La ville de Tokombéré, d'où est originaire le président de l'Assemblée nationale, Cavayé Yéguié Djibril, a été le théâtre de violents affrontements le 19 décembre, mêlant rivalités ethniques et politiques. Une situation complexe qui a laissé la ville dans un état de deuil et de préoccupations multiples.


Le calme précaire règne sur Tokombéré, seulement 24 heures après les émeutes survenues en marge du conseil municipal local. Au moins huit personnes ont perdu la vie, selon un bilan préliminaire non officiel, mais qui pourrait augmenter selon une source locale citée par Jeune Afrique.

La vague de protestations a débuté avec une manifestation visant à empêcher la tenue du conseil municipal du 20 décembre. Les manifestants, mécontents de la gestion municipale, ont réclamé la destitution du maire, Boukar Tikire. Ce dernier avait déjà fait face à des mouvements de contestation similaires en mai, juin, juillet et octobre de la même année.
Les griefs portaient sur la gestion foncière de la commune, notamment l'acquisition de terres réservées aux champs. Les tensions avaient été apaisées précédemment grâce à des négociations et à l'intervention des élites locales, dont le président de l'Assemblée nationale Cavayé Yéguié Djibril.

Cependant, le 19 décembre, les autorités locales, dirigées par le sous-préfet de Tokombéré, ont opté pour une approche plus ferme. Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogène et de tirs de sommation pour disperser les manifestants, entraînant des victimes et des blessés. Les contestataires ont réagi en s'en prenant aux infrastructures publiques, notamment la brigade de gendarmerie et les véhicules officiels.

Certains observateurs estiment que ces mouvements récurrents découlent des rivalités ethniques et politiques dans la région. Les deux principales ethnies de Tokombéré, les Mouyang et les Mboukou, chercheraient à influencer le choix du prochain maire. Cependant, dans l'entourage de Boukar Tikire, le maire actuel, on voit ces troubles comme le résultat des luttes de pouvoir entre Tikire et Boukar Abdourahim, proche du président de l'Assemblée nationale.
Abdourahim aurait été limogé récemment de son poste de directeur de cabinet à l'Assemblée, et certains pensent que les rivalités locales sont exploitées pour affaiblir Tikire. L'ombre des batailles de leadership plane ainsi sur la situation, complexifiant davantage le paysage politique local.