourni des écailles de pangolins aux clients à Yaoundé et à Douala. Les enquêtes préliminaires indiquent qu'il transportait et vendait d’importantes quantités d'écailles de pangolins, et au retour, il achetait de la marchandise pour approvisionner sa boutique. Mais ce jour-là, comme par mauvaise fortune, les enquêtes avaient déjà fourni assez d'informations révélant l’imminence de la vente illégale d'écailles de pangolins dans la ville. L'opération a été menée avec l'appui technique de The Last Great Ape Organization (LAGA).
Le trafiquant qui est actuellement derrière les barreaux devrait faire face à deux chefs d'accusation, à savoir la détention et la circulation illégale des trophées d'une espèce sauvage intégralement protégée, et ceci conformément aux dispositions des articles 101 et 158 de la loi faunique de 1994, il pourrait ainsi écoper d'une peine de prison pouvant aller jusqu'à 3 ans.
Le Cameroun abrite trois espèces de pangolins, et seul le pangolin géant était classifié comme espèce intégralement protégée. Mais après la dernière COP de la CITES tenue l'an dernier en Afrique du Sud, toutes les espèces de pangolins sont passées à l'Annexe I qui offre le plus haut niveau de protection dans le cadre de cette Convention de l'ONU relative au commerce des espèces sauvages. Le Ministre Ngole Philip Ngwesse a réagi promptement à cette résolution de la CITES en publiant en janvier 2017, une lettre circulaire laquelle précisait que toutes les espèces de pangolins sont désormais totalement protégées au Cameroun.
Le commerce illicite des écailles de pangolins a connu une augmentation très rapide au cours des deux dernières années grâce à l'accroissement de la demande des marchés asiatiques. Les écailles sont abondamment utilisées dans la médecine traditionnelle chinoise et comme aphrodisiaques malgré l'absence de preuves scientifiques de leurs propriétés thérapeutiques ou curatives. Ceci est à l'origine d'un énorme marché noir d’écailles et les pangolins d'Afrique paient la lourde tribu en raison des demandes sans cesse croissantes d’écailles. Les écailles sont collectées par de plus petits trafiquants qui parcourent les villages et achètent les écailles pour approvisionner les plus grands trafiquants comme celui qui a été arrêté à Messamena. Ils fournissent à leur tour des trafiquants chinois comme ceux arrêtés en janvier dernier à Douala avec plus de 5 tonnes d'écailles dissimulées dans deux énormes containeurs prêts à être exportés vers la Chine.
Le trafiquant est actuellement derrière les barreaux. L'opération a eu lieu quelques heures après que trois hommes aient été arrêtées à Meiganga dans la région d'Adamaoua, pour trafic de peaux de félins, dont une peau de lion et de deux peaux de panthère. L'intensification des opérations visant l'application effective de la loi faunique, tend à stopper une activité illicite qui décime les populations d’animaux sauvages dans le pays et le gouvernement semble bien s'attaquer au problème.