Actualités of Saturday, 25 August 2018

Source: camer.be

Vidéos d’exécutions: les révélations choc du feu général Jacob Kodji

Jacob Kodji dénonçait l’usage du téléphone par les soldats lors des opérations sensibles Jacob Kodji dénonçait l’usage du téléphone par les soldats lors des opérations sensibles

En novembre 2016, le défunt général révélait aux journalistes que l’enjeu n’en est pas moins, à titre principal, de fournir de la matière aux Organisations non gouvernementales, aux amis et aux familles.

De son vivant, il était l’ami de la presse. Avec elle, le général Jacob Kodji pouvait, sur un ton blagueur, partager quelques potins du front contre Boko Haram à l’Extrême-nord. Devisant allègrement avec des journalistes commis pour un voyage de presse à travers les postes de combat de la 4ème région militaire interarmées (4ème RMIA), le défunt commandant de cette unité disait faire face à un problème : l’usage du téléphone par les soldats lors des opérations sensibles. Nous sommes à Maroua, le 17 novembre 2016, au réfectoire de l’état-major de la 4ème RMIA.

« Pour le meilleur et pour le pire »

Ici, les hommes de médias se délectent de l’étude commise personnellement par le général de brigade au milieu de ses éléments. Troublé par la récurrence des attaques surprises de Boko Haram, le haut-gradé dit en avoir identifié l’une des causes: « le téléphone androïde », avance-t-il. Last but not the least, cet instrument est presque devenu une extension corporelle de certains. « Il est vissé à leurs mains, toujours prêtes à retweeter, à liker, à partager ou répondre à tout moment à toute sollicitation. Et au front, il est à l’origine du meilleur tout comme du pire ».

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S’attardant surtout sur le pire, l’officier général dit comprendre, en bonne partie, certains revers essuyés par ses hommes. « Quand un soldat manipule, en moyenne, son téléphone 200 fois en deux heures de garde, il ne peut être que surpris par l’ennemi parce qu’il est distrait », fait-il observer, avant de décrire les facettes de l’usage du téléphone par ses éléments.

Aux dires de l’officier supérieur, celles-ci se déclinent en « des tournages vidéos destinées soit aux ONG des droits de l’Homme, soit aux amis ou à la famille et même à certains médias ». Jacob Kodji ne manque pas de signaler que lors des opérations d’envergure, cela est devenu aussi banal qu’addictif dans les rangs. « Parce que paraît-il, beaucoup d’argent circulerait », achève-t-il.

Sonnette d’alarme

Capitalisant sur les indices glanés partout au front contre Boko Haram à l’Extrême-nord, l’homme entreprend de faire des rapports directs au chef de l’Etat sur l’évolution, l’état des lieux et la véritable situation de la guerre, avec une bonne rubrique consacrée à l’utilisation du téléphone.

« Pendant que nous prenons nos jumelles pour contrôler les mouvements de l’ennemi, certains parmi nos éléments au front introduisent au sein de l’opinion des éléments fortuits, dévastateurs des efforts déployés par leurs camarades. Il s’agit notamment des documents audiovisuels tournés à l’aide de téléphones portables, et qui mettent parfois à découvert les stratégies militaires », brandit Jacob Kodji, en guise de résumé à l’une de ses correspondances à Paul Biya.

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Secret défense oblige, le chef militaire se veut pudique. Mais, il assume ces convictions: « quand vous voyez une vidéo indiquant des manœuvres militaires circuler sur les réseaux sociaux, cela vient bien de nos propres « réalisateurs » et non de personne d’autre ». En clair, « ces vidéos sont le plus souvent réalisées par les militaires eux-mêmes », selon International Crisis group dans son rapport d’août 2018. Eclairage de plus pour identifier qui fournit de « précieux détails » aux ONG.

Repris par la chaîne TV5 info en début août courant, le propos de Nicholas Bequelin, au sujet d’une vidéo effroyable montrant des soldats camerounais exécuter deux femmes non armées, le confirme en tout cas. « C’est une opération militaire de représailles contre les populations civiles suite à une attaque de Boko Haram contre les militaires en décembre 2014. En janvier 2015, les militaires camerounais arrivent dans ce village pour des représailles », brandit le directeur régional d'Amnesty International.