Actualités of Monday, 14 March 2016

Source: cameroon-info.net

Vincent Sosthène Fouda interpellé par la police

Le président du Mcpsd, Vincent Sosthène Fouda-Essomba Le président du Mcpsd, Vincent Sosthène Fouda-Essomba

Dans un entretien avec Cameroon-Info.Net, Vincent Sosthène Fouda, président du Mouvement camerounais pour la Social-démocratie (Mcpsd) raconte comment il a été interpellé hier dimanche 13 mars 2016 alors qu’il participait depuis Yaoundé, à une émission de débat sur la chaine de télévision Vision 4.

A l’origine de son arrestation par la police, ses propos sur le scandale Monique Koumaté, jugés incendiaires par ses pourfendeurs. Libéré après plusieurs heures d’interrogatoire, le leader politique a bien voulu revenir sur les moments chauds qu’il a vécus hier.

Vincent Sosthène Fouda vous êtes de nouveau en liberté après avoir passé quelques heures entre les mains des forces de sécurité ce dimanche 13 mars 2016.

D'entrée de jeu, racontez-nous comment la police a mis la main sur vous ?

Depuis lundi dernier j'ai reçu une invitation à être sur le plateau de vision4 pour le rendez-vous dominical du Club d'Elite. Je m'y suis rendu à 10h40 pour un programme qui débute à 11h. Sur le plateau il y avait déjà monsieur Roger Betala un journaliste économiste et rédacteur en chef de Signatures, puis sont arrivés messieurs Charles Atangana Manda du RDPC et Cabral Libii chroniqueur de la maison et journaliste à radio campus.

Nous avons débuté l'émission sur un sujet d'actualité, le décès la veille samedi à Douala de madame Koumate Monique avec ses deux enfants jumeaux une fille et un garçon. Les images circulaient sur les réseaux sociaux et le présentateur le journaliste Ernest Obama avait décidé de ne pas les présenter. 15 minutes après le début de l'émission nous avions fait un premier tour de table comme il est de tradition, juste pour nous présenter et dire bonjour aux téléspectateurs et aux autres panélistes, au second tour de table l'émission a été interrompue sur ordre du PDG de la maison par un coup de fil.

Pourquoi on vous a arrêté ?

Jusqu'à présent je ne sais pas puisque je n'ai pas pu suivre ce qui se disait sur les chaînes concurrentes au même moment. Visiblement le fait d'avoir pris le temps de présenter les circonstances dans lesquelles s'est noué et produit le drame de Douala, a inquiété le directeur du cabinet civil depuis Genève qui a donc usé de toute son influence pour stopper l'émission.

En effet, après avoir présenté les faits rien que les faits et la chaîne de responsabilités qui va au delà de la personne d'un chirurgien, d'un directeur d'hôpital, d'un ministre de la santé fut-il Mama Fouda du même patronyme que moi, j'ai voulu montrer que le Dr Jean II Dissongo au sortir du CUSS a été propulsé à la tête de l'hôpital de Deido par le ministre Monekosso le tout premier directeur du CUSS par ailleurs son beau-père pendant que son épouse se retrouvait au même poste à l'hôpital Congo à Douala. Sans aucune expérience de management.

Le drame de Douala n'est donc pas simplement un problème de manque de moyen financier mais aussi un problème de médiocratie générale dans toute la chaîne de prise de décision et d'administration dans notre pays. Au regard de tout ceci, j'ai demandé la démission du gouvernement Yang Philomon, le retour du chef de l'Etat au Cameroun pour la formation du nouveau gouvernement, l'ouverture d'une enquête indépendante, le départ du groupe d'assurance AXA du Cameroun afin de mettre une sécurité sociale en place dans notre pays, la mise sur pied d' un « Bouclier santé » destiné à couvrir les personnes qui n’ont rien, c’est la plus grande couche de notre société, ce « bouclier santé » doit être financé d’une part par l’Etat et l’autre moitié par la CNPS.



Vous avez été conduit où après votre interpellation ?

J'ai été conduit comme un vulgaire terroriste à la délégation générale à la sûreté nationale sur ordre sans aucun mandat et un dimanche par des éléments de la police nationale courtois.

Votre interrogatoire portait sur quoi?

Plus qu'un interrogatoire, ce à quoi je suis habitué, il s'agissait de me montrer que mes propos sur le plateau de Vision4 appelaient à la sédition au moment où le Cameroun fait face à une guerre dans sa partie septentrionale.

Est-ce que, à un moment, on a essayé de vous intimider?

Les trois heures passées dans cette maison n'était que pure intimidation dans l'attitude corporelle, dans le langage. J'ai vu se dessiner la communication gouvernementale sur le drame de Douala qui consiste en premier à faire passer l'ensemble du peuple qui demande justice comme des agitateurs, la victime madame Koumate Monique comme une irresponsable.

Qui est intervenu pour qu'on vous libère?

Je ne crois pas qu'il ait eu intervention extérieure, si oui la mobilisation des journalistes et des internautes. Une manifestation avait déjà lieu à Douala devant l'Hôpital de Laquintinie sans moi. Ils ont donc compris pour un mis aux arrêts une multitude se lève spontanément pour réclamer justice. C'est ce que nous faisons encore ici, c'est à dire faire sauter le verrou de la république anesthésiante dans laquelle nous sommes tenus prisonniers par 67 familles et ce depuis 1958. Nous ne sommes pas dans une démarche de prise de la Bastille, ni dans une volonté d'incendier le Reischtag, l'Aurore même n'a encore tiré aucun coup de feu pour citer mon collègue Alain Deneault, nous devons nous libérer du triomphe des médiocres dans un pays où tout reste à construire.

Est ce que c'est vrai que l'émission a été interrompue à cause de votre appel à la démission du gouvernement?

Visiblement oui pourtant ce gouvernement doit démissionner!

En tant que leader politique, quel commentaire vous suscite le drame survenu samedi à l’hôpital Laquinitie

J'ai fait un communiqué de presse après ce drame, j'ai pris le temps de l'analyser et de faire des propositions au Chef de l'Etat pour que nous puissions sortir de cette nuit noire. La chaîne de responsabilité est grande. Il ne s'agit point ici d'aller au plus pressé, ce que les anglo-saxions appellent le "problem solving" que je traduirai par recherche d'une solution immédiate à un problème immédiat.

Nous avons un drame qui nous interpelle et qui s'est noué depuis l'école de formation de nos médecins, jusqu'à la nomination d'un des leurs comme directeur de cet hôpital et la fatalité a voulu que cette femme soit là au mauvais moment prise dans les dents, les mailles de cette longue chaîne. Nous devons voir dans ce drame un appel de détresse à travailler sur le long terme cela s'appelle construire sur des principes, sur une vision politique et pour cela il faut un débat public.

Hors comme vous le constatez au drame de samedi, le gouvernement veut rejeter la responsabilité sur un corps inerte sans vie, que l'on humilie en plein air, en l'absence de toute dignité due à tout vivant, à tout humain comme ce fut le cas avec le père Engelberg Mveng, comme ce fut le cas pour la petite Eva il y a seulement un moi, comme ce fut le cas pour Vanessa Tchatchou. C'est contre tout cela que nous devons nous mobiliser. Refuser de penser mou, refuser que l'ordre médiocre qu'incarne le pouvoir en place soit érigé en modèle. Il ne doit pas être inhumain dans notre pays d'être humain!

Pour finir, un dernier mot?

J'appelle le peuple souverain à résister jusqu'à la démission collective du gouvernement Yang car C’est au sort fait aux plus faibles des siens que l’on reconnait la valeur d’une société. Et c’est au message qu’elle adresse au monde que l’on mesure la grandeur d’une Nation. Dans les deux cas, nous avons failli. Chaque jour nous voyons se renforcer des inégalités, nous assistons à un durcissement des rapports sociaux. La fracture est grande, le fossé est déjà un abîme.

L’organisation de la santé dans notre pays, ne présente ni l'équilibre ni l'équité dont nous avons besoin. Notre système de soins, est un vaste désordre où médecins, personnels soignants et patients ne trouvent point leur compte. Nos structures de soins ne sont efficaces ni dans le curatif ni dans le préventif ; elles ne rassurent plus personne. C’est le moment de faire les corrections nécessaires et ce n’est pas par lettre circulaire du ministre de la santé publique que nous y arriverons. Nous avons une médecine à deux vitesses, l’une pour les riches, l'autre pour les pauvres. Je vous remercie.