Ahmed Abba était détenu depuis plus de deux ans, 29 mois très exactement. Notre confrère en langue haoussa a été arrêté à Maroua, dans l’Extrême-Nord du Cameroun, le 30 juillet 2015. Ahmed était en reportage, il exerçait son métier de journaliste puisqu’il couvrait la situation de crise liée aux activités du groupe Boko Haram.
La justice camerounaise en première instance l’a condamné à 10 ans de prison ferme pour non-dénonciation et blanchiment du produit d’un acte terroriste. Les juges par contre l’ont acquitté du crime d’apologie du terrorisme, une charge qui aurait pu lui valoir la peine de mort.
Radio France Internationale et ses avocats n’ont cessé au cours de ces très longs mois de clamer l’innocence d’Ahmed Abba. Il a été soutenu dans son combat par de très nombreux journalistes, camerounais et étrangers, des organisations de défense de la profession, des organisations de défense des droits de l’homme.
Il aura fallu attendre quatre mois pour qu’Ahmed Abba puisse voir un avocat. Durant cette période, notre correspondant a subi des sévices. Et il aura fallu attendre le mois de février 2016 pour qu’enfin, le procès commence. Dans un vaste chaos judiciaire. Sans véritable instruction.
On ne compte plus le nombre de renvois, d’audiences au tribunal militaire de Yaoundé. Les murs et le plafond de la salle, Ahmed Abba a eu le temps de les regarder. Yves Rocle, directeur Afrique de RFI, et Cécile Mégie, directrice de l’information, aussi. Car à chacune des audiences, la direction de RFI était présente. Pour dire l’innocence d’Ahmed. Le soutenir dans cette épreuve.