Actualités of Friday, 17 April 2015

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Une plainte contre Michel Thierry Atangana

Deux avocats camerounais de l’ex-détenu lui réclament le paiement de leurs honoraires qui s’élèvent à plus de 200 millions FCfa.

Le verdict de l’affaire qui oppose Michel Thierry Atangana à ses avocats sera rendu ce 11 mai 2015. En effet, tel que le prévoit la loi qui organise la profession d’avocats s’agissant de la réclamation d’honoraires, Me Jacques Mbuny et Me Raphael Ledoux Nana ont déposé, le 4 novembre 2014, une plainte auprès du bâtonnier de l’Ordre contre leur ancien client, détenu au Cameroun pendant 17 ans pour détournement de deniers publics et libéré en février 2014.

Me Jacques Mbuny exige de Michel Thierry Atangana la somme de 145 millions FCfa. Avocat de l’accusé Atangana dans l’affaire Copisur, Me Jacques Mbuny est constitué en 2006. Il défend l’homme d’affaires dès l’enquête préliminaire (au déclenchement de la procédure), puis pendant la phase de l’instruction, lors de la phase de jugement au Tribunal de grande instance (TGI) du Mfoundi (il est condamné à 20 ans de prison), et devant la Cour suprême (la peine du Tgi est confirmée) où la procédure s’est achevée en 2013.

Par ailleurs, l’avocat assurait, dans d’autres procédures, la défense des sociétés appartenant à Michel Thierry Atangana dans les litiges où elles étaient citées au Cameroun. Lorsque Michel Thierry Atangana est libéré dans la nuit du 24 février 2014 après avoir bénéficié d’une remise totale de peines accordée par le chef de l’Etat, il est conduit dans les locaux de l’ambassade de France à Yaoundé.

C’est dans cette enceinte diplomatique que l’avocat a son dernier entretien avec Michel Thierry Atangana, le lendemain de sa libération, avant de que ce dernier s’envole pour la France. Depuis lors, malgré ses multiples tentatives, Me Mbuny dit n’avoir plus réussi à entrer en contact avec son client.

Relances

Dans ce contexte, sa note d’honoraires a été transmise le 26 mars 2014 à Me Brigitte Fotso, notaire de Michel Thierry Atangana, qui a été présentée par ce dernier comme sa « représentante au Cameroun ». Comme son confrère avec lequel il a travaillé dans le dossier Copisur (à partir de la phase de jugement) et dans d’autres affaires judiciaires de Michel Thierry Atangana, Me Raphael Ledoux Nana n’a plus jamais eu de nouvelles de son client après son départ en France.

L’avocat réclame un peu plus de 60 millions FCfa à Michel Thierry Atangana. Après leurs vaines relances, tout auprès de leur leur client par mail qu’à sa représentante au Cameroun, les deux avocats ont décidé de saisir le bâtonnier aux fins de « taxation d’honoraires ».

Au cours de cette procédure dans laquelle Michel Thierry Atangana est défendu par Me Jean De Dieu Momo, il a été proposé 15 millions FCfa à Me Mbuny. Une somme que l’avocat a refusé de recevoir, estimant que le travail qu’il a mené pendant près de 10 ans pour les intérêts de Michel Thierry Atangana ne mérite pas un tel salaire.

« En dehors de quelques provisions qui ne dépassent pas 5 millions FCfa, je n’ai rien reçu de Michel Thierry Atangana pendant toutes ces années », assure l’avocat. Pour la défense de son client, Me Jean de Dieu Momo a argué que Michel Thierry Atangana lui a fait savoir que ces avocats le défendaient dans « un cadre humanitaire ».

Règlement

Il reviendra au bâtonnier, Me Francis Ngnie Kamga de trancher à travers une ordonnance dans laquelle il fixera le montant d’honoraires que Michel Thierry Atangana devra effectivement verser à chacun à de ces avocats. Dans le cas où la décision du bâtonnier ne convient pas à Michel Thierry Atangana, il a possibilité de saisir les juridictions pour le règlement de ce différend. Dans le cas contraire, la loi lui impose de se conformer à l’acte pris par le bâtonnier, sous peine de saisie ou de confiscations de biens.

Depuis son retour en France, Michel Thierry Atangana s’affiche en défenseur des « prisonniers politiques » du Cameroun. Il assure notamment la présidence du Comité pour la libération de Lydienne Yen Eyoum, condamné à 25 ans de prison. Hier, 15 mars 2015, une conférence sur sa « détention arbitraire » au Cameroun a été organisée à Paris par son association « Atangana contre l’oppression et l’arbitraire » et l’Ordre des avocats de Paris.