Les femmes se font constamment tuer au Cameroun. Alors qu’on est qu’en Avril, l’on recense plus de 20 cas de féminicides. Face à cette situation inquiétante, le Collectif STOP FEMINICIDES 237 envoie une lettre au Chef de l’Etat Paul Biya lui demandant de prendre des mesures afin de renforcer la protection des femmes et des filles camerounaises.
Voici la lettre du collectif signée par 16 associations :
Nous membres d'organisations de la société civile féminine camerounaise et de femmes soucieuses de la place des femmes dans notre société du COLLECTIF STOP FEMINICIDES 237, nous adressons à vous aujourd'hui avec une profonde inquiétude et une grande consternation quant à la recrudescence des violences faites aux femmes et aux filles dans notre pays. Nous sommes témoins, avec effroi, des massacres odieux perpétrés contre les femmes de notre nation.
En effet, selon un décompte réalisé par au travers des medias, sur les réseaux sociaux et sur le terrain 21(vingt et un) cas de féminicides ont été dénombrés au Cameroun depuis janvier 2023 Les cas les plus connus étant
-MISPA NANGUN, vendeuse de nourriture ambulante, déplacée interne de la guerre en zone anglophone dont le corps a été découvert en état de décomposition à Edéa le 21 février 2023, le cas de MENTCHUM WAMBO, égorgée par son mari à Mokolo dans l'Extrême-Nord du pays le 12 avril 2023. -DANIELLE ZOUSSE enlevée, violée et tuée aux alentours de mvan à Yaoundé le 16 mars 2023.
Il faut dire que, l'assassinat de VANESSA YOUBI a attiré l'attention de l'opinion publique sur les féminicides malgré les alertes répétées des organisations de la société civile, cette dernière qui a été violée et tuée ainsi que les organes retirés, ses trois(3) enfants et ses nièces tuées également dans leur maison le 06 avril 2023 a NANGA EBOKO, Le meurtrier aurait été assisté de sept complices, et aurait ensuite mis fin à ses jours lors de sa garde à vue dans les locaux de la police. Ces informations renforcent le sentiment d'impunité qui prévaut au sein de l'opinion publique, alors que les violences contre les femmes continuent de se perpétrer à un rythme effrayant.
Son Excellence,
Qu'il vous souvienne que la Commission Nationale de Lutte pour les Droits de l'Homme et des Libertés qui est un organisme place sous votre autorité, a déjà relevé dans un de ses rapports, 130(Cent trente) cas de féminicides enregistrés entre 2021 et 2022 dans notre pays. Le Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille avait également rapporté 9.000(neuf mille) cas de violences physiques perpétrés en 2020. Seulement, malgré leur gravité ces chiffres ne représentent en réalité qu'une infime partie des cas de violences physiques subies par les femmes au Cameroun. Il est fort probable que de nombreuses violences demeurent cachées, faute de courage pour les dénoncer. Les violences psychologiques et économiques sont tout aussi répandues, et constituent le point de départ des violences physiques, contribuant grandement à l'intériorisation systémique des femmes.
Son Excellence,
Cette situation qui prévaut dans notre société doit alarmer la société entière. Ces vies arrachées, ces personnes brisées et ces familles affligées doivent interpeller nos consciences et nos humanités. Plus encore, il devient impératif d'endiguer cette tendance meurtrière afin d'éviter des
En tant que représentant du sommet de l'État du Cameroun, nous sommes conscients de vos hautes responsabilités face à la situation préoccupante qui affecte les femmes dans notre société. Nous nous référons ici à la tendance meurtrière qui s'intensifie chaque jour, causant des deuils, des souffrances et des traumatismes à nos sœurs, mères, filles et épouses doivent nous interpeller en tant qu'êtres humains conscients de la nécessité de protéger les droits fondamentaux de chaque individu, qu'il soit homme ou femme.
Votre engagement à travers la signature des conventions internationales telles que la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et le protocole à la charte africaine des droits de l'homme et des peuples relatif aux droits des femmes communément appelé le protocole de MAPUTO, qui portent sur la protection des droits des femmes, est un rappel essentiel de l'importance de l'égalité des sexes dans notre société. C'est pourquoi, en tant que majorité au parlement, nous vous appelons à prendre des mesures urgentes pour la protection des femmes.
À travers ce collectif, nous souhaitons faire entendre nos voix afin que Votre Haute personnalité veille à la mise en place de mesures concrètes et efficaces visant à protéger davantage les femmes contre les violences physiques, psychologiques et économiques auxquelles elles sont confrontées quotidiennement dans notre pays. Nous espérons que des actions fortes seront entreprises pour lutter contre l'impunité et pour que justice soit rendue aux victimes et à leurs familles.
À ce titre, nous avons identifié des demandes urgentes et sectorielles pour les droits des femmes que nous souhaitons porter à votre attention.
Au niveau du pouvoir Exécutif, nous pensons qu'il est impératif d'accentuer la formation des officiers de police judiciaire dans l'accueil, le traitement et la diligence des plaintes et dénonciations des victimes de violences basées sur le genre. Il est également nécessaire de mettre sur pied une brigade spécialisée pour le traitement des violences faites aux femmes et aux enfants, afin de leur offrir une assistance adéquate. De plus, il est essentiel de protéger les femmes qui ont initié des dénonciations afin qu'elles ne subissent aucunes représailles de la part de leurs bourreaux.
Dans le même ordre d'idées, l'État se doit d'accroître le nombre de centres pour les femmes en détresse, pour que ces dernières ne soient plus contraintes de cohabiter avec leurs bourreaux le temps des procédures judiciaires et pénales. Il faut également former, normaliser et améliorer le fonctionnement des services sociaux, pour assurer une prise en charge plus efficace des victimes.
Il est crucial de mettre sur pied, dans toute l'administration, des cellules destinées à accueillir et traiter toutes les dénonciations liées aux harcèlements et aux violences, mais surtout pour combattre le sexisme et la misogynie faites aux femmes dans l'administration publique. Enfin, il est essentiel d'allouer des ressources budgétaires nécessaires pour une mise en œuvre et un suivi efficace des actions visant à prévenir les violences faites aux femmes et aux filles.
Une autre mesure importante consiste à créer des cellules spéciales pour accueillir les victimes de viol dans les structures hospitalières. Ces cellules permettront aux victimes d'obtenir des soins médicaux et psychologiques adéquats, ainsi qu'une assistance juridique pour poursuivre leurs agresseurs en justice.
Concernant le pouvoir judiciaire, nous recommandons la mise en place d'une cour spécialisée pour le traitement des violences faites aux femmes et aux enfants. Il est également crucial de doter le système judiciaire d'un mécanisme de protection des victimes et des témoins de ces violences. Enfin, nous insistons sur la nécessité de systématiser la célérité des traitements des affaires judiciaires liées à ces violences afin de garantir une justice rapide et efficace pour les victimes.
Plaidant en faveur de la protection des femmes et des enfants contre les violences sexistes, nous préconisons, au niveau du Parlement, une mise à jour du code de procédure pénale afin de garantir leur protection lors des procédures judiciaires. Nous recommandons également une révision du code pénal pour sanctionner toutes les formes de violences, y compris les violences psychologiques et économiques, ainsi que les comportements et propos sexistes et misogynes. En outre, nous appelons à l'adoption d'une loi pour éliminer toutes les formes de violences à l'égard des femmes et des filles et à la mise en place d'un nouveau code de la famille qui prenne en compte tous les droits desdites femmes et filles.
Nous vous prions de bien vouloir accorder une attention particulière à ces mesures, qui, si elles sont mises en œuvre, permettront de sauver des vies et de protéger les droits des femmes. Nous restons convaincus que vous prendrez en compte nos recommandations et agirez rapidement pour mettre en place des mesures concrètes pour protéger les femmes et les filles du Cameroun contre les violences sexistes et les féminicides.
Tout en vous remerciant pour votre considération et pour vos actions en faveur de la promotion des droits des femmes dans notre pays, nous vous prions de croire, Excellence Monsieur le Président de la République, en l'assurance de notre respectueuse considération.