A Odza, dans le quatrième arrondissement de la capitale, deux jeunes gens ont été appréhendés en fin de matinée du 26 juin 2018, au cours d’une patrouille menée par des éléments des Equipes spéciales d'intervention rapide (Esir).
Respectivement âgés de 19 et 21 ans, les deux suspects se sont présentés à la police comme des «stagiaires » recrutés par un étudiant en informatique résidant à Bonamoussadi, dans la zone universitaire de Ngoa-Ekelle.
Au moment de leur interpellation, ils étaient en possession d’une planche de 100 faux timbres fiscaux contrefaits et destinés à la vente. «C’est notre activité de stage de vacances», déclare l’un d’eux, indiquant que le voisinage des commissariats, mairies, tribunaux et d’autres édifices publics sont leurs principaux points d’écoulement.
«Business»
Dévoilés par son camarade lors des premiers instants d’une enquête qui suit son cours, les chiffres présentent un créneau juteux. «Par jour, je peux vendre pour 20 à 30 mille francs CFA», a confessé, à chaud, l’un des «stagiaires». La suite révèle que pour chaque «timbre» vendu, il prélève 250 francs CFA.
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«C’est ça qui me revient et le reste chez le boss », détaille-t-il fiévreusement. Pour maximiser ses chances d’empocher un pactole consistant, les deux interpellés disent ruser avec deux leviers: l’approche vers le client et le feedback. «camer.be Parce qu’on est seul à savoir tout de la qualité du timbre proposé», situent-ils à l’unisson. Selon eux en tout cas, il est souvent plus convainquant de commencer par présenter le besoin auquel répond le produit proposé.
«On démontre au client qu’il y a pénurie de timbres fiscaux dans la ville et que même les machines à timbrer ne fonctionnent pas», apprend-on. Sans anticiper sur leur «solution », les jeunes vendeurs prennent soin de bien décrire la «situation actuelle », le problème auquel ils sont confrontés et ses conséquences, les coûts, les inconvénients, les difficultés, chiffres à l'appui... «Nous démontrons que nos timbres résolvent parfaitement le problème », évacue l’aîné des stagiaires.
Cibles
Parfois cela fonctionne, et d'autres fois, pas. C'est pour cela qu'il faut être au courant des «retours». «Quand un client se plaint ou découvre la supercherie, nous déménageons», explique- t-il. Alors, le choix est porté sur les «points de vente à peu de risques», selon la terminologie de notre interlocuteur. Dans ce choix, le ministère des Finances récolte de bons points grâce à deux facteurs : le flux des vieux retraités et l’anonymat.
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«Ce sont les veuves ou les vieillards que nous ciblons », oriente-t-il. A l’en croire, la situation est surtout bonne quand les moyens des retraités deviennent insuffisants pour faire face aux dépenses courantes devenues trop lourdes ou à des frais imprévus: «c’est là que nos timbres passent couramment».