Quelle suite donner au verdict du procès sur l'assassinat de l'ancien président du Burkina Faso, Thomas Sankara, froidement assassiné le 15 octobre 1987 à Ouagadougou ?
Après 35 ans d'incertitude, le procès sur l'assassinat de Thomas Sankara s'est tenu et a connu son épilogue.
Les principaux accusés sont tous condamnés à divers sentences, compte tenu de leur responsabilité dans cette affaire.
Le verdict du tribunal militaire de Ouagadougou
L'ancien président Blaise Compaoré et le général Gilbert Djendéré sont reconnus coupables par la justice militaire burkinabé d'atteinte à la sureté de l'Etat et de complicité d'assassinat. Tous les deux ont été condamnés à la prison à vie.Hyacinthe Kafando, en fuite et jugé lui aussi par contumace, est coupable d'atteinte à la sûreté de l'Etat et d'assassinat.
Il est présenté pendant le procès comme celui qui a conduit le commando ayant ouvert le feu sur Thomas Sankara et 12 de ses compagnons, le 15 octobre 1987.
Huit autres accusés sont déclarés coupables de complicité d'atteinte à la sûreté de l'Etat, de complicité d'assassinat et de subornation de témoins.
Ils écopent de peines allant de 5 ans avec sursis à 20 ans de prison fermes.
Trois accusés, dont deux médecins qui avaient délivré des actes de décès à certaines familles des victimes avec des fausses mentions sur la nature de la mort, sont relaxés.
Seulement, il y a un certain nombre de questions soulevées auxquelles nos correspondants Simon Gongo (Burkina Faso) et Valéry Bony (Côte d'Ivoire) ont tenté de trouver des réponses.
Les condamnés ont-ils indiqué qu'ils feraient appel ?
Après le verdict, les condamnés ont 15 jours pour faire appel, selon la loi.Le procès en civil qui doit permettre de fixer les dommages et intérêts et désigner qui doit les payer (les accusés ou l'État) est prévu pour le 13 avril prochain.
La position de Blaise Compaoré et de Hyacinthe Kafando, absents du procès et jugés par contumace, est inconnue.
Mais la plupart des condamnés ont manifesté l'intérêt de faire appel, indique un avocat de la défense.
Cependant, aucun d'entre eux n'a déposé à ce jour un acte formel allant dans ce sens.
Ils ont jusqu'au 21 Avril pour se décider.
Blaise Compaoré sera-t-il extradé de Côte d'Ivoire ?
Quand le président Blaise Compaoré a été cité parmi les 14 accusés dans l'affaire Sankara dont le procès est ouvert en octobre 2021, les avocats de la partie civile avaient émis leur souhait de sa présence à la barre.Ce qui ne s'est jamais concrétisé. En exil en Côte d'Ivoire voisine, après avoir été contraint de démissionner lors de manifestations de masse en 2014, le président Compaoré détient désormais la nationalité ivoirienne depuis 2015.
Depuis l'assassinat de Thomas Sankara, le jeudi 15 octobre 1987, à nos jours, il a toujours nié toute implication dans la mort de son frère d'armes.
En 2015, un mandat d'arrêt, toujours maintenu par le tribunal militaire de Ouagadougou, a été émis contre lui, mais la Côte d'Ivoire ne s'est pas exécuté car, dit-on, elle n'estrade pas ses citoyens.
L'ancien président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, est naturalisé ivoirien depuis son exile.
"Concernant le cas de Blaise Compaoré c'est un peu plus compliqué car il a pris la nationalité ivoirienne, le pays de son épouse et il s'y est réfugié depuis plusieurs années", explique Maître Djammen Nzepa, l'avocat de la famille de Thomas Sankara.
Selon lui, malgré tout ce que les avocats, le gouvernement burkinabé et le juge d'instruction ont tenté la Cote d'Ivoire a refusé d'extrader Blaise Compaoré.
Mais il existe tout de même une lueur d'espoir que l'ancien président du Faso vienne faire face à la justice de son pays.
"Nous avons maintenant un outil qui permet d'exercer un certain nombre de pressions auprès du président Ouattara parce que c'est le seul qui peut décider de faire revenir Compaoré au Burkina", affirme Me Nzepa.
Où est Hyacinthe Kafando, le chef présumé du commando qui a abattu Sankara ?
Hyacinthe Kafando était présenté, pendant les débats au procès, comme celui qui a conduit le commando ayant ouvert le feu sur Thomas Sankara et 12 de ses compagnons, le jeudi 15 octobre 1987 au siège du Conseil de la Révolution à Ouagadougou.Selon les informations tirées des débats au procès, Hyacinthe Kafando est en exile en côte d'ivoire.
Mais personne ne peut dire jusque-là où il se trouve en Côte d'Ivoire.
Interrogé par des médias internationaux à son sujet, le président Alassane Ouattara avait affirmé ne pas le connaître.
Les autorités burkinabés ont-elles indiqué une possibilité de grâce/amnistie ?
Pour l'instant, aucun engagement officiel n'a été pris dans ce sens.Cependant, vu que le pays a lancé un programme de réconciliation nationale, il est possible que le président use de son droit de grâce pour les gracier.
Mais rien ne permet de l'affirmer à l'état actuel des choses.
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