C’est ce qu’exige une Ong. Pour elle, la responsabilité de ces deux personnalités du parti au pouvoir est engageable dans cet incident du 8 décembre 2016, qui a endeuillé des familles dans le chef-lieu de la région du Nord-Ouest
Le responsable de cette organisation non gouvernementale a donné une conférence de presse à Bamenda. Chongsi Joseph Ayeah, directeur exécutif de l’Ong de défense de droits de l’Homme Chrapa (center for human rights and peace advocacy) est formel : « je pense qu’il faut ouvrir une enquête sur les émeutes de Bamenda. J’estime que le premier ministre et le secrétaire général du Rdpc doivent être entendus dans le cadre de cette enquête ».
C’était le 31 décembre 2016 au cours d’un point de presse, au siège de cette Ong à Ghana Street Bamenda. Pour lui la responsabilité de ces deux personnalités du parti au pouvoir est engageable dans cet incident du 8 décembre 2016 qui a endeuillé des familles dans le chef-lieu de la région du Nord-Ouest. A le croire, aucune raison valable ne justifiait la tenue d’un meeting du Rdpc à Bamenda en cette date fatidique. Au regard même de la tension qui couvait dans la région à la suite de la grève lancée respectivement par les avocats et les syndicats des enseignants anglophones.
A l’en croire les initiateurs de ce meeting, animés par leurs intérêts égoïstes, n’avaient qu’un seul but : narguer les avocats de la Common law, les enseignants et partant les élèves du sous-système éducatif anglophone. Ces deux composantes demandent dans leur mot d’ordre, le respect du caractère bi-juridique et bi-culturel du Cameroun tel que contenu dans la constitution de 1996. Aussi, le directeur exécutif de Chrapa exige une poursuite judiciaire et une sanction à l’encontre des éléments des forces de l’ordre qui ont tiré à bout portant, tuant au passage des jeunes qui « exerçaient leur droit fondamental : le droit à la grève pacifique reconnu par les textes internationaux ratifiés par le Cameroun et inscrits dans la constitution de notre pays ».
Il n’y est pas allé du dos de la cuillère pour fustiger la sortie du ministre de la Communication qui indiquait que 54 jeunes ont arrêtés. Selon Chongsi Joseph Ayeah, environ 200 jeunes âgés de 17 à 25 ans ont été interpellés et gardés à la légion de gendarmerie à Up-station Bamenda « les membres des familles de ces derniers se sont plaints qu’on demandait 210.000F de caution pour la libération de chacun d’eux. Ceux dont les parents ne pouvaient regrouper cette somme ont été transférés à Yaoundé où ils sont détenus en lieu inconnu et leur vie est menacée ».
Pour Chongsi Joseph Ayeah, 103 de ces jeunes sont actuellement en détention dans des conditions pitoyables à Yaoundé « ils sont détenus dans des cellules exigües, nourriture inadéquate, prise en charge médical limité, condition sanitaire et hygiénique déplorable ». Il ajoute « des allégations font état de ce que nombreux d’entre eux seraient déjà morts et certains en train de perdre des parties de leur corps, suite à des bastonnades constantes et la faim ».
En transférant ces jeunes de Bamenda à Yaoundé, les responsables de cet acte ont violé les dispositions de l’article 2 al 1, chapitre 2 du code de procédure pénal relatif au lieu du crime, s’insurge le directeur exécutif de Chrapa pour qui ceci constitue un « enlèvement forcé qui est un aspect de la torture grave pour les victimes, les membres de leur famille et amis ».
Cette Ong qui bénéficie d’un statut spécial consultatif auprès Conseil économique et social des Nations-Unies a puisé dans le contexte historique qui a conduit à l’indépendance du Cameroun occidental pour démontrer ce qu’il appelle « la marginalisation, l’annexion, l’assimilation de la partie anglophone par la partie francophone ».
Il estime que l’entourage du chef de l’Etat ne lui dit pas la vérité. C’est ainsi qu’il a saisi l’opportunité de cette conférence de presse samedi dernier 31 décembre 2016, pour inviter aussi bien le gouvernement, les leaders des avocats de la Common Law et des syndicats des enseignants anglophones d’engager immédiatement un dialogue franc, ouvert et sincère.
Ceci afin de trouver,- pour l’amour de la justice, de la paix et du développement au Cameroun-, une solution durable aux problèmes soulevés par ces corporations. Aussi, demande-t-il au gouvernement de mettre sur pied sans délais, une commission d’investigation indépendante et impartiale pour faire la lumière sur les cas suspects de morts et surtout ceux qui seraient décédés en détention. La méthodologie des investigations doit être rendue publique et les personnes responsables de ces tueries sanctionnées, prescrit Chongsi Joseph Ayeah.
Le président de Chrapa condamne les crimes, violations et abus de droits perpétrés aussi bien par les civils que les forces de l’ordre. Tout comme il demande au gouvernement de diligenter une enquête sur ces crimes, violations et abus de droits. Il demande en outre la mise sur pied d’une commission indépendante qui va non seulement résoudre le problème anglophone mais également tous les autres problèmes qui minent le Cameroun ; lesquels peuvent aboutir à une révision imminente de la constitution.