Il nous est revenu que le gouvernement accuse le directeur général de l’agence de régulation des télécommunications (ART), Philemon Zo’o Zame. Mais de quoi est-il accusé ? De bloquer la baisse des prix du téléphone et Internet dans le pays. Plus d’explications dans ce post de Boris Bertolt.

Le Cameroun est l’un des pays en Afrique où la minute de communication coûte très cher. C’est un secret de polichinelle. Le gouvernement en est pleinement conscient.

C’est ainsi que le 18 mai 2022, le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh a répercuté au ministre des postes et télécommunications, Libom Li Likeng les instructions du président de la République, Paul Biya visant à : « endiguer la baisse des revenus que connaît actuellement le secteur ».

Ces revenus très importants pour les finances entraient directement dans les caisses des multinationales. Ainsi voici ce que la présidence de la République a demandé au Minpostel de faire appliquer en coaction avec l’Agence de Régulation des Télécommunications (ART) :

« Fixer les prix planchers des services suivants applicables sur une période d'un an : 1) al voix : 15 FCFA la minute avec l’alignement des tarifs on-net et off-net ; 2) le SMS: 1 FCFA avec l'alignement des tarifs on-nei et off-nei ; 3) les données : 1,2 FCFA le mégaoctet (Mo) avec une baisse de 20% sur les tarifs du segment des marchés de gros par Camtel ; réviser et exiger l'application stricte de la décision n° 0000008G/ART/DG/DAJPCdu 22 mai 7.914 fixant les conditions et modalités de lancement par les opérateurs des offres promotionnelles de services des communications électroniques ».

Sauf que depuis trois ans, rien n’a bougé et ce en dépit des multiples relances du Minpostel adressées au DG de l’ART, Philemon Zo’o Zame. La dernière relance c’était le 9 janvier 2025. On peut lire dans la correspondance de Libom Li Likeng adressée à Philemon Zo’o Zame :

« Par sa correspondance n° B251/SG/PR du 18 mai 2022, dont copie ci-jointe, le ministre d'État, secrétaire général de la présidence de la République, me répercutait pour exécution en collaboration avec l'Agence, les très hautes instructions du chef de l'État, me demandant entre autres :

- de fixer les tarifs de détails planchers sur la data, la voix et les SMS, respectivement, à 1,2 FCFA/Megaoctet, 15 FCFA/minute et 1FCFA le SMS ;

- d'aligner les tarifs on-net (intra-réseau) et off-net (inter-réseau) des services de communications électroniques de détails ;

- d'intégrer les titulaires de licence et de déclaration préalable au sein du Comité national de lutte contre la fraude ;

- de faire mettre en place par Camtel, une plateforme de concertation à l'effet de prendre en compte les préoccupations des autres opérateurs en ce qui concerne le déploiement de la fibre optique ;

- de créer sous l'égide de l'ART, une plateforme de négociation et de partage des infrastructures pour tous les opérateurs ».

Ainsi il apparaît que le gouvernement accuse le DG de l’ART de maintenir les prix élevés du téléphone et de l’internet au Cameroun en dépit des hautes instructions. Pour des hauts responsables du Minpostel, Philemon Zo’o Zame protège les multinationales notamment MTN et Orange tout en recevant par derrière ses commissions qu’il peut redistribuer à ses protecteurs au cabinet civil.