CamerounWeb vous le rapportait. Le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh a instruit le ministre des finance Louis Paul Motaze de verser plus de 400 millions de francs CFA à l’église presbytérienne Camerounaise (EPC). Ce montant selon la note du ministre d’Etat en date du 27 avril 2022 devrait servir à payer les dette de l’Eglise et procéder aux travaux de sécurisation du siège de la « maison de Dieu ».
« Sur très hautes instructions de monsieur le président de la République, j'ai l'honneur de vous demander de bien vouloir débloquer au profit de l'Eglise presbytérienne camerounaise (EPC), la somme de quatre cent dix-huit millions cent quatre-vingt-six mille sept cent cinq (418 14670 ) FCFA, destinés d'une part au remboursement de la dette de l'EPC vis-à-vis de la City Trust Credit Fund SA et d'autre part, à l'aménagement et la sécurisation du site de l'EPC à Djoungolo », précise la note.
Ferdinand Ngoh Ngoh répondait en effet à une requête du pasteur Bessan Mbesse, secrétaire général de l'Eglise presbytérienne camerounaise en date du 14 septembre 2021. Dans sa lettre de sollicitation, le pasteur a souhaité que le virement des 400 millions soit fait sur son compte personnel. Il précise que tous les comptes de l’église sont bloqués et promet gérer les fonds en toute transparence.
« L'EPC en appelle à votre généristé légendaire. Tous nos comptes sont saisis à cause de ces dettes. Mon compte pourrait servir à ces opérations en toute transparence. Je vous prie d'accepter, Excellence monsieur le Président, l'expression de ma sincère et distinguée considération », écrit-il.
Discrimination
Certains membres de la communauté musulmane du Cameroun se sentent lésés et déplorent ne recevoir que des gestes symboliques de la part de Yaoundé. Ils estiment que les 400 millions offerts à l’Eglise presbytérienne du Cameroun ne peuvent pas être comparés avec les sacs distribués aux candidats au pèlerinage.
« Vous voyez de quoi vous parlez quand il s'agit des musulmans ? Des SACS pour les pèlerins ! Quelle grande nécessité pour une communauté dont les enfants des imams pour avoir une bonne éducation sont obligés de fréquenter Liberman ou la Retraite ! Et dont les femmes pour accoucher vont dans les "hôpitaux des sœurs" ! Pour les uns les écoles, les hôpitaux, les universités. Et pour les autres : des SACS de pèlerins ! », déplore Moussa Njoya.
Les Caisses sont vides
Le Cameroun traverse une situation économique difficile et la réduction du train de vie de gouvernement en est la parfaite illustration. Pour la célébration du 20 mai, le gouvernement a décidé cette année d’exclure du programme, les banquets qui constituent une activité budgétivore. La situation serait plus alarmante. Selon l’économiste Dieudonné Essomba, le budget du Cameroun est pris en otage par le Fonds monétaire international qui s’en sert pour régler les dettes du pays.
« Il n‘y a pas d’argent. Ou plus exactement, le FMI a saisi notre budget et doit d’abord payer nos créanciers, avant de nous laisser le reste. En réalité, le budget du Cameroun qui ne se réalisait que de Mars à Novembre va désormais se réaliser de Mai à Août, soit seulement 3 Mois d‘activité.
Pour le reste du temps, les ressources budgétaires sont contrôlées par le FMI, le terrible huissier de justice qui frappe les mauvais payeurs au niveau des pays. Et devant un huissier de justice commissaire-priseur, accompagné de gendarmes armés, on ne regimbe pas, On obtempère, un point c’est tout ! », a-t-il déclaré.
Dieudonné Essomba dépeint un tableau plutôt inquiétant. En manque de liquidité, le Cameroun pourrait bientôt opter pour la réduction des salaires des fonctionnaires. « Car, le Cameroun actuel n’ayant plus d’entreprise vendable, le FMI a directement saisi le budget. Il n’y a donc plus rien d’autre faire que de prier Dieu pour que les prochaines baisses de salaires restent dans des proportions humaines.
Car les salaires seront baissés et il ne peut en être autrement. Que les Camerounais ne se fassent aucune illusion là-dessus ! La baisse pourra prendre la forme nominale, où les salaires sont baissés dans leur volume, ou sous la forme monétaire d’une sévère dévaluation », confie-t-il.
L’économiste tient pour responsables de cette situation peu enviables, le régime de Paul Biya qu’il accuse de mauvaise gouvernance. « Et face à cette évolution inéluctable, nous ne pouvons plus rien. Nous sommes dans la même situation que les enfants qui pleurnichent parce que l’huissier saisit la télévision. Ils ont beau rouler à terre, frapper leur père, cela ne change rien l‘affaire.
On ne peut pas gérer un pays comme le Cameroun avec une telle désinvolture. On ne peut pas pourchasser les compétences et confier la gouvernance macroéconomique entre les mains d’une bande de frimeurs dont le seul fait d’arme se réduit à se pavaner en costumes comme de jeunes criquets pèlerins, bande assaisonnée d’une cohorte de mégères aux fesses rebondies », conclut-il.