Actualités of Tuesday, 28 June 2022

Source: www.camerounweb.com

Viols, assassinats : HRW révèle (enfin) le vrai visage des Ambazoniens (rapport)

Le rapport accablent les Amba Boys Le rapport accablent les Amba Boys

Accusée d’être un soutien aux groupes armées séparatiste des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameron, l’ONG internationale Human Rights Watch surprend plus d’un avec un rapport accablant qui détaille les exactions commises par les Ambazoniens depuis le début le début de la crise anglophone.

La recrudescence des actes de violence contre les populations civiles dans cette partie anglophone du Cameroun inquiète l’organisation de défense des droits de l’homme qui interpelle les leaders séparatistes. En effet l’année de 2022 est particulièrement meurtrière au Noso. Les séparatistes sont accusés d’avoir communs de nombreux crimes sur le compatriotes (viols de mineurs, meurtres, kidnappings..).

Human Rights Watch a partagé ses conclusions avec les représentants des trois principaux groupes séparatistes, le porte-parole et le vice-président du Ambazonia Interim Government (Sako), Christopher Anu et Dabney Yerima, le chef de la défense des Forces de défense d’Ambazonie (ADF), Capo Daniel ainsi que le président du Mouvement de libération du peuple africain, Ebenezer Derek Mbongo Akwanga. Seul Capo Daniel a répondu à Human Rights Watch.

CamerounWeb vous propose l’intégralité du rapport de HRW qui accable les Amba Boys

Depuis janvier 2022, des combattants séparatistes armés ont tué au moins sept personnes, en ont blessé six autres, ont violé une fille et ont commis d’autres violations graves des droits humains dans les régions anglophones du Cameroun, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Dans un contexte de recrudescence de la violence, les séparatistes ont également brûlé au moins deux écoles, attaqué une université, enlevé jusqu’à 82 personnes, dont 33 élèves et cinq enseignants, et menacé et battu 11 élèves.

« Des groupes séparatistes armés enlèvent, terrorisent et tuent, des civils dans les régions anglophones apparemment sans craindre d’avoir à rendre des comptes, que ce soit à leurs propres dirigeants ou aux autorités judiciaires camerounaises », a déclaré Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior sur l’Afrique centrale à Human Rights Watch. « Les dirigeants des groupes séparatistes devraient immédiatement ordonner à leurs combattants de cesser leurs exactions contre les civils, et de livrer les combattants ayant commis des abus pour qu’ils soient poursuivis. »

Entre le 1er avril et le 15 juin, Human Rights Watch a interrogé par téléphone 38 personnes, dont 27 victimes et témoins d’abus séparatistes, trois membres des familles de victimes, quatre journalistes camerounais et quatre membres d’organisations camerounaises de défense des droits humains. Human Rights Watch a également examiné des dossiers médicaux, 13 vidéos et 56 photographies partagées directement avec les chercheurs de Human Rights Watch ou publiées sur les réseaux sociaux et montrant des preuves d’abus commis par des séparatistes.


Entre le 1er et le 10 mai, Human Rights Watch a partagé ses conclusions avec les représentants des trois principaux groupes séparatistes : le porte-parole du Ambazonia Interim Government (Sako), Christopher Anu, et le vice-président du Ambazonia Interim Government (Sisiku), Dabney Yerima ; le chef de la défense des Forces de défense d’Ambazonie (Ambazonia Defense Forces, ADF), Capo Daniel ; et le président du Mouvement de libération du peuple africain (African People’s Liberation Movement), Ebenezer Derek Mbongo Akwanga. Seul Capo Daniel a répondu.
Le 5 avril, des séparatistes ont pris d’assaut le campus de l’université de Bamenda, à Bambili, dans la région du Nord-Ouest, tirant en l’air et semant la panique parmi les étudiants et les enseignants et provoquant une bousculade qui a blessé au moins cinq personnes. Les combattants ont attaqué l’université parce qu’elle n’avait pas respecté le « confinement » (« lockdown »), ou ordre de rester chez soi, qu’ils avaient déclaré dans toute la région.
Les séparatistes, qui luttent pour créer un État anglophone indépendant d’« Ambazonie » depuis 2016, ciblent les civils qui n’observent pas leurs appels au boycott des écoles ou au confinement généralisé. Ces appels abusifs piétinent les droits fondamentaux d’une population civile déjà terrorisée, et les combattants séparatistes et leurs dirigeants devraient être tenus responsables et punis pour la mise en œuvre violente de ces mesures, a déclaré Human Rights Watch.


Human Rights Watch a parlé à cinq témoins de l’attaque contre l’université de Bamenda, a consulté les informations des médias locaux sur l’incident et a examiné une vidéo de 15 secondes filmée sur le campus le jour de l’attaque, qui montre des étudiants en fuite après avoir entendu des coups de feu.
« J’ai vu trois combattants séparatistes tirer depuis le terrain de football du campus », a déclaré un étudiant de 28 ans à Human Rights Watch. « J’étais à moins de 50 mètres d’eux. Ils ont continué à tirer pendant 20 minutes. »
Selon des témoins, les tirs ont été soutenus pendant environ 25 minutes avant que les gendarmes ne réagissent. Des habitants de Bambili ont déclaré que des combattants du groupe séparatiste Forces de Restauration (Restoration Forces) ont leur camp à Fonyah, situé à moins de six kilomètres du campus.

Ce n’est pas la première fois que des combattants séparatistes attaquent l’université de Bamenda. Human Rights Watch a documenté l’assaut mené le 20 mai 2020 contre un dortoir du campus par des séparatistes, qui ont kidnappé neuf étudiants. Les séparatistes ont emmené les étudiants dans leur camp, les ont battus et les ont détenus pendant cinq jours, jusqu’à ce qu’une rançon soit versée.

Le 26 février, vers 15 heures, des combattants séparatistes ont arrêté deux véhicules des Services de santé de la Convention Baptiste du Cameroun (Cameroon Baptist Convention Health Services, CBCHS), une organisation médicale à but non lucratif, à un poste de contrôle à Mile 90, dans la région du Nord-Ouest. Ils ont tiré sur un véhicule, tuant Jenette Sweyah Shey, une infirmière de 46 ans, et blessant une autre infirmière et un médecin. Les travailleurs de santé revenaient d’Ashong et de Nyonga, deux localités où les CBCHS avaient fourni une assistance médicale aux personnes dans le besoin.

Human Rights Watch s’est entretenu avec deux membres du personnel des CBCHS, une infirmière qui a été témoin du meurtre, et un homme qui a vu le corps de Jenette Shey. « Ils [les combattants séparatistes] ont tiré sur le pare-brise du premier véhicule », a déclaré l’infirmière. « La balle l’a traversé et a touché Jenette au front. Elle est décédée alors que nous l’emmenions en urgence à l’hôpital. »
Capo Daniel, le chef adjoint de la défense des ADF, a déclaré que des combattants des ADF et des combattants appartenant à un autre groupe séparatiste, les Buffles de Bali (Buffaloes of Bali), se trouvaient au poste de contrôle au moment des faits, qu’« il s’agissait d’une erreur d’identité » et que « nous avons présenté nos excuses aux CBCHS » pour cet incident.

Le 28 février, le Coordinateur humanitaire des Nations Unies au Cameroun a condamné dans une déclaration le meurtre de l’infirmière et a appelé les tueurs « à ne pas faire obstacle à l’accès aux services de santé ». Dans une déclaration du 18 mars, les CBCHS ont fourni des informations sur l’incident et ont déclaré que « Shey a perdu la vie en essayant de sauver des vies ».
Les forces de sécurité et les séparatistes armés ont chacun de leur côté attaqué des hôpitaux et du personnel médical dans les régions anglophones depuis 2017.

Le 6 juillet 2020, des séparatistes ont tué un travailleur de santé communautaire de Médecins sans frontières dans la région du Sud-Ouest, après l’avoir accusé de collaborer avec les militaires. Le 10 juin, des combattants séparatistes présumés ont incendié l’hôpital de district de Mamfe, dans la région du Sud-Ouest, privant 85 000 personnes d’accès aux soins de santé, selon le bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires.
Le 16 mai, lors de l’attaque d’une zone résidentielle où vivent des travailleurs de la Cameroon Development Corporation (CBC), une entreprise agroalimentaire publique, à Idenau, dans la région du Sud-Ouest, des combattants séparatistes ont enlevé 30 personnes et l’un d’eux a violé une jeune fille d’une dizaine d’années.

Le 7 avril, des séparatistes armés ont enlevé 33 étudiants du séminaire pour obtenir une rançon à Bachuo-Ntai, dans la région du Sud-Ouest. Les autorités de l’église catholique ont déclaré aux médias que les séminaristes avaient été libérés le jour suivant. On ignore si cette rançon a été versée.

Le 30 mai, les médias locaux ont rapporté que le corps de Lukong Francis, enseignant à la retraite au lycée public de Jakiri, dans la région du Nord-Ouest, et membre du parti au pouvoir, a été retrouvé le 23 mai sur la route entre Mantum et Jakiri, avec des signes de torture. Des enseignants locaux et d’anciens collègues de Lukong ont confirmé à Human Rights Watch que Lukong avait été enlevé par des combattants séparatistes présumés pour avoir participé aux célébrations publiques du 20 mai à l’occasion de la Fête nationale de l’unité, auxquelles les groupes séparatistes s’étaient opposés.

Depuis 2017, les séparatistes armés ont enlevé des centaines de personnes, parmi lesquels des élèves, des enseignants, du personnel de santé, des travailleurs humanitaires, des membres du clergé et des représentants du gouvernement. Ils ont également tué et torturé des civils, et mené des attaques généralisées contre l’éducation. Ils ont intimidé des défenseurs des droits humains, y compris Akem Kelvin Nkwain, membre de l’importante organisation de défense de droits humains Centre for Human Rights and Democracy in Africa (CHRDA).

Les forces gouvernementales ont également commis des violations des droits humains, notamment des incendies de villages, de maisons et de magasins, des meurtres, des tortures, des mauvais traitements, des détentions au secret et des viols de civils.

« Les partenaires régionaux et internationaux du Cameroun devraient intensifier leurs appels au gouvernement camerounais pour qu’il rende des comptes et assure une meilleure protection des civils », a conclu Ilaria Allegrozzi. « Ils devraient également imposer des sanctions ciblées, telles que l’interdiction de voyager et le gel des avoirs, aux dirigeants séparatistes qui portent la responsabilité des exactions commises. »

Informations détaillées sur les récents abus, témoignages
Multiples attaques à Buea, région du Sud-Ouest
Le 12 janvier, des combattants séparatistes qui voulaient perturber le tournoi de football africain de la Coupe d’Afrique des Nations (AFCON) qui s’est tenue au Cameroun du 9 janvier au 6 février ont mené une série d’attaques dans la ville de Buea. Certaines équipes nationales de football s’entraînaient dans la ville. Les séparatistes avaient décrété un confinement et les trois incidents qui ont suivi cette annonce ont tous eu lieu le 12 janvier, apparemment pour punir les personnes qui ne l’observaient pas.

Agression, menaces, blessures d’élèves

Des combattants séparatistes ont agressé physiquement, menacé et humilié un groupe de 11 élèves, dont au moins 4 filles, âgés de 14 à 18 ans, qui se rendaient au lycée Bokova le 12 janvier. Ils ont détruit ou saisi le matériel scolaire de ces élèves et ont tiré dans la jambe droite de l’un d’entre eux.
Human Rights Watch s’est entretenu avec un responsable de l’école des victimes ainsi qu’avec deux victimes, et a visionné une vidéo montrant au moins un combattant armé frappant deux élèves, un garçon et une fille, ainsi que 11 élèves ayant reçu l’ordre de se déshabiller. Dans la vidéo, qui avait circulé sur les media sociaux et dont le responsable de l’école et les élèves ont confirmé l’authenticité, on peut entendre les combattants séparatistes menacer de tuer tout élève qui désobéirait à leurs ordres.

Une élève de 16 ans a déclaré :

Ils étaient environ 15 séparatistes, ils nous ont donné l’ordre d’enlever nos uniformes scolaires. Une fois que nous étions tous nus, ils nous ont battus, donné des coups de pied et menacé de nous tuer. Ils ont dit que les écoles devaient être fermées. Ils ont tiré dans la jambe de mon ami à bout portant. J’étais terrifiée.

Le responsable de l’école a déclaré qu’après l’incident, les élèves étaient traumatisés et ne sont pas venus à l’école pendant plus d’une semaine.
Dans une déclaration diffusée à la radio le 13 janvier, un porte-parole de l’armée, Cyrille Serge Atonfack Guemo, a imputé l’attaque aux combattants séparatistes. Dans une vidéo du 14 janvier partagée sur YouTube, Capo Daniel, le chef adjoint de la défense des ADF, a félicité les combattants du groupe The Mountain Lions pour l’attaque perpétrée contre les élèves, mais a déclaré que les élèves n’auraient pas dû être déshabillés.

Meurtres de civils

Des combattants séparatistes ont tué par balle un chauffeur de taxi de 30 ans et un autre homme dans la zone du marché de Bwitingi, le 12 janvier.
Human Rights Watch a parlé à un témoin du meurtre et à trois personnes qui ont vu les corps, dont un parent de l’une des victimes. Human Rights Watch a également examiné six photographies montrant le corps du chauffeur de taxi à la morgue de l’hôpital de Buea et cinq photographies montrant le taxi après l’attaque.

Un témoin a dit :
J’étais caché derrière un bâtiment. J’ai vu comment des combattants séparatistes ont arrêté un taxi et lui ont tiré dessus à plusieurs reprises. Je ne sais pas ce qui s’est passé. Ce jour-là, c’était une journée « ville fantôme » à cause de l’AFCON. Lorsque la situation s’est calmée, je me suis précipité sur les lieux et j’ai trouvé les corps criblés de balles du chauffeur et de son passager.

La famille du chauffeur de taxi n’a pas déposé plainte auprès des autorités de l’État par crainte de représailles.

Attaque contre un avocat

Le 12 janvier, des combattants séparatistes armés ont tiré sur un avocat, le blessant aux deux jambes et à l’estomac, dans la zone du poste de contrôle à proximité du marché de Bwitingi. Les combattants ont arrêté sa voiture, lui ont donné l’ordre d’en sortir et lui ont tiré dessus à bout portant. « J’ai vu les amba [combattants séparatistes] arrêter sa voiture », a déclaré un témoin. « Quand il est sorti, ils lui ont tiré dessus au moins cinq fois. C’était brutal ! »

Human Rights Watch s’est également entretenu avec un ami de l’avocat qui lui a rendu visite à l’hôpital général de Buea et a examiné un rapport d’une organisation locale de défense des droits humains qui a documenté l’incident, trois photographies montrant les blessures subies par l’avocat, ainsi qu’une vidéo filmée après l’incident le montrant couvert de sang.

L’avocat est toujours sous traitement médical pour les blessures qu’il a subies.
Enlèvement de travailleurs à Tiko et Idenau, région du Sud-Ouest, et viol d’une jeune fille

Le 13 janvier, des combattants séparatistes ont attaqué une plantation d’hévéa de la Cameroon Development Corporation (CDC), à Tiko, ont enlevé neuf ouvriers dont six femmes, et mis le feu à un tracteur. « Ils étaient armés, ont envahi la plantation et nous ont emmenés », a déclaré un homme faisant partie des personnes enlevées. « Ils ont menacé de nous tuer si nous continuions à travailler pour la CDC et ont dit que nous devions plutôt rejoindre leur lutte. » Les travailleurs ont tous été libérés le 25 janvier après le paiement d’une rançon.

Le 16 mai, des combattants séparatistes du groupe connu sous le nom de « Ten Cobo » ont attaqué une zone résidentielle de la CDC à Idenau, ont fait du porte-à-porte et ont enlevé 30 personnes, dont 5 femmes et un vieil homme. Neuf travailleurs ont fini par s’échapper. Les séparatistes ont battu et menacé les autres captifs, puis les ont abandonnés deux jours plus tard. Au cours de l’attaque de la zone résidentielle, un combattant séparatiste a également violé une jeune fille d’une dizaine d’années.

Human Rights Watch a examiné les informations diffusées par les médias internationaux et locaux sur l’incident, et s’est entretenu avec deux des personnes enlevées, un proche de la survivante du viol, ainsi qu’un journaliste qui a couvert l’affaire.

Une femme de 37 ans qui faisait partie des personnes enlevées a déclaré :
Nous avons dû marcher toute la nuit pour atteindre leur camp. Certains d’entre nous, surtout les personnes âgées, étaient épuisés. Ils nous frappaient sur la plante des pieds avec des machettes. Ils m’ont rasé les cheveux en guise de punition. Ils ont dit que nous ne devions pas retourner au travail et que la CDC devait être fermée.

Un parent de la victime du viol a déclaré : « Je l’ai trouvée dans un état de grande souffrance. Je l’ai emmenée à la clinique de la CDC, où elle a été soignée. Elle est traumatisée. »

Depuis 2018, des groupes séparatistes ont attaqué et enlevé des dizaines de travailleurs de la CDC dans le but de paralyser l’économie du pays. La CDC est le deuxième plus grand employeur du Cameroun et exploite des plantations de bananes, d’huile de palme et de caoutchouc dans la région du Sud-Ouest. Human Rights Watch a documenté au moins trois incidents impliquant des travailleurs de la CDC qui ont été battus ou mutilés, et dans un cas, abattu par des combattants séparatistes en 2018.

Enlèvement d’avocats contre rançon, région du Nord-Ouest

Le 16 janvier, des combattants séparatistes ont enlevé un avocat à son domicile de Bamenda en présence de sa famille. Ils lui ont bandé les yeux, l’ont emmené dans leur camp et l’ont menacé de mort. Ils l’ont libéré quatre heures plus tard après le versement d’une rançon de 2,3 millions de francs CFA (environ 3 700 dollars US). L’avocat a déclaré :

Deux combattants séparatistes armés de fusils ont fait irruption dans ma maison. L’un d’eux a crié : « À terre, ou je te tue ». Ma femme et mes enfants, étaient présents et terrifiés. Ils m’ont dit que les avocats étaient des traîtres et que je ferais mieux de payer la rançon si je ne voulais pas finir comme l’avocat Kemende.

L’avocat a déclaré que ses ravisseurs avaient enlevé un sénateur de l’opposition et avocat, Henry Kemende, et l’avaient tué parce qu’il n’avait pas payé la rançon. L’avocat a également déclaré avoir vu la voiture de Kemende dans le camp des séparatistes où il était détenu. Human Rights Watch n’a pas été en mesure de vérifier cette information.

L’enlèvement et le meurtre de Kemende, membre du parti d’opposition du Front social démocrate (Social Democratic Front, SDF), ont suscité un tollé national et international. Human Rights Watch a documenté la façon dont les combattants séparatistes ont ciblé à plusieurs reprises des membres et des partisans du SDF depuis 2019, notamment son chef John Fru Ndi, les accusant de ne pas soutenir leur lutte pour l’indépendance.

L’avocat kidnappé a déclaré qu’il avait déposé une plainte auprès de la police de Bamenda le 18 janvier, mais qu’au début du mois de juin, l’enquête n’avait toujours pas progressé.

Le 29 mai, des combattants séparatistes ont enlevé Valentine Velieh Yenshia, un avocat de 54 ans, alors qu’il se trouvait dans sa ferme à Babanki. Ils l’ont maintenu à l’isolement dans un conteneur pendant trois jours sans nourriture, et ont menacé de lui faire du mal, puis ont fini par le libérer le 2 juin après le paiement d’une rançon de 1,1 million de francs CFA (environ 1 760 dollars US). L’avocat a déclaré que le 2 juin, il avait déposé une plainte auprès de l’avocat général de Bamenda. Il a ajouté qu’il continue de recevoir des menaces de violence, de la part de combattants séparatistes.

Enlèvement d’enseignants et blessures infligées à des élèves, Lycée public de Weh, région du Nord-Ouest

Le 19 janvier, un groupe de sept combattants séparatistes a attaqué l’école vers 8h30, enlevant cinq enseignants, dont deux femmes, et blessant deux élèves, dont un âgé de 14 ans.

Human Rights Watch a parlé avec deux des enseignants kidnappés et avec l’un des élèves blessés dans cette attaque. Human Rights Watch a également examiné trois photographies des blessures infligées aux élèves ainsi que leurs dossiers médicaux.

Les deux enseignants ont déclaré que les combattants séparatistes, que certains ont reconnu comme leurs anciens élèves, leur avaient dit qu’ils les enlevaient pour ne pas avoir respecté le boycott scolaire ordonné par les séparatistes et pour ne pas avoir contribué financièrement à leur lutte pour l’indépendance. L’un des enseignants a déclaré :

J’étais en classe avec 27 élèves lorsque des combattants séparatistes ont fait irruption. Ils nous ont forcés à sortir sous la menace d’une arme. Les élèves ont paniqué et se sont enfuis. J’ai été emmené avec quatre autres enseignants. Nous avons dû marcher une journée entière dans la brousse jusqu’à ce que nous atteignions leur camp. La femme enseignante et un enseignant âgé étaient épuisés et n’arrivaient plus à marcher. Mais les combattants les ont menacés de mort s’ils s’arrêtaient. Ils ont dit que les écoles publiques devaient être fermées.
L’un des élèves blessés dans l’attaque a déclaré : « Ils voulaient me kidnapper, mais j’ai résisté, alors l’un des combattants m’a coupé un doigt avec une machette. J’ai hurlé de douleur. Il m’a laissé partir. Je suis allé à l’hôpital où j’ai subi une opération, mais mon doigt a finalement été amputé. »

Les enseignants ont été libérés le 24 janvier après le paiement d’une rançon. Selon les enseignants, l’incident a entraîné la fermeture de toutes les écoles de Weh pendant une semaine.

Des témoins ont déclaré qu’aucun membre des forces de sécurité ne se trouvait à proximité de l’école au moment de l’attaque. Des enseignants et des habitants de Weh ont déclaré qu’il existe une base militaire à Weh, à environ 2 kilomètres de l’école, mais que les soldats et les gendarmes qui y sont basés ne disposent d’aucun moyen de transport, ce qui limite leur capacité à patrouiller et à sécuriser la zone.

Incendie criminel d’une école primaire à Buea, région du Sud-Ouest
Le 7 février, tôt le matin, des combattants séparatistes présumés ont incendié la salle de classe d’une école primaire publique du Groupe 1 de Molyko.
Human Rights Watch a passé en revue des informations crédibles publiées dans les médias sur l’incident, interrogé deux personnes qui se sont rendues à l’école le lendemain matin, et examiné 10 photographies montrant les dommages causés par l’incendie. « J’ai vu une classe entière brûler avec tout ce qu’elle contenait, » a déclaré un journaliste. « Les gendarmes à l’extérieur de l’école ont dit être intervenus pour chasser les séparatistes mais ils ne les ont pas rattrapés. » Les enseignants ont déclaré que ce n’était pas la première fois que leur école était visée et qu’ils avaient reçu des menaces des séparatistes leur demandant de fermer l’école.

Le 5 avril, une autre salle de classe de l’école a été incendiée. Human Rights Watch a parlé à un homme qui a vu la salle de classe en feu, et à un journaliste qui a visité l’école le 6 avril et a examiné trois photographies montrant les dommages causés par l’incendie.

Incendie criminel à Queen of the Rosary College, à Okoyong, région du Sud-Ouest
Le 11 février, entre 2 heures et 2 heures 30 du matin, des combattants séparatistes ont mis le feu à trois dortoirs d’un internat d’enseignement secondaire réservé aux filles. Human Rights Watch a passé en revue les informations recueillies par les médias et plusieurs groupes non gouvernementaux sur l’incident, s’est entretenu avec un responsable de l’école et avec un élève qui ont été témoins de l’attaque, a examiné trois vidéos montrant les dortoirs en feu, et cinq photographies illustrant les conséquences de l’incendie criminel. Dans les vidéos, dont le responsable de l’école a confirmé l’authenticité, on peut entendre des élèves crier pendant que plusieurs combattants les menacent pour qu’ils ne défilent pas le 11 février, Journée nationale de la jeunesse au Cameroun, à l’occasion de laquelle ont traditionnellement lieu des défilés d’élèves. Le responsable de l’école a déclaré :

L’attaque s’est déroulée pendant que les enfants dormaient. Il y avait 120 filles dans les dortoirs. Nous avons entendu des cris et vu de la fumée et des flammes. Les filles se sont enfuies alors que les pyromanes brûlaient leurs lits et leurs effets personnels. Certaines élèves ont été légèrement blessées.
Le responsable de l’école a déclaré que des soldats et le maire d’Okoyong avaient visité le collège le matin qui a suivi l’attaque et promis une enquête. On ignore cependant si une telle enquête a été ouverte.

L’incendie criminel a été condamné au niveau national et international. Le 14 février, des diplomates présents au Cameroun, notamment ceux du Canada, de la Norvège, de l’Afrique du Sud, de la Suisse, du Royaume-Uni et des États-Unis, ont publié une déclaration commune appelant toutes les parties prenantes à la crise anglophone à respecter le droit à l’éducation et à cesser d’attaquer les écoles.

Dans une déclaration faite le 11 février, Dabney Yerima, le vice-président des séparatistes du Gouvernement intérimaire d’Ambazonie (Sako), a reconnu la responsabilité de son groupe dans l’attaque et a déclaré qu’il « prendra des mesures pour désarmer les bandes de voyous opérant en Ambazonie ».

Attaque à Mamfe, région du Sud-Ouest

Le 28 avril, vers 1 heure du matin, des combattants séparatistes ont attaqué la station de taxis et de bus connue sous le nom de « moto-park ». Ils ont brûlé au moins cinq voitures et auraient tué trois hommes, un enseignant, un chauffeur et un porteur, accusant les employés de la station d’avoir opéré alors que le confinement avait été décrété. Human Rights Watch a examiné les informations publiées dans les médias locaux sur l’incident et a parlé à trois personnes, dont un témoin de l’attaque et deux membres de la famille de deux des victimes. Human Rights Watch a également examiné une photographie montrant l’une des voitures brûlées et une photographie montrant le corps de l’un des trois hommes. Un étudiant de 24 ans a déclaré :

J’étais dans un taxi qui attendait de partir quand j’ai entendu des coups de feu. Je suis sorti de la voiture et j’ai vu un groupe d’ambas [combattants séparatistes]. Je me suis caché derrière un buisson. Je les ai vus brûler le taxi et quatre autres voitures. Ils accusaient les gens de ne pas respecter leurs ordres de rester chez eux le lundi. Je les ai vus tirer au hasard. Quand ils sont partis, j’ai vu le corps d’un homme, un chargeur [porteur], qui avait été tué.

Le frère du conducteur qui a été tué a déclaré : « J’ai vu le corps de mon frère à la morgue. Il avait trois blessures par balles. On lui a tiré dessus par derrière et les balles lui ont traversé la poitrine. »
Enlèvement d’une sénatrice et de son chauffeur à Bamenda, région du Nord-Ouest
Le 30 avril, des combattants des ADF ont enlevé une sénatrice du parti au pouvoir, Regina Mundi, ainsi que son chauffeur à Bamenda. Human Rights Watch a examiné les informations publiées dans les médias locaux et internationaux à propos de l’incident ainsi qu’une vidéo qui circulait le 1er mai sur les réseaux sociaux, montrant la sénatrice dans un endroit inconnu avec les insignes des ADF derrière elle, en train de faire une déclaration pro-séparatiste.

Capo Daniel, le chef adjoint de la défense de l’ADF, a confirmé l’authenticité de la vidéo et a déclaré que les ADF « ont arrêté la sénatrice pour haute trahison », ajoutant qu’elle serait utilisée comme monnaie d’échange de prisonniers.

Dans une vidéo YouTube du 11 mai, Capo Daniel a déclaré que les ADF se préparaient à exécuter Mundi si le président Biya ne libérait pas les prisonniers anglophones. Dans un communiqué du 31 mai, le porte-parole de l’armée, Atonfack, a annoncé que le 30 mai, des soldats avaient libéré Regina Mundi et « plusieurs » autres otages à Ashong, dans la région du Nord-Ouest.
Tentative d’enlèvement d’un journaliste, Bamenda, région du Nord-Ouest
Le 26 mai, vers 18 heures, au moins six combattants séparatistes lourdement armés ont tenté d’enlever Frédéric Takang, correspondant de la BBC au Cameroun, et l’ont dépouillé de ses biens, dans une rue à Bamenda. Human Rights Watch s’est entretenu avec le journaliste qui a déclaré :

Ils ont tiré en l’air pour effrayer les gens. Ils m’ont tout volé. Ils ont pris ma voiture, mon ordinateur, mon micro, mon argent et mon téléphone. Ils ont également volé de l’argent et d’autres objets à au moins 10 autres personnes qui étaient là. Ils ont dit qu’ils allaient m’enlever, m’emmener dans leur camp parce qu’ils voulaient que je fasse passer un message. Ils n’ont pas dit quel message. Puis, l’un d’eux m’a emmené sur sa moto. En chemin, j’ai réussi à le pousser hors de la moto et à m’échapper.

Le 26 mai, Takang a déposé une plainte auprès de la gendarmerie de Bamenda, mais à la mi-juin, il n’avait toujours pas été informé au sujet de l'avancée de l’enquête.