Le don du Chef de l’Etat censé aider les étudiants dans leurs travaux académiques prend plutôt une autre destination, celle du marché noir.
Les coprs de l’Université de Ngaoundéré attendaient, comme leurs autres camarades du triangle national, cet outil moderne destiné à l’amélioration de l’acquisition du savoir dans les campus. Seulement, l’attente a été très longue à l’université de Ngaoundéré au point où certains apprenants ne comptaient plus recevoir cet appareil. «On a longtemps attendu. Le ministre de l’enseignement supérieur ne considère pas trop les étudiants des universités situées dans la partie septentrionale de notre pays», regrette un étudiant très remonté, rencontré sur le campus de Dang.
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Dans cette université, la distribution s’est déroulée en plusieurs phases. D’abord les athlètes qui ont pris part aux jeux universitaires ont reçu les leurs lors d’une cérémonie protocolaire présidée par le ministre lui-même. La suite de la distribution a eu lieu sur place au campus de Dang. Seul bémol dans cette affaire de machine qui a défrayé la chronique, la capacité de stockage l’outil, qui pour certains apprenants n’est pas à la hauteur des étudiants.
Pour Akono, «32 giga c’est tellement insignifiant pour dire qu’on a fait un don à quelqu’un». Comme Akono, ils sont des centaines qui voient en cet outil une moquerie de la jeunesse estudiantine du Cameroun.
La conséquence logique de cette situation est la vente sur un marché noir qui s’est créée. Les prix varient en fonction des étudiants et de la façon avec laquelle il convainc l’acquéreur. Entre 25.000 et 45.000 FCFA, les ordinateurs PB Hev sont écoulés sur ce marché de couloir. Les acheteurs se recrutent aussi bien parmi les étudiants que des simples usagers.
Les plus avisés préfèrent conserver ces machines bien que n’ayant pas des licences d’exploitation pour l’utilisation de microsoft. Leur argument se fonde sur l’autonomie. Bien chargée, le PB Hev peut facilement dépasser les quatre heures d’autonomie. Dans une région où les coupures de l’énergie électrique sont quasi quotidiennes, ces ordinateurs servent parfois des sources d’énergie pour recharger les smartphones.
Dans cette atmosphère, certaines machines sont défectueuses. Certaines d’entre elles ne se mettent pas en marche, d’autres refusent et ne reconnaissent pas les chargeurs. Ce qui poussent les étudiants à considérer ces machines comme un cadeau « empoisonné ».
L’administration universitaire n’ayant pas pris de mesure visant à remplacer les machines défectueuses, les étudiants sont abandonnés à eux. Du coup, des « réparateurs » des PB Hev ont vu le jour dans le village universitaire de Dang. Ce qui permet à ceux-ci de se faire un peu de sous, même si la réparation est partielle.
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Au Centre de Développement des Technologies de l’Information et de la Communication de l’Université de Ngaoundéré, on tente de convaincre les étudiants de ne pas vendre ces machines, car les «conditions sont réunies pour l’interconnexion des universités camerounaises. Et avec la fibre optique en cours d’installation sur le campus, ils pourront aisément tirer profit de ces machines», explique Emmanuel Gbetnkom, informaticien en service à l’université de Ngaoundéré.
En attendant de doter l’université des moyens techniques permettant une bonne utilisation de ces machines, les cop’s qui les ont gardées continuent de profiter de ce « cadeau présidentiel ».