Il est vrai que pendant les vacances, les élèves et étudiants ont plus de temps pour s’adonner aux vices, à la débauche aux yeux et à la barbe de leurs parents. Mais à côté de ces jeunes de la débauche, qui s’adonnent au sexe à outrance et à profusion, se trouve d’autres jeunes qui ont encore un peu de pudeur et décident de gagner dignement l’argent qui leur permettra de payer leurs fournitures scolaires et payer leur scolarité….
Ils écument progressivement les trottoirs et même parfois les chaussées de Yaoundé. Pour la plupart issus de familles à revenus intermédiaires, les jeunes élèves se lancent dans des petits métiers générateurs de revenus, question de mieux préparer la rentrée prochaine.
Avenue des banques Yaoundé. Le soleil est à son zénith, et la ruelle est jonchée d'usagers rythmés par de mouvements de va-et-vient. Dans ce décor de tous les jours, figure Xavier, jeune camerounais âgé de 23 ans scolarisé en classe de 3e Espagnole. Plateau de "bita cola" en main, serpente la chaussée dans l'espoir d'écouler le précieux sésame, qu'il vend l'unité à 50 FCFA. Sueur sur le visage, gants de main, c'est avec beaucoup de fierté qu'il exerce son activité nous dira-t-il. "Juste après avoir terminé la dernière épreuve du BEPC, je me suis demandé comment je pouvais aider mes parents". Lâche-t-il. Au Cameroun, c'est le phénomène est récurrent. Au fil du temps, et à mesure que la conjoncture soit précaire, les enfants se livrent à activités génératrices de revenus. Pour ce faire, ils affrontent des risques et pas des moindres pouvant parfois, souvent et toujours aboutir à des cas d'enlèvement, d'agression et le pire à un accident mortel. Comme Xavier à l'avenue des banques, Ghyslaine est une fillette âgée de 13 ans inscrite en primaire.
Le carrefour Bata est son fief de fortune. Depuis pratiquement le berceau, (Ndlr, à 8 ans) elle fait dans la vente des mouchoirs jetables et de friandises. Affectionnée ici, c'est avec une mine heureuse et admirative que les taximen habitués de ce tronçon parlent d'elle. En réalité, ils l'ont quasiment adopté. "Tant qu'elle ne t'enfonce pas le lotus dans la bouche, tu ne peux pas passer" dit l'un des conducteurs de véhicules jaunes ; le sourire blanc sur les lèvres. "Ghys" comme elle se fait appeler affectueusement, nous confie que sa propre affaire, elle la doit à sa maman.
En effet, nous dit-elle, sa mère avait mis à sa disposition une somme de 5 000 FCFA pour lancer son commerce. Celle-ci (Ghyslaine) devait alors écouler la marchandise et faire rentrer sa créancière dans son investissement. "Une fois les 5 000 FCFA remboursé, j'ai commencé à vendre pour préparer la rentrée scolaire" Selon nos enquêtes, la plupart de ces enfants pratiquent de tel activités soit parce qu'ils sont astreints (précarité familiale), soit parce qu'ils sont orphelins ou issus d'environnement social pouvant leur offrir des vacances dignes de ce nom. Ghyslaine par exemple, contribue à l'achat de ses fournitures scolaires, et d'une bonne partie de son argent de poche.
Toutefois, l'activité vacancière des jeunes scolaires, semble être perçue de façon divergente par l'opinion. Certains parents, l'assimilent à de la traite des enfants. Une maman, qui requiert l'anonymat, explique que c'est une attitude irresponsable des parents, qui laissent des enfants sans défense à la merci des dangers de la route. Hubert par exemple un cinquantenaire, pense plutôt qu'il est de bonne augure d'imbiber les enfants à la vie active.
"C'est toujours mieux de les savoirs au travail, que dans des buvettes en train de se droguer et se livrer à des choses bizarres", réplique-il avec un air narquois.
Alors que les vacances pointent à peine à l'horizon, c'est simple dire que le bal des marchands ne fait que commencer et qu'au fur et à mesure que le temps passe, les rues de la capitale politique se rempliront davantage. Seulement, il est impératif de redoubler d'efforts et de vigilance, face aux aléas que connaissent les activités de vacances.