Cela faisait des semaines qu'une grande offensive contre Boko Haram était attendue. Les troupes du Niger du Bénin, du Nigeria, du Tchad et du Cameroun réunis dans la Force multinationale mixte (FMM) avancent de concert pour acculer les terroristes retranchés sur les rives du lac Tchad.
Depuis l’attaque surprise par Boko Haram de Bosso au Niger, à l’extrême sud-est, entre le Lac Tchad et la frontière nigériane, le 3 juin dernier, qui avait provoqué la mort de 26 soldats nigériens et nigérians et de dizaines de civils, la Force multinationale mixte de lutte contre Boko Haram (FMM), qui comprend les cinq armées de la sous-région (Niger, Bénin, Nigeria, Tchad, Cameroun) préparait intensément pas de nombreuses manœuvres cette grande confrontation décisive.
« En réalité, nous l’avions prévue de plus longue date mais l’attaque de Bosso a été un accélérateur », a confirmé à Jeune Afrique Massaoudou Hassoumi, le ministre nigérien de la Défense nationale. « En tout, 3 000 soldats nigériens, de l’artillerie, des blindés, de l’aviation aussi, sont engagés dans cette offensive », a-t-il précisé.
Selon des sources militaires étrangères, près de 4 000 soldats tchadiens participeraient depuis le Tchad à cette grande opération, ainsi que 2 000 Camerounais. Les Nigérians ont pour leur part lancé plusieurs offensives simultanées. L’idée étant toujours de prendre en tenaille les combattants de la secte islamiste qui a prêté allégeance à l’organisation État islamique (EI) en juin 2014.
Nous avons bon espoir de gagner cette bataille
Les soldats nigériens seraient actuellement en train de ratisser la zone frontalière, pas très éloignée de Diffa, en avançant village par village au Nigeria jusqu’à Damasak où ils auraient pénétré ce mercredi 27 juillet en soirée. Cette ville nigériane était tombée aux mains de Boko Haram le 14 juillet dernier. Au préalable, l’aviation nigérienne serait intervenue pour nettoyer la zone. Plusieurs villages nigérians auraient notamment été bombardés par des avions de chasse. « Nous avons bon espoir de gagner cette bataille », a précisé pour sa part le ministre de l’Intérieur Mohamed Bazoum à Jeune Afrique. « Nos armées ne rencontrent pratiquement pas de résistance », a-t-il ajouté. Selon un observateur sur place, des combats très violents ont cependant éclaté plus tard dans la soirée à Damasak. Aucun bilan des victimes n’a été donné.
L’opération en cours a officiellement commencé lundi, coordonnée – vraisemblablement depuis Diffa – par le général nigérian Lamidi Adeosun, commandant de la Force multinationale mixte de lutte contre Boko Haram (FMM). Une longue colonne de forces de sécurité nigériennes aurait franchi dès dimanche le pont de Doutsi pour entamer cette opération dite de « salubrité » de l’autre côté de la frontière avec le Nigeria. L’objectif de cette grande offensive est d’abord de neutraliser les poches de résistance de la secte dans l’un de ses fiefs à la frontière avec le Niger. « Nous irons jusqu’au bout, promet le ministre nigérien de la Défense, Massaoudou Hassoumi. Cette offensive est partie pour ne pas s’arrêter. Nous sommes décidés à en finir avec Boko Haram ».
Sur place, de son côté, l’UNHCR parle d’une « situation alarmante, avec de graves manques d’eau, de nombreux problèmes de maladies (choléra) et de sécurité entre ethnies et communautés dans les deux principaux camps ». Les réfugiés et déplacés continuent d’affluer dans la région de Diffa sur le camp de réfugiés de Sayam Forage et celui de Kabelaw qui accueille les déplacés internes ainsi que dans la centaine de petits sites dispersés dans la région du lac Tchad et à la frontière nigériane. Le nombre de réfugiés, déplacés et retournés est estimé à plus de 241 000 personnes, mais le chiffre devrait s’allonger selon l’UNHCR, consécutivement aux récents affrontements militaires.