Notre confrère L’Action, le journal d’information et de propagande du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), édition n°1033 du mercredi 11 novembre 2011, est formel : « A l’intérieur du territoire national et selon le chronogramme arrêté par les différentes commissions régionales de suivi en rapport avec les commissions départementales de coordination, tout est pratiquement terminé au niveau des cellules, des comités de base et des sous-sections depuis près d’une semaine et l’élection des bureaux de sections, qui est censé sanctionner la fin du processus électoral devrait avoir lieu le week-end prochain [ce week-end, ndlr] entre le 14 et le 16 novembre 2015 ».
Ce timing, apprend-on, vise à laisser suffisamment de temps à la gestion des contentieux éventuels, afin qu’à la date du 10 décembre 2015, le renouvellement soit terminé dans toutes les sections du parti au Cameroun et à l’extérieur du pays. Parlant de contentieux, les échos en provenance de l’ensemble des unités politiques du parti au pouvoir commandent de penser qu’il sera particulièrement volumineux.
Le principal dysfonctionnement constaté est la confiscation des cartes par certains militants engagés ou non dans la compétition électorale, dans le but de verrouiller le jeu électoral. « Il y a des gens qui paniquent, qui ont peur des élections. Ils ont acheté des milliers et des milliers de cartes qu’ils ont confisquées ou remis à leurs affidés présidents de sous-sections ou autres, qui les confisquent à leur tour », s’indignait Jean Marie Nga Koumda, ancien député, dans une précédente livraison de Mutations.
A l’épreuve du terrain, l’expérience du vote populaire, qui visait à renforcer la démocratie interne, lutter contre la corruption des électeurs et consolider la légitimation des responsables locaux du parti, est un cuisant échec. La volonté du président national du Rdpc, Paul Biya, de voir organiser des élections démocratiques, transparentes, ouvertes à tous les militantes et militants à jour de leurs cotisations, sur la base du sommier politique validé par le secrétariat général, a été trahie.
Les pratiques dénoncées par le passé et proscrites dans la circulaire du 1er août 2015 signée de Paul Biya ont fait de la résistance. le renforcement de l’intégration nationale, la promotion des femmes et des jeunes, la prise en compte des minorités, le rejet de toute forme de trafic d’influence et d’envahissement de l’argent, la connaissance et la maîtrise des options et du fonctionnement du parti, la loyauté, la fidélité et la disponibilité, l’exemplarité, la moralité et la discipline, l’ancienneté et les services rendus au parti, l’expérience dans l’encadrement des structures de base, la capacité à convaincre, à mobiliser et à rassembler.
Autant d’options et engagements du parti au pouvoir qui ont été, pour la plupart, allègrement bafoués. Des personnalités ayant des comptes à rendre à la justice sont passées entre les mailles du filet. L’élite prébendière du Rdpc a fait feu de tout bois pour caporaliser le processus.
Dans les 377 sections (360 à l’intérieur du territoire national et 17 à l’étranger), la colère flambe, le mécontentement est rampant et le bilan affligeant. Après le psychodrame des investitures, le renouvellement des bureaux des organes de base du Rdpc est un autre rendez-vous démocratique manqué au sein du Rdpc.