Depuis le déclenchement des exactions de Boko Haram et la guerre contre la secte islamiste qui en est suivie, le journaliste Guibai Gatama, directeur de publication de L’Œil du Sahel est apparu aux yeux des observateurs comme un personnage avisé du conflit.
Fouineur dans une région qui l’a vu naitre, aiguilleur de conscience, il a toujours donné des informations de première main. Ses analyses au vitriol sont une source à laquelle plusieurs spécialistes s’abreuvent à cœur joie. Et à l’international, il a acquis une notoriété auprès des médias qui obtiennent auprès de lui un éclairage d’une autorité incontestable.
Aujourd’hui, Guibai Gatama est sans conteste l’un des meilleurs connaisseurs du Grand-Nord du Cameroun. Derrière ses lunettes à la monture ronde qui rappelle bien l’allure des intellectuels des années 60, se cache un esprit vif dans un regard débonnaire qui maitrise avec tact et éloquence, toutes les arcanes du microcosme socio-politique et même sécuritaire du Septentrion.
Plusieurs fois, il a été accusé d’appartenir à la secte islamique Boko Haram.
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A ce sujet, il s’en est expliqué : « Même sur le plan religieux, il y a un problème. Je suis de religion chrétienne et je ne vois pas comment Boko Haram, qui prône un islamisme rigoureux, pourrait s’associer à un chrétien ».
Des enquêtes ont même été faites dans ses bureaux qui pourraient établir le moindre lien entre le personnage et des groupes armés, commanditaires des enlèvements dans le Grand-Nord.
Les zones de conflit de la guerre contre Boko Haram, les principaux acteurs militaires et politiques, les contours liés aux comités de vigilance et le théâtre des affrontements au Cameroun ont toujours une place de choix dans les notes (Le Cameroun en guerre) du journaliste chevronné. C’est donc naturellement que sa page Facebook est devenue une source d’information fiable. Il en est de même pour le journal L’Œil du Sahel qui est devenu un lanceur d’alerte.
Exécution sommaire
Sur la vidéo montrant l’exécution sommaire de deux femmes et de leurs deux enfants attribués aux militaires camerounais et réfutées par certains, Guibai Gatama pensait alors que le gouvernement devait enquêter sur cette vidéo tournée dans un environnement qui rappelle bien celui de l’Extrême nord du Cameroun.
Finalement l’enquête instruite par le président de la République et chef des armées a eu raison des démentis formulés par le ministre de la Communication Issa Tchiroma. Aujourd’hui, l’on ne parle plus de Fake News, mais bel et bien des militaires mis aux arrêts pour cet acte odieux et ignoble qui a créé l’émoi et la consternation au-delà des frontières nationales.
Dès le 22 juillet 2018 sur sa page Facebook, il annonce ceci : « Le quatrième militaire interpellé dans le cadre de l’enquête ouverte sur la vidéo querellée, dans laquelle l’on voit des femmes et des enfants exécutés par des hommes armés dans un environnement qui rappelle celui de l’Extrême-nord du Cameroun, est le lieutenant de vaisseau Etienne Fabassou.
En service à Yagoua (responsable des Anciens Combattants), il a été conduit à Yaoundé le 19 juillet dernier ».
« Cet officier, qui fait l’objet simplement d’une enquête a commandé une unité d’une cinquantaine d’hommes dans le Mayo-Moskota (département du Mayo-Tsanaga), entre janvier 2014 et avril 2014. L’unité était basée à Zeleved et couvrait un vaste secteur allant de Tourou jusqu’à Gouzda-Vreket », poursuivait-il.
En montant au créneau, le journaliste s’exprimait ainsi : « S’il ressort que la vidéo est authentique, et que ceux qui ont abattu froidement ces femmes et enfants appartiennent à l’armée camerounaise, alors celle-ci doit mettre un point d’honneur à retrouver ces brebis galeuses, et à les livrer dans les plus brefs délais à la justice militaire ».
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De nouvelles révélations font état de ce que le lieu de l’exécution est une bourgade de Zeleved dans l’arrondissement de Mayo Moskota, département du Mayo-Tsanaga.
Les victimes : la première femme (en rouge) se nomme Zoumtegui Ndomoko et la seconde, Kelou Manatsad. Elles et leurs deux enfants sont enterrés au pied de la montagne visible dans la vidéo et appelée « Vizi Kokor Vegebi ». La scène se serait déroulée à un kilomètre environ du poste militaire de Zeleved, l’unique couvrant à l’époque une vaste zone allant de Gouzda-Vreket à Tourou.
Le cri de cœur de Guibai Gatama a été entendu alors que continue la lutte citoyenne pour la liberté et de la justice sociale.
Hier à la tête du collectif « Unis pour le Cameroun » en rapport avec la guerre contre Boko Haram pour un élan populaire de solidarité en faveur des victimes, il s’active aujourd’hui dans le cadre de l’élection présidentielle du 07 octobre 2018, à travers son concept « Observateur d’un jour ». Il sera question de faire, vivre avec photos et vidéos, l’élection dans les différents bureaux de vote sur la page Facebook de Guibai Gatama. C’est un autre acte citoyen du combattant de la liberté, donneur d’alerte par excellence.