Les Camerounais sont confrontés à une crise sans précédent, marquée par une flambée des prix des denrées alimentaires qui ne cesse d'aggraver leur quotidien. Pendant que le gouvernement reste silencieux, le coût de la vie s'envole, et les populations s'enfoncent dans une précarité grandissante.
Dans le Nord du pays, la situation est particulièrement critique. L'ouverture des frontières avec le Nigeria, voisin au pouvoir d'achat plus élevé, a entraîné un exode massif des produits locaux vers ce pays. Les commerçants nigérians, avec des milliards de nairas en poche, achètent à des prix exorbitants les denrées camerounaises, laissant les populations locales dans une situation désespérée.
À Touboro, les prix des produits de base ont atteint des sommets inédits en seulement quelques semaines. Le sac d’arachide est passé de 22 000 FCFA à 37 000 FCFA, tandis que le soja a bondi de 16 000 FCFA à 39 000 FCFA. Le prix du sac de maïs, autrefois à 10 000 FCFA, se vend désormais à 17 000 FCFA. Cette spéculation effrénée vide les marchés locaux au profit du Nigeria, où ces produits sont achetés deux à trois fois leur prix normal.
Les denrées de base telles que l’ail, l’oignon, l’arachide, le pistache, le soja, le riz local, ou encore le mil sont désormais hors de portée des Camerounais. Alors que le pays se voit dépouillé de ses ressources alimentaires, les autorités restent passives, et aucune mesure n'est prise pour enrayer cette fuite vers l'extérieur.
Cette situation contraste vivement avec celle de certains pays voisins comme le Tchad, le Gabon ou encore la Guinée équatoriale, qui ont mis en place des politiques rigoureuses pour protéger leurs ressources. Le Tchad, par exemple, interdit strictement la sortie de ses produits alimentaires. Au Gabon, le bidon d’huile raffinée de 20 litres se vend à 17 000 FCFA, contre 29 000 FCFA au Cameroun. Le Gabon a même fermé ses frontières pour empêcher l’exportation de ses denrées, veillant ainsi au bien-être de sa population.
Au Cameroun, en revanche, les autorités locales semblent faire la sourde oreille face à l'urgence. Le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, est pointé du doigt pour son silence. Pendant ce temps, dans le Nord, des allégations de corruption pèsent sur le gouverneur et le maire de Touboro, accusés de fermer les yeux sur cette ruée vers les produits locaux par les commerçants nigérians.
Ce laxisme met en péril la sécurité alimentaire du Cameroun. Si aucune mesure n'est prise, la famine risque de décimer les populations, déjà fragilisées par la pauvreté. Le pays se vide, et les Camerounais, pris au piège d'une économie spéculative, sont de plus en plus nombreux à se demander jusqu'où ira cette indifférence de l'État face à leur souffrance.