Actualités of Tuesday, 22 May 2018

Source: cameroonvoice.com

Un village anglophone incendié lors de la célébration du 20 mai

Le village  Ngolo-Metoko dans l'arrondissement d'Ekondo-Titi incendié Le village Ngolo-Metoko dans l'arrondissement d'Ekondo-Titi incendié

On ne pouvait pas trouver mieux que la date du 20 mai, jour de la célébration de la "Fête de l'Unité", fête nationale du Cameroun, pour raviver dans le subconscient de tous les Camerounais la notion « d'unité nationale » évoquée dans les discours politiciens par marquer ce vivre ensemble qui doit caractériser la coexistence des communautés anglophones et francophones du pays.

C'est pourtant ce jour que les autorités camerounaises ont choisi pour incendier un autre village anglophone. Un art dans lequel ils sont passés maîtres depuis de nombreux mois déjà, et qui porte à 75 le nombre de villages passés par le feu.


Dimanche, 20 mai 2018, alors que le Cameroun célèbre en mondovision et dans la ferveur, la 46ème édition de sa fête nationale, encore appelée « fête de l'Unité », avec des milliers de soldats et de policiers paradant fièrement sous les pieds du président Paul Biya, avec leurs équipements dernier cri, pour prouver qu'ils ont les moyens d'une action efficace et d'envergure contre toute agression, un village anglophone, Ngolo-Metoko dans l'arrondissement d'Ekondo-Titi, subissait pour la deuxième fois en l'espace de 72 heures, les affres de l'oppression perpétrée par des soldats camerounais, qui ont profité du fait que les attentions étaient captivées par la fête, pour aller y commettre des horreurs.

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Au moins 29 habitations ont été incendiées dans ce village dans la journée du 20 mai, y compris la résidence du père de l'actuel Secrétaire Général Adjoint N° 2 de l'Assemblée Nationale du Cameroun, Godwill Okia Mukete.

Pourtant, de sources très sûres, quatre jours auparavant, lors du premier passage de l'armé qui a fait 6 morts parmi les civils de ce village et 1 mort parmi les militaires, monsieur Godwill Okia Mukete aurait contacté des responsables de l'armée en mission dans la région du Sud-ouest, pour leur suggérer de faire tout ce qu'ils estimaient nécessaire de faire pour discipliner les populations, mais de ne pas incendier les maisons comme les militaires l'avaient fait ce jour au village Lepenja Barombi. Il avait formulé ene demande identique quelques semaines plus tôt quand de présumés sécessionnistes avaient envahi sa propre résidence de campagne, et avait été écouté, puisque l'évacuation des assaillants aurait été obtenue par la négociation.

Cette fois-ci, cela n'a pas été le cas, parce que visiblement l'armée n'a pas digéré le fait que l'un des leurs ait été tué à l'aide d'un fusil de chasse par un garçon d'environ 14 ans qui vengeait ainsi un de ses parents abattu quelques heures auparavant par des militaires.

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L'incendie en plein 20 mai du village Ngolo Metoko ne vient pas seulement montrer que le gouvernement camerounais et son armée sont désormais arrivés à un point de non retour qui consiste à juguler le problème anglophone par la méthode de l'éradication complète de cette minorité, mais porte aussi à 75 le nombre de villages brulés.

En effet, une mise à jour de la liste des villages anglophones incendiés montre que ce ne sont pas seulement 61 villages qui ont été passés par le feu comme l'indiquait samedi un communiqué publié par l'avocat et défenseur des droits de l'homme Felix Agbor Balla Nkongho, mais bel et bien 73 (voire liste en fin de page). En y ajoutant les villages Lepenja Barombi incendié jeudi et Ngolo Metoko, dimanche, on a un total de 75 villages brulés et par conséquent désertés par leurs habitants.

Dans une interview qu'il a accordée récemment à l'AFP, Le General Donatien Melingui Nouma, Commandant de la 21e Brigade d'infanterie motorisée avait d'ailleurs reconnu les exactions commises par les militaires, en indiquant que l'armée avait certes incendié des habitations, mais que ces opérations avaient pour but de détruire les caches d'armes sécessionnistes : "Nous n'incendions que des maisons où on découvre des armes".

Quelques semaines après, ce général a été limogé de la 21ème BIM et renvoyé aux services centraux du ministère de la Défense à Yaoundé. Si la raison évoquée par des médias locaux penche pour des dysfonctionnements opérationnels ayant empêché l'armée d'obtenir des résultats probants face aux sécessionnistes, des observateurs font plutôt le lien entre ce limogeage et les déclarations de l'officier général à un média étranger.

Ils ajoutent que la tête du Général aurait été demandée et obtenue par le ministre qui ne lui a pas pardonné l'indiscipline de certains soldats affectés au front de la guerre contre les séparatistes, qui ont révélé il y a trois mois, les dessous de cette guerre, en faisant savoir que le ministre de la Défense tirait ses marrons du feu de cette affaire en complicité avec certains pontes du sérail, en faisant perdurer la crise pour se faire beaucoup d'argent.

Le ministre Beti Assomo prendrait des décisions en matière de décaissements des fonds sans suivre les règles nationales en matière de financement des combats, et se défend en affirmant que le pays étant en guerre, la volonté du chef de l'Etat d'en finir avec les sécessionnistes ne serait pas traduite dans les faits s'il fallait suivre les procédures.