Les Camerounais habitués aux « très hautes instructions » du secrétaire général de la présidence de la République ont remarqué quelques changements ces derniers jours. Les ordres de Ferdinand Ngoh Ngoh aux ministres fuitent de moins en moins sur les réseaux sociaux depuis la visite du président français Emmanuel Macron au Cameroun.
Avant cette date, la radio française RFI évoquait déjà la personnalité de SGPR actuel qui contrairement à ses prédécesseurs ne compte pas rester dans l’ombre. Être Premier ministre, c’est donc déjà accepter de ne gérer que la portion congrue du système de gouvernance. Ce qui advient par la suite n’est que la somme du contexte et de la personnalité. Le contexte, c’est celui où le président de la République est de moins en moins capable d’être constamment en première ligne du fait de l’âge (89 ans, NDLR). La personnalité, c’est celle du secrétaire général de la présidence qui, moins que ses prédécesseurs, eux, plus effacés et plus discrets, ne sait pas rester en retrait », analyse Stéphane Akoa politiste et analyste de la politique camerounaise.
Ferdinand Ngoh Ngoh n’est pas supposé donner des instructions directement aux ministres de Paul Biya comme il a l’habitude de le faire. C’est ce que pense l’universitaire Viviane Ondoua Biwolé.
« En ce qui concerne le ministre d’État, secrétaire général à la présidence de la République (SGPR), il ne peut donner des instructions qu’à ses collaborateurs du secrétariat général et, par délégation, aux membres du gouvernement dont la structure est rattachée à la présidence de la République (Contrôle supérieur de l’État, Défense, Marchés publics, entre autres). Pour les autres ministres placés directement sous l’autorité du Premier ministre, l’orthodoxie voudrait qu’il demande au secrétaire général des services du Premier ministre (son homologue) de transmettre au Premier ministre (qui n’est pas sous son autorité hiérarchique) les instructions du président de la République (en application d’une délégation) à relayer aux ministres », déclare-t-elle.
La convocation et l’audition de Ferdinand Ngoh Ngoh par le Tribunal Criminel Spécial dans le cadre de l’affaire dite « Covidgate » fragilisent ce proche collaborateur de Paul Biya que beaucoup voyaient déjà à Etoudi.