Alors que la Province ecclésiastique de Yaoundé entame, ce dimanche, un triduum de prière en vue des obsèques de Mgr Jean Marie Benoît Bala, l‘évêque du diocèse le plus proche de Bafia lui rend un hommage très émouvant.
« Voisin », voilà comment Mgr Sosthène Bayémi nomme le défunt évêque de Bafia dans ce texte plein d’émotion et d’espérance dont Ebugnti a obtenu copie. « Je voudrais juste te dire adieu, à Dieu, à nous revoir », peut-on lire.
L’évêque du diocèse d’Obala dit découvrir, dans le « départ » de son « voisin », la précarité et la fragilité d’une vie d’apôtre. « Oui, nous les apôtres, affirme-t-il, ressemblons à des gens qui portent un trésor dans des poteries sans valeur ». « Ainsi, poursuit-il, on voit bien que cette puissance extraordinaire que nous avons ne vient pas de nous, mais de Dieu ».
Une puissance qui permet de subir l’épreuve sans être écrasé, d’être pourchassé sans être abandonné du Seigneur, d’être terrassé sans être anéanti. Mgr Bayémi répond ainsi à la question qui exaspère tous les croyants à savoir : pourquoi malgré les prières, Dieu a-t-il laissé que Mgr Bala soit assassiné ?
De ce « cauchemar », il ressort pourtant grandi. Il y a acquis « la certitude que le rocher de la foi, sur lequel le Seigneur a fondé son Eglise, résistera toujours aux assauts des forces des ténèbres ».
Des similitudes avec la mort du Christ
L’évêque d’Obala établit un rapport entre la fin de son père dans l’épiscopat et la passion du Christ. Car, « comme le ciel s’est tu, n’a plus répondu » au Seigneur au Golgotha, ainsi en a-t-il été du peuple de Dieu sur le pont d’Ebebda.
Il illustre son propos par une célèbre hymne de la passion, avec ces deux versets évocateurs : « La colère s’est perdu dans l’oubli » et « la prière s’est perdu ans la nuit ». Le parallèle va jusque dans le vécu ministériel du défunt.
Une existence à la fois don et mystère. Elle est don dans sa vie (« C’est le don de Dieu » était sa devise épiscopale) et mystère de par sa disparition. Cette mort est donc une invite à la foi, pour « aller au fond du mystère afin de ne pas la perdre comme les gens qui n’ont pas d’Espérance ».
De la division de l’Eglise et l’ivraie
Ce texte n’est pas simplement un hommage. Il dévoile aussi le sentiment plein de colère et d’amertume d’un prélat qui a vécu le drame de la disparition et de la mort de Mgr Bala depuis Rome où il conduisait la délégation camerounaise aux festivités du Cinquantenaire du Renouveau Charismatique.
Trois versets y sont consacrés à l’Eglise et l’environnement particulièrement délétère de ces obsèques. Ils trahissent peut-être une réalité que l’on s’efforce de nier depuis la disparition de Mgr Jean Marie Benoît Bala et l’imbroglio juridico-policier qui a suivi.
C’est ainsi que Mgr Sosthène Bayémi indique que « Le Malin essaye de semer l’ivraie dans le champ du Seigneur ». « Le Diviseur, insiste-t-il, essaye de semer la zizanie dans le troupeau du Seigneur ». Puis il assène, telle une sentence : « il n’aura pas le dernier mot ».
En mémorial du Christ qui le premier » fut aux prises avec les pires tourments, trahi, renié et même ayant le sentiment d’être abandonné », il remet, entre les mains du Père, l’esprit de ce « Voisin ».